Le Premier ministre Abdelmalek Sellal veut vendre de l'optimisme alors que le moral des opérateurs économiques, les syndicats, les travailleurs, les fonctionnaires, bref, les Algériens, est au plus bas. Le chef de l'exécutif qui intervenait jeudi dernier à l'ouverture des travaux de la tripartite à la Résidence Djenane El Mithak à Alger, s'est montré rassurant et a appelé de tout son cœur à en finir avec le pessimisme, le désespoir et le fatalisme. Pour lui, l'horizon n'est pas aussi sombre que veulent le présenter certains en rappelant les efforts de l'Etat consentis pour la réalisation d'infrastructures de base à travers tout le pays mais aussi la politique sociale prônée par le gouvernement en dépit des pressions étrangères. Contre toute attente le Premier ministre avec un langage que tout le monde lui connaît dira que les 5 prochaines années seront cependant décisives pour ce qui est de «la transition économique», un objectif tellement galvaudé ces dernières années. En fait, ce qui n'a pas été réalisé en trois mandats de Bouteflika le sera les années à venir pense savoir Sellal qui promet le maintien du rythme des subventions des produits de large consommation pour soutenir les classes défavorisées et les démunis. «Les transferts sociaux coûtent à l'Etat pas moins de 60 milliards de dollars», a déclaré Sellal devant les responsables du patronat et du SG de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui se sont réunis à huis clos avec le Premier ministre à l'occasion de cette deuxième tripartite de l'année. «C'est le serment du président de la République quand il s'est présenté aux élections présidentielles et aussi celui des martyrs», indique le Premier ministre qui rappelle à ceux qui en doutent, les centaines de logements distribués à la population mais également l'eau qui coule h/24 dans les robinets alors que dans le passé les Algériens s'approvisionnaient, dit-il en jerricans et en citernes. Le plan quinquennal 2015-2019, auquel l'Etat a alloué une enveloppe de plus de 260 milliards de dollars, sera soumis au Conseil des ministres pour adoption avant la fin de l'année en cours, a fait savoir par ailleurs le Premier ministre. Ce dernier soutiendra en ce sens que ce plan d'investissement, élaboré sur la base de «prévisions solides», devrait porter la croissance économique de l'Algérie à 7% en 2019. Tout ce qui se dit autour de la chute du prix du baril du pétrole et son incidence sur le prochain plan quinquennal n'est que spéculations affirme le Premier ministre qui souligne que les fluctuations du marché des hydrocarbures ne doivent pas nous faire peur. «Nous avons établi trois hypothèses et nous avons choisi la plus optimiste mais c'est un choix qui a été fait sur des bases réalistes», dira-t-il en notant que «l'avenir de l'Algérie n'est pas hypothéqué». «Nous devons réussir notre transition économique. Cela ne signifie pas que nous allons vers un libéralisme à outrance. Il faut que l'économie crée des richesses mais en parallèle elle doit préserver l'aspect social», ajoute-t-il encore non sans rappeler la nécessité de sortir de la dépendance des hydrocarbures. L'Algérie pourra compter sur ses recettes pétrolières pour amorcer son décollage économique, aidée par une production d'hydrocarbures, en hausse à partir de 2015, avec la mise en exploitation de plusieurs nouveaux gisements, soutient Sellal pour qui l'Algérie est sur le bon chemin de la croissance. La preuve, ce sont les résultats enregistrés sur le plan de l'amélioration du climat des affaires où l'Algérie a gagné 20 places dans le classement international Doing Business, indique-t-il. «La gestion du secteur public marchand va être modifiée pour être au diapason du développement économique que connaît le pays. Aussi, les conseils d'administration de ces entreprises seront élargis aux banques et aux partenaires sociaux», annonce le Premier ministre qui rappelle dans le même cadre que les crédits à l'économie qui sont, selon lui, un «signe de dynamisme de l'investissement» dans le pays ont progressé de 20% en 2013 comparé à 2012. Le 87 bis abrogé en janvier 2015 L'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail interviendra à partir du 1er janvier 2015, a par ailleurs indiqué le Premier ministre qui souligne que cette abrogation concernera en premier lieu la classe défavorisée. Sellal qui ne donnera pas de détails sur cette catégorie de défavorisés poursuit en ajoutant que les autres classes seront touchées progressivement pour ne pas, affirme-t-il, impacter négativement le budget de fonctionnement de l'Etat et l'économie nationale. «L'abrogation de l'article 87 bis permettra une augmentation des salaires qui touchera l'ensemble des travailleurs de la Fonction publique et des secteurs économiques public et privé», a déclaré Sidi Saïd à la presse à l'issue de la réunion de la tripartite. Tout en soulignant que l'abrogation de l'article 87 bis bénéficiera, aussi et progressivement, aux autres catégories de la grille des salaires, Sidi Saïd, joyeux, dira que pas moins de 4 millions de travailleurs de ces catégories (1,2 million relevant de la Fonction publique et 3 millions des secteurs économiques public et privé) sont concernés immédiatement par cette augmentation. La règle 51/49 maintenue Il n'est pas question de toucher à la règle 51/49. Abdelmalek Sellal l'a clairement rappelé ce jeudi devant le patronat. Les améliorations qui seront introduites sur la loi sur l'investissement «ne toucheront pas les grands principes sur l'investissement comme la règle 49/51%», a fait savoir Sellal qui note en ce sens que le gouvernement étudie actuellement le code des investissements dans le but d'introduire de nouvelles améliorations en vue d'offrir aux investisseurs davantage de facilitations tout en limitant les obstacles auxquels ils sont confrontés. Sellal a aussi renouvelé l'engagement du gouvernement à poursuivre sa quête d'améliorer la situation dans le cadre de la concertation et de la compréhension avec tous les acteurs et les partenaires socio-économiques. «Il faut re-instaurer la confiance entre nous», plaide le Premier ministre qui suggère de dépasser cette méfiance qui règne entre les Algériens. Evoquant les jeunes, le Premier ministre n'a pas tari d'éloges à leurs égards. «Le gouvernement s'engage à poursuivre davantage son soutien aux jeunes diplômés créateurs d'entreprises», promet Sellal qui souligne que «nous allons, de plus en plus, soutenir les jeunes diplômés notamment ceux qui investissent dans l'économie du savoir à travers la création de start-up». Le Premier ministre a, à cette occasion, appelé à mieux prendre en charge les jeunes entrepreneurs bénéficiaires des différents dispositifs d'aide de l'Etat, car, a-t-il constaté, ils sont «mal accompagnés» dans la création de leur entreprise. Pour les jeunes de l'Ansej, Abdelmalek Sellal qui semblait excédé par la question dira que ces jeunes entrepreneurs remboursent régulièrement leur crédit et que le président de l'ABEF est là pour en témoigner. Enfin il y a lieu de souligner que les représentants du patronat ont montré leur satisfecit quant à l'issue de cette tripartite. Mais les patrons nous ont habitué à afficher leur sourire devant les membres du gouvernement puis revenir quelques jours plus tard à d'autres ressentiments en critiquant et en remettant en cause ce qui a été décidé à la tripartite. Mais cela est une autre histoire.