Ce n'est plus un projet. C'est juste une honte. Une ineptie labélisée au nom de la République. A travers monts et piedmonts, l'infrastructure connue sous ce timbre inadéquat souille l'espace communal et noircit le beau rêve initialement embryonné. Des rideaux éventrés font penser à une guerre qui n'a jamais eu lieu. Un vandalisme bénévole commis par défaut d'affectation. Le nombre est effarant à le moudre dans une multiplication au nombre des sites d'implantation. L'on aurait fait mieux de les disqualifier de ce substantif. «Les locaux du président» ne doivent pas être des entités apatrides ou des crèches de la haute oisiveté. Ils sont hélas l'horrible contrecoup d'une politique inachevée. A leur état, ils sont une blessure urbanistique et une grosse bavure budgétaire. Que ceux qui s'évertuent encore à designer ces monstruosités révisent leurs amours présidentielles. Les grands édifient à la mesure de leur grandeur. Un président n'est pas réduit à la dimension du mètre carré. Il ne doit pas se pérenniser à avaliser l'imperfection et les missions inaccomplies en son nom. C'est au peuple, par ricochet de représentativité, que cette vexation serait adressée. Laisser mourir des fonds, faire périr des espoirs; est-ce là déjà le commencement de la bonne gouvernance ? Si l'idée à son origine était une bienséance face à un déficit d'assiette commerciale, la gestion serait une confusion managériale. L'initiateur non pas du concept mais de l'action, alors Premier ministre, Ouyahia, manquait de vision dans la destination privilégiée. Dédiés à faire activer une tranche juvénile, ces «locaux» sont toujours en quête de raison sociale. D'un aveu de paternité légale et utile. L'on tergiverse jusque dans leur état civil. Du commercial au professionnel, on leur cherche ardemment une âme, un souffle. En attendant, le temps leur a fait beaucoup d'affront. Il n'a pas cessé dans son élan rageur de faire allier le président à des œuvres malformées congénitalement et abandonnées au gré des vents, de la barbarie et de l'asthénie de valeur. Dans chaque commune, le ciel garde sous son œil un amas de ferraille, des piliers, des dalles qui font, tous réunis, des garages. Violés, orphelins et rachitiques. De la plus consistante commune à la plus insignifiante en nombre d'habitants, l'égalité du nombre est prise pour une justice républicaine. Alors le partage équivalent n'a jamais fait la droiture. Il fallait faire dans la proportionnalité. En fait, rien ne doit se perdre avec cette crise qui s'annonce. Rien n'est fatalité. Si l'on se résigne à l'observance ou se taire; tout examen pris sous le prisme d'une dictature visionnelle ne serait qu'une aggravation. Les jeunes sont de plus en plus là. Ces «locaux» aussi. Alors ? La reconversion d'intitulé ou d'activité n'est pas née chez un Etat. Elle ne lui est pas une exclusivité. Bien des particuliers ont fait de leurs chambres des usines, de leurs logements des ateliers. Que ces «locaux» aient cette faculté de pouvoir se fondre dans des créneaux en manque de soubassement. Des crèches, des marchés de proximité, des lieux de culture, de loisirs ou tout autre besoin crûment ressenti par la collectivité en question. Il suffit de desserrer l'étau de la centralisation et de défaire les schémas de la planification à la bolchevique pour plus de manœuvres à des maires encore otages de walis ou d'Alger. Certaines communes seraient peut-être dépourvues de sièges, de santé, de routes, d'éclairage tout en disposant de 100 locaux «d'Ouyahia» !