Le conclave d'Alger intervient près de 48h après les instructions du chef de l'Etat Qui veut mettre le feu dans cette citadelle réputée pour sa tolérance, son sens de la solidarité et son patriotisme et surtout son organisation sociale enviable? Il était grand temps d'agir pour tourner définitivement la page de cette crise mozabite qui a transformé la verte Vallée du M'zab en poudrière politique. Des sources proches du Premier ministère rapportent que Abdelmalek Sellal recevra, aujourd'hui, une délégation venue du M'zab et constituée de notables et de représentants de la société civile. En plus du Premier ministre, le ministre de l'Intérieur ou des représentants de son département ainsi que des responsables des services de sécurité assisteront à ce conclave d'Alger. C'est ce qui a été annoncé comme l'initiative du Premier ministre «pour mettre fin aux échauffourées entre jeunes dans certains quartiers de la ville de Ghardaïa». Le conclave d'Alger intervient près de 48h après les instructions du chef de l'Etat lors de la réunion du Conseil des ministres de lundi dernier. Pour la première fois, la crise mozabite a été évoquée en très haut lieu. Ce qui explique à quel point le mal est très profond pour le circonscrire dans une bénigne poussée de fièvre d'une région mécontente suite à la mauvaise distribution de logements. Les Mozabites savent construire les leurs. Evoquant ces événements, le président de la République a souligné en Conseil des ministres, la nécessité de faire prévaloir les valeurs de tolérance, de concorde et de dialogue «que prône notre religion», ainsi que «les vertus séculaires de solidarité et d'unité qui constituent le fondement de notre société». Le président de la République a instruit le gouvernement «de poursuivre la démarche en cours à l'effet d'apporter les solutions appropriées auxquelles aspirent les citoyens de cette wilaya pour ramener la sérénité et la quiétude, afin de préserver son développement harmonieux sur les plans économique, social et culturel». Avant-hier, c'est le Conseil du Cheikh Ba Abderrahmane Al Kerthi (la plus haute instance des notables des tribus de la vallée du M'zab) qui a appelé les pouvoirs publics à ouvrir une enquête sur les récents événements enregistrés dans la wilaya de Ghardaïa et à identifier et sanctionner les auteurs, «en consécration des principes de citoyenneté et d'égalité devant la loi». «Les dépassements qui ont marqué ces graves évènements ne doivent pas être utilisés pour déstabiliser le pays et discréditer les institutions de l'Etat. Il faut ouvrir une enquête transparente et approfondie pour identifier les auteurs et leur infliger les sanctions les plus sévères, conformément aux principes de la République et en consécration des principes de citoyenneté et d'égalité devant la loi», a indiqué un communiqué du Conseil du Cheikh Ba Abderrahmane Al Kerthi. C'est chose faite. L'Etat se penchera plus sérieusement sur ce problème qui dure depuis...tenez vous bien 1975! Voilà des siècles que cette communauté cultive ses différences dans la verte Vallée du M'zab. Mais par quelle malédiction les Mozabites ont-ils été condamnés à la persécution? Ironie de l'histoire, Ghardaïa a été fondée en 1048 par les Berbères harcelés par leurs congénères, car convertis au rite ibadite. Ils font face aujourd'hui à une autre forme de harcèlement qui ne dit pas son nom. La première salve de ces affrontements communautaires a été donnée en 1975 à Béni Izguen. Ghradaïa a connu ensuite d'autres tensions qui ont fait des victimes en 1985, en 1990, et une dernière fois en 2004. Le summum a été atteint en 2008, quand des cris de détresse ont été lancés mais restés sans échos. Depuis cette date, les deux communautés se regardent en chiens de faïence, se livrant épisodiquement à une vendetta. En toute impunité, des bandes de voyous organisées s'attaquent systématiquement aux commerces mozabites, et seulement mozabites. Ces faits ont été vérifiés dans les quartiers de Mermed et de Béni Merzoug. Les Mozabites se sont organisés pour assurer leur défense et sécuriser leurs biens. Mais rien ne justifie cette situation. Nous sommes dans une République qui a tous les moyens de défendre ses citoyens. Il était temps donc que les pouvoirs publics agissent pour protéger cette minorité. C'est le rôle et le devoir de l'Etat.