L'expulsion d'un Algérien de Belgique a tourné, ce vendredi, à l'affrontement verbal entre les passagers du vol AH 2063 d'Air Algérie, assurant la liaison entre Bruxelles et Alger, et des policiers belges sous le regard placide du personnel de la compagnie nationale aérienne. En effet, il est 14h00, à quelques minutes du décollage, l'attention des passagers est attirée par les cris d'un homme, la quarantaine, installé dans les places arrières de l'avion. «Je suis malade, je ne veux pas retourner en Algérie», ameute-t-il le reste des passagers. Un policier belge, qui a pris place devant lui, tente de le maîtriser. En vain, l'homme résiste. Il s'agit selon les policiers belges d'un Algérien, qualifié de criminel dangereux et récidiviste, qui a fait l'objet d'une procédure d'expulsion. L'homme s'époumone à clamer son innocence allant jusqu'à accuser les policiers de brutalité : «On m'a frappé» crie-t-il encore. Il appellera les autres voyageurs à lui venir en aide pour ne pas quitter la Belgique, victime, répète-t-il d'une injustice. «Hagrouni, je dois passer demain devant le juge mais les policiers veulent m'expulser aujourd'hui». Son appel au secours sera entendu par les passagers qui commencent à s'interposer à cette expulsion. Par solidarité, pour certains, par peur de voyager en compagnie d'un homme que la police a qualifié de «criminel dangereux », les passagers finissent par dénoncer cette expulsion et refuser que l'homme en question voyage à bord de ce vol. Les passagers exigent, sans résultats, de voir le commandant de bord. Le chef d'escale tente de les rassurer en affirmant que «le vol est sécurisé». Les policiers belges tentent de leur côté de calmer le jeu mais devant l'insistance des passagers, ils finissent par abdiquer et le passager indésirable finit par quitter l'appareil sous les applaudissements nourris des voyageurs. Pourtant, l'histoire ne s'arrête pas là puisque les uniformes belges reviennent dans l'avion pour interpeller une femme, quinquagénaire, accusée d'être responsable de la protestation. Cette dernière refuse de descendre «s'expliquer» avec eux et demande à voir le commandant de bord qui lui reste toujours dans sa cabine. Malgré la mobilisation des passagers qui ont affirmé aux policiers que tous les passagers ont protesté, la femme est obligée de quitter l'appareil sans aucune intervention de l'équipage d'Air Algérie. Dans une déclaration à TSA, les membres de l'équipage ont expliqué qu'«avant son décollage l'avion est sous l'autorité de la police belge». Pourtant, et d'après les lois internationales, les agents de police ne sont plus autorisés à prendre des mesures coercitives, dès la fermeture des portes de l'avion dans le cas d'une expulsion à bord d'un avion commercial. Dans une brochure mise en ligne traitant d'«Informations pour toute personne voulant se défendre contre son expulsion», il est clairement mentionné les étapes à suivre pour contester une expulsion ce que le passager algérien a du certainement mettre à exécution. Ainsi, il est fortement conseillé à la personne expulsée de ne s'opposer à son expulsion seulement une fois à bord de l'avion car des accords internationaux interdisent aux agents de police de recourir à la force. Puisqu'ils n'ont plus de droits privilégiés une fois à bord de l'avion. La brochure conseille de «mobiliser toute son énergie pour éviter l'expulsion. Parlez à voix haute et demandez à parler au commandant de bord ou un autre responsable du personnel de bord. Déclarez que vous voyagez involontairement et que vous vous opposez à l'expulsion. S'opposer ne signifie pas que vous devez recourir à la force. Il suffit souvent de prononcer « NON » à voix haute. Si cela ne fonctionne pas : Criez, ne vous asseyez pas, n'attachez pas la ceinture, jetez-vous par terre. Si les agents de police ne restent pas à bord de l'avion, allez voir le commandant de bord au moment où les agents quittent l'avion et insistez pour parler avec lui. Expliquez-lui que vous ne voulez pas voyager et qu'il devrait refuser de vous transporter. S'il veut vous forcer à voyager, annoncez-lui que vous allez porter plainte. Rappelez-lui que l'association de pilotes « Cockpit » conseille aux commandants de bord de refuser tout transport forcé. Si le pilote refuse d'interrompre l'expulsion, informez les autres passagers et demandez- leur de vous soutenir. Parlez fort ou criez pour qu'on vous entende. Expliquez qu'un vol forcé n'est pas sécuritaire...».