Officiellement, et avec la signature, hier à Alger, de l'accord de paix et de réconciliation par Bamako et les mouvements politico-militaires du Nord (à l'exception du MNLA) engagés dans la plateforme d'Alger, la crise malienne est finie. Le document a été paraphé sous la supervision de la médiation internationale, présidée par l'Algérie, en présence de représentants des gouvernements américain et français. Cet accord salué par toutes les parties est le fruit d'une négociation «longue et intense», a indiqué un document portant Déclaration solennelle de la médiation dans le processus d'Alger pour le règlement de la crise malienne. Rappelons que ces négociations ont été lancées en juillet dernier à Alger et le dialogue a connu cinq rounds qualifiés par ladite Déclaration de «transparents, ouverts et inclusifs». La médiation, comprenant la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, l'Union africaine, les Nations unies, l'Union européenne et l'Organisation de la Coopération islamique ainsi que le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, a souligné que cet accord d'Alger concrétise l'engagement de mettre fin à la crise au Mali et de sceller la réconciliation nationale «dans le plein respect de l'intégrité territoriale, de l'unité nationale et du caractère laïc et de la forme républicaine du Mali». Pour Moncef Mongi, chef de la Minusma, cet accord, même s'il ne répond pas, selon lui, à toutes les demandes et ne satisfait pas toutes les parties, a l'avantage de constituer «une bonne base pour une paix durable et la réconciliation». Il précisera pourtant que la réussite de cet accord dépendra «de la capacité des parties à transcender les barrières idéologiques, culturelles et politiques». De son côté, le haut représentant de l'Union européenne pour le Sahel et le Mali, Michel Riverend, a qualifié l'accord de réaliste, pragmatique pour le rétablissement de la paix et la stabilité au Mali et dans la région. Pour sa part, le représentant de l'OCI, Mohamed Comparoré, a appelé les parties maliennes à être pragmatiques pour l'application de l'accord sur le terrain en faisant preuve de «bonne foi, de sincérité pour le rétablissement de la paix et la stabilité au Mali». Le représentant de l'Union africaine pour le Sahel et le Mali, Pierre Buyoya a, quant à lui, déclaré que «l'UA mettra toute son expertise pour accompagner les Maliens». Paris s'est félicité de cet accord le qualifiant d'«excellente nouvelle». Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a salué, dans un communiqué, «un texte équilibré et bénéfique pour le pays et la région», exhortant toutes les parties à le signer. En effet, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a refusé de parapher la déclaration d'Alger en demandant du temps pour expliquer à ses militants réfractaires ces accords. La CMA, qui regroupe essentiellement le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA), le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), a réaffirmé en parallèle son engagement à respecter les accords de paix du 23 mai 2014. Sur le terrain, à Kidal, à Ber ou à Ménéka, les pro-Azawad sont mécontents du texte qui n'intègre ni l'autonomie ni le fédéralisme dans le projet d'accord de paix. Des manifestations ont eu lieu ce samedi après-midi dans plusieurs localités du nord du Mali.