L'audition libre, ce mercredi, par la police, d'un enfant de 8 ans, dénoncé par sa propre école d'avoir fait l'apologie du terrorisme, continue de susciter la polémique, en France. Une démarche condamnée, dans un communiqué de l'Observatoire national contre l'islamophobie, dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM), l'organe représentatif de l'Islam en France, et qualifiée «d'hystérie collective». L'Observatoire qui a dénoncé le silence de la classe politique française, devant la multiplication exagérée des actes anti-musulmans, s'est dit «indigné du traitement infligé à un enfant de huit ans». Une affaire banale de cour de récréation qui a pris des tournures imprévisibles, lorsque le directeur d'une école de Nice, a signalé le comportement du petit Hamed qui avait proclamé : «Je ne suis pas Charlie, je suis avec les terroristes», dans l'enceinte de son école, le 8 janvier dernier. Au lendemain de l'attaque contre les locaux de Charlie Hebdo', les écoles françaises avaient été appelées à observer une minute de silence. Et quelque 200 incidents, liés à cette minute, ont été rapportés dans les établissements scolaires, en France, dont une quarantaine signalés à la police et la justice. Selon la direction de l'école, l'élève avait refusé d'y participer. Auditionné pendant une demi-heure par la police de son quartier, où il a été convoqué avec son père, l'enfant a confirmé ses propos, tout en affirmant ne pas connaître leur sens, selon l'avocat de la famille. Me Sefen Guez Guez, «choqué» par cette convocation, a tweeté' des extraits de cette audition sur son compte personnel, accusant l'école de ne pas avoir mené son «rôle pédagogique». Devant le commissariat, le père, d'origine maghrébine, a fermement défendu son fils déclarant, notamment, qu'«il a répondu sur un coup de tête et qu'il s'excuse». Selon la police, l'enfant aurait dit dans l'enceinte de l'école qu'«il faut tuer les Français», entre autres déclarations, sans toutefois, préciser l'origine de ces propos. L'affaire risque de rebondir, dans les prochains jours, puisque le parquet de Nice doit, désormais, se prononcer sur les suites à donner à ce dossier alors que le directeur de l'école primaire a déposé une plainte contre le père de Hamed pour «intrusion» dans l'établissement et «attitude menaçante», envers l'équipe pédagogique. De son côté, le père a riposté en portant plainte contre le directeur qu'il accuse d'avoir tapé la tête du garçon contre un tableau et de l'avoir giflé. Parmi les autres réactions à cette audience, la ministre française de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, a pris la défense de l'école, qualifiant son travail de suivi d'«oeuvre utile». Des députés UMP ont salué cette démarche «absolument normale», notamment, le maire de Nice, Christian Estrosi qui mettent en avant les risques d'attentats terroristes qui guettent, selon eux, la France. Une inquiétude écartée, d'un revers de main, par le secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat et à la simplification, Thierry Mandon. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, estime qu'il faut rester dans la légalité des textes. Depuis le 7 janvier, il ne fait plus bon d'exprimer son opinion en France, surtout si elle va à contre-courant de la version officielle des faits. Une enseignante, dans un centre de formation professionnel de Bobigny, avait été mise à pied car elle a osé remettre en cause ce qui s'est dit sur l'attentat de Charlie Hebdo' lors d'un débat avec ses élèves. Un jeune de 20 ans a pris 6 mois de prison ferme, à Orléans, pour avoir crié «Vive la kalach!», en imitant le bruit et la gestuelle d'un tireur de kalachnikov devant des policiers. Dieudonné avait été interpellé, après avoir posté sur sa page Facebook un «Je suis Charlie Coulibaly» qu'il fallait prendre au deuxième degré tout comme les caricatures de Charlie Hebdo. Cette dérive totalitaire de la France a même surpris et inquiété les Américains, pourtant inventeurs du très controversé Patriot Act que les Français cherchent à copier. L'humoriste Jon Stewart s'est dit perdu face à l'arrestation et au renvoi en correctionnelle, pour «apologie du terrorisme», de Dieudonné pour son post Facebook. «Arrêter quelqu'un pour avoir dit quelque chose, quelques jours après une manifestation de soutien à la liberté d'expression -c'est un peu bizarre.». Dans un éditorial, le journal canadien Globe and Mail' accuse le gouvernement français d'avoir été trop loin: «Est-ce que des adolescents provocateurs qui crient « Mort à Charlie » devraient, vraiment, être détenus et condamnés pour des délits de terrorisme? ».