Plus que jamais, la Tunisie craint une vague de violences terroristes, à l'approche des élections, prévues fin octobre et en novembre prochains, capable de perturber la transition démocratique. Le Premier ministre, Mehdi Jomaa, a, ainsi, décidé de relever le niveau d'alerte sur l'ensemble du territoire, en particulier dans les régions frontalières. Tunis avait déjà fait état, récemment, de «menaces terroristes sérieuses», sur la sécurité du pays, à quelque semaines des législatives et de la présidentielle. M. Jomaa a appelé les services de sécurité à «lever le degré de vigilance et de préparation pour protéger les frontières et traquer la contrebande d'armes et l'infiltration de groupes terroristes», n'excluant pas de recourir à l'armée, dans les zones urbaines «si nécessaire». Une option partagée par Walid Zarrouk, membre du Syndicat de la police républicaine (SPR), qui avait suggéré, dans un premier temps, que le ministère de la Défense devrait «arrêter ses opérations dans les montagnes» et nettoyer des quartiers populaires comme Ettadhamen, Mnihla et bien d'autres, pour mettre à jour les caches d'armes, dans la région du Grand Tunis, et redéployer ses forces dans les villes. Fin août, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, avait annoncé «l'unification des efforts des ministères de l'Intérieur et de la Défense, notamment, dans les zones de tension, aux frontières avec l'Algérie, où se trouvent les fiefs des terroristes». Sont particulièrement visés les gouvernorats de Kasserine, Jendouba et El Kef où les forces de sécurité ont lancé des opérations contre les repaires des groupes djihadistes, dans les montagnes situées le long de la frontière algérienne, entre ces deux dernières provinces. Rappelons qu'une violente attaque terroriste, à la kalachnikov', contre la résidence du ministre de l'Intérieur, sise à Kasserine, avait causé la mort de quatre policiers et blessé deux autres. Kasserine est située au pied du mont Chaâmbi, un massif, à la frontière algérienne, où l'armée pourchasse, depuis décembre 2012, un groupe accusé de liens avec Al-Qaïda, qui n'a toujours pas été neutralisé, malgré des bombardements aériens réguliers et des opérations au sol. Les autorités tunisiennes évoquent, également, la présence, dans la région de combattants, ayant fui l'intervention militaire française, au Mali. Des soldats et gendarmes tunisiens sont, régulièrement, blessés ou tués sur ce mont, généralement par l'explosion de mines. Ce groupe est lié à l'organisation tunisienne Ansar Al-Charia', classée, récemment, comme terroriste et accusée de planifier des assassinats pour déstabiliser le pays. Dirigée par Abou Ayad, recherché par la police depuis l'attaque de l'ambassade américaine, à Tunis, en septembre 2012, les groupes salafistes armés ont décidé de se «sédentariser» alors qu'ils avaient toujours affirmé que la Tunisie n'était pas une «terre de djihad». Et c'est, justement, dans ce gouvernorat de Kasserine que les ministères de l'Intérieur et de la Défense ont annoncé la mort, dans la nuit de ce mardi, de deux hommes armés qui ne seraient pas Tunisiens, dans des heurts avec une patrouille commune de l'armée et de la Garde nationale. Les services de sécurité ont indiqué avoir saisi deux kalachnikov', des munitions ainsi que des grenades, lors de cette opération. Un expert militaire tunisien avait révélé, dernièrement, un plan préparé par des factions djihadistes -englobant 10.000 combattants- visant une incursion dans le sud de la Tunisie, à partir du territoire libyen. Quant à Lotfi Bendjeddou, il avait annoncé la mise en échec d'un plan terroriste visant à diviser la Tunisie en 3 «émirats islamiques».