En dépit de toutes les assurances données à la veille de la rentrée scolaire par des responsables de l'Education, aussi bien nationaux que locaux, le manuel scolaire fait encore jaser cette année. Plusieurs établissements du primaire éprouvent, en effet, de sérieuses difficultés à satisfaire l'ensemble de la demande en livres scolaires. Loin d'être des cas isolés, ces insuffisances sont à signaler dans plusieurs établissements de la wilaya et concernent plus particulièrement les 4ème AP. « On vient de boucler la deuxième semaine depuis la rentrée scolaire et mon enfant qui est en 4ème année primaire n'a pas encore tous ses manuels. A chaque fois que je me présente à l'établissement, on me signifie qu'ils attendent toujours un nouvel arrivage», nous confie un parent d'élève dont l'enfant est scolarisé dans un établissement à Haï El Othmania. Et de préciser : «pour l'instant je n'ai pu trouver que les manuels d'éducation islamique, histoire et géo, éducation civique et technologie. Pour le reste, c'est-à-dire trois matières, à savoir langue arabe, français et mathématiques avec leurs trois cahiers d'activité, on me demande d'attendre !» Pourtant, une petite virée par le marché de M'dina J'dida confirme que les manuels scolaires sont bel et bien commercialisés en toute impunité et en grande quantité dans le circuit informel. Seul couac, les prix sont excessivement chers. Le manuel des mathématiques de la 4ème AP dont le prix officiel et de 210 dinars est proposé à pas moins de 400 dinars, soit près du double de son prix réel. Son cahier d'activités qui coûte normalement 190 dinars est quant à lui cédé dans le marché informel à 250 dinars pièces. Avec ces prix injustifiés, la facture peut s'avérer très salée, particulièrement pour les parents ayant plus d'un enfant scolarisé. Se pose dès lors la question inévitable du rôle que doivent jouer les autorités compétentes, chacun à son niveau pour lutter contre ce phénomène qui saigne chaque année les parents aux revenus modestes. Djamel Benseddik, le directeur du Centre régional de documentation et de distribution pédagogique d'Oran Ouest (CRDDP) avait été pourtant rassurant sur cette question relative au marché informel. Interrogé par le Quotidien d'Oran, M. Benseddik avait affirmé que le nouveau système rationnel de distribution des manuels ne permettait nullement l'écoulement frauduleux des manuels sur le marché informel même si, a-t-il souligné, les prérogatives du centre qu'il dirige «ne se limitent qu'à la distribution», alors que pour «les sources d'approvisionnement de ce marché parallèle, seule la Direction de l'Education est habilitée à s'y pencher». Le même responsable a indiqué que le Centre d'Oran Ouest couvre 84 CEM, 43 lycées et 293 écoles et que la distribution des manuels aux établissements a été entamée en février de l'année en cours, juste après que le bilan de l'exercice écoulé a été arrêté. Cette première phase s'est poursuivie jusqu'au mois de juin, c'est-à-dire à la veille des vacances scolaires pour reprendre durant le mois en cours, ceci au fur et à mesure des arrivages, a-t-il précisé. «Tous les titres sont disponibles en quantités suffisantes et plus, car nous avons acquis 110,33% des besoins exprimés, ce qui nous permet de constituer un stock de secours qui ne sera utilisé qu'en cas de besoin extrême, comme une catastrophe naturelle», a tenu a souligné notre interlocuteur. Au total, la quantité de manuels acquis durant cet exercice est de près d'un million d'exemplaires qui s'ajoute au stock précédent estimé à un peu plus de 700.000 exemplaires. A la lumière de tous ces éléments, le problème de pénurie de certains titres dans certains établissements n'est nullement un problème de disponibilité, mais un problème de maîtrise du circuit d'approvisionnement qui semble, une fois de plus cette année, avoir été «infiltré» par les réseaux de l'informel.