L'Espagne, premier client et quatrième fournisseur de l'Algérie avec un volume d'échanges bilatéraux de 15 milliards de dollars par an (9 milliards de produits importés par l'Espagne et 5 milliards de biens exportés), ne veut plus se lancer dans une course perdue d'avance pour grignoter des parts du marché algérien contre les Chinois et les Français, des concurrents de taille solidement ancrés dans le paysage économique local. Comment l'Espagne peut-elle se positionner sur un marché presque acquis par ces deux puissances économiques ? L'ambassadeur d'Espagne en Algérie, Alejandro Polanco Mata, ne s'avoue pas pour autant vaincu d'avance. Pour ce diplomate, son pays garde toutes ses chances pour reconquérir le marché algérien en jouant désormais son ultime carte à savoir le partenariat durable entre les entreprises des deux pays. Le royaume ibérique jette les jalons d'une coopération Win-Win, ou gagnant-gagnant, avec l'Algérie pour développer des partenariats dans divers domaines à commencer par l'agroalimentaire, le BTPH, l'agriculture, les énergies renouvelables et l'industrie. «( ) ce qui nous intéresse c'est le développement de partenariats dans divers secteurs entre les petites et moyennes entreprises des deux pays. Il y a aujourd'hui des possibilités de nouer des relations solides. La création d'une chambre du commerce et d'industrie mixte devient actuellement une nécessité », a annoncé dimanche le diplomate espagnol lors d'une conférence de presse organisée en marge de la tenue du premier forum d'affaires des entreprises algéro-espagnoles à l'hôtel Méridien d'Oran. L'ambassadeur d'Espagne en Algérie a révélé que les relations économiques entre les opérateurs privés des deux pays connaissent une dynamique réelle avec la conclusion de contrats d'un montant global de 4,8 milliards d'euros. Il s'agit le plus souvent de «petits» contrats d'un ou deux millions d'euros établis hors des réseaux officiels par les opérateurs privés sans prévenir l'ambassade espagnole. La représentation diplomatique a été informée ultérieurement par les acteurs économiques. Le diplomate espagnol estime que le temps est venu pour la création d'une chambre mixte dans le but de canaliser cet essor des entreprises des deux rives. Il soutient que l'Algérie demeure une destination privilégiée pour les acteurs économiques espagnols en raison du rapprochement géographique, le grand potentiel économique, l'histoire, la culture et la langue (41.000 lycéens étudient la langue espagnole en Algérie). Il relève, à ce propos, que le bureau commercial de l'ambassade d'Espagne en Algérie reste le plus sollicité par les opérateurs économiques de son pays dans le monde. « Nous recevons dans notre bureau commercial le nombre le plus élevé de demandes à travers le monde. Nous avons aussi le nombre le plus élevé de stagiaires », précise le diplomate. Concernant les entreprises algériennes qui se sont installées ces dernières années en Espagne, le diplomate a déclaré que 250 opérateurs algériens ont tenté l'aventure économique dans son pays. 60% DES PROJETS D'INVESTISSEMENT CREES DANS LE CADRE DE PARTENARIATS EN 2014 La secrétaire générale du ministère de l'Industrie et des Mines, Mme Kherfi Rabiaa, qui a assisté à la cérémonie inaugurale de ce forum a annoncé de son côté devant un parterre composé essentiellement de chefs d'entreprises espagnoles et nationales que 10.000 projets d'investissements d'un montant de deux milliards de dinars ont été lancés durant la seule année 2014, soit une hausse de 28% par rapport à 2013. Sur ces 10.000 projets d'investissements, 60% ont été réalisés dans le cadre de partenariats étrangers et concernent le développement des capacités productives, l'introduction des technologies modernes et l'acquisition de connaissances et d'outils en vue de placer davantage ces entreprises sur les marchés nationaux et internationaux. Ces projets de partenariat ont nécessité la mobilisation d'investissement de l'ordre de 1,5 milliard de dinars. Le premier forum d'affaires des entreprises algéro-espagnoles est organisé par le Cercle de commerce et d'industrie algéro-espagnol (CCIAE), une association de chefs d'entreprises des deux pays qui ont décidé de s'associer afin de promouvoir les échanges bilatéraux qui arrivent à un tournant important de leurs relations. Le CCIAE, qui deviendra dans les prochains jours une chambre mixte suite à une résolution adoptée lors d'une AG extraordinaire le 10 décembre dernier à Oran, est le résultat d'un long processus lancé en 2011. Quelque 160 acteurs économiques, dont 69 représentants de sociétés espagnoles, ont pris part à ce 1er forum qualifié par les organisateurs comme « une opportunité réelle de conclusion d'affaires et de partenariats ».