Le gouvernement lâche du lest et ne conditionne plus le retour au crédit à la consommation, à des conditions draconiennes pour les industriels algériens. La loi de Finances 2015, dans son article 88, réintroduit le crédit à la consommation, mais qui ne sera appliqué que pour la production nationale. Une première barrière pour l'accès à cette facilité financière a été levée par le groupe chargé par la Tripartite, en 2013, de la protection et de la promotion de la production nationale. L'astuce trouvée, pour ne pas pénaliser la production nationale, à faible taux d'intégration, a été de baisser justement ce taux, à moins de 40%, imposé, initialement. «La réflexion engagée dans ce groupe (de travail) va dans le sens de ne pas arrêter un taux fixe pour tous les produits», contrairement à ce qui avait été proposé, dans le rapport du groupe chargé de la protection et de la promotion de la production nationale, issu de la Tripartite, d'octobre 2013, indique une source proche du ministère de l'Industrie. Le groupe de travail, issu de la Tripartite d'octobre 2013, avait proposé un taux d'intégration égal ou supérieur à 40%, pour ne pas pénaliser le produit national. En fait, le sous-groupe chargé de la relance des crédits à la consommation, mis en place à l'issue de la Tripartite, en octobre 2013, avait proposé 4 opérations pour la relance du crédit à la consommation, une des stratégies du gouvernement pour redresser le secteur industriel ainsi que la production nationale, mal en point sur le marché national, face aux produits importés. La relance du crédit à la consommation, attendu, d'ailleurs, par les Algériens, a été recadré par la Tripartite et doit être réalisable, à travers 10 mesures concrètes, notamment, l'élaboration de la liste des entreprises intéressées par cette formule, la valeur des produits concernés ainsi que les modalités et conditions d'attribution de ces crédits. Or, ils se trouve que la faiblesse de l'industrie nationale ne peut aller jusqu'à cette proportion, d'où un revirement de position au ministère de l'Industrie. «Il s'agissait de propositions, mais après concertations, nous sommes convaincus que le taux de 40% est très exagéré, pour certains produits», explique la même source. «La fabrication nationale de certains produits, de haute technologie (ordinateurs, voitures...) nécessite l'importation d'un certain nombre de pièces (dont la fabrication n'est pas encore maîtrisée localement). En clair, aucun produit algérien, éligible au crédit à la consommation, y compris la Symbol', ne pourra atteindre le seuil d'intégration de 40%, et donc le retour du crédit à la consommation sera compromis. Et, fatalement, la Renault Symbol' sera, effectivement, concernée par le nouveau dispositif de crédit à la consommation, selon les mêmes sources. «C'est un produit national, il est éligible». RELANCER LE «MADE IN ALGERIA» L'acquisition de véhicules, produits en Algérie, sera, selon l'agenda du gouvernement, sur ce dossier, la priorité de la relance du crédit à la consommation, qui servira de courroie de transmission pour le renouveau du produit «made in Algeria», puisque l'ancien ministre des Finances Karim Djoudi avait confirmé, dans des déclarations sur ce dossier que : «le gouvernement n'avait aucun problème contre le crédit-conso», mais qu'il faut juste «mettre en place une centrale des risques pour éviter l'endettement des ménages». «Le dispositif du crédit à la consommation est dédié pour booster la production nationale. Tout ce qui est, donc, issu de la production nationale est, directement, concerné par ce dispositif», explique le ministère. Dès lors, les produits éligibles au crédit à la consommation, ainsi que les différents taux d'intégration qui seront appliqués, feront l'objet d'arrêtés, actuellement, en cours d'élaboration, au ministère de l'Industrie et des Mines, en collaboration avec les départements ministériels concernés. Ces arrêtés devraient être promulgués après le décret d'application de l'article 88, de la loi de Finances 2015, qui réintroduit le crédit à la consommation. Le décret d'application de l'article 88 de la loi de Finances 2015 est finalisé et devrait être, prochainement, soumis au gouvernement pour examen et adoption. Techniquement, le montant du crédit à la consommation, prévu, est de 70% du bien à acquérir, alors que le taux de remboursement mensuel ne devra pas excéder 30% du revenu mensuel. C'est la loi de Finances complémentaire, de 2009, qui avait gelé le crédit à la consommation, le gouvernement de l'époque, alors dirigé par M. Ahmed Ouyahia, ayant jugé alarmant le niveau d'endettement des ménages.