Dans le contexte chaotique qui prévaut en Libye conséquence de la guerre de tous contre tous que se livrent les camps et clans libyens, la réunion qui sous supervision de la mission d'appui de l'ONU en Libye (UNSMIL) regroupe depuis hier à Alger des chefs de partis et militants politiques libyens, aurait été difficilement envisageable sans les discrets et tenaces efforts de la diplomatie algérienne ayant visé à convaincre les uns et les autres d'entre les protagonistes de la crise en Libye d'accepter de rechercher à travers un dialogue interlibyen une solution politique consensuelle à leurs différends et divergences qui ouvrirait la voie à la création d'un gouvernement d'union nationale et définirait les arrangements de sécurité qui permettront à leur pays d'évoluer et d'aller vers la constitution et des élections dans le calme et la sérénité, la sécurité et la stabilité. L'Algérie est parvenue à convaincre les uns et les autres en faisant valoir qu'elle ne s'impliquera à rapprocher les points de vue que si tous en tant qu'acteurs de la crise libyenne lui expriment leur confiance et en font demande. Le nombre et la qualité des participants libyens à la rencontre d'Alger démontrent manifestement que l'audience et le respect dont l'Algérie bénéficie en Libye sont une réalité qui a résisté à l'épreuve du procès que d'aucuns ont cru pouvoir lui faire sous le prétexte fallacieux qu'elle aurait prétendument soutenu jusqu'au bout le défunt Mouammar El Gueddafi et son régime déchu. Cela étant et contrairement au scénario du dialogue intermalien, la réunion interlibyenne d'Alger n'a pas été convoquée pour clôturer un processus de paix mais pour que ses participants apportent une pierre qui conforterait sa poursuite. Le mode opératoire dans le cas libyen pour lequel a opté la mission d'appui onusienne consiste en effet, compte tenu de la complexité de la crise libyenne et de la mosaïque d'acteurs ayant leur mot à dire sur la solution pour sa résolution, à impliquer dans la recherche de celle-ci le maximum d'entre eux. Avant la réunion d'Alger qui regroupe des chefs de partis et des militants politiques d'influence avérée sur le cours des événements en Libye, l'UNSMIL a présidé des rencontres à Genève et au Maroc ayant mis face à face les représentants des deux Parlements qui se disputent la légalité et la légitimité de représenter la Libye. Après celle d'Alger, il sera convoqué par cette UNSMIL deux autres qui concerneront pour la première des représentants des municipalités libyennes et pour la seconde les chefs de tribus du pays. Il est absolument impératif que le dialogue interlibyen auquel pousse la mission d'appui onusienne, efficacement et loyalement épaulée par l'Algérie, rassemble tous les acteurs agissants de la crise libyenne à l'exclusion bien entendu des organisations et groupes armés djihado-terroristes. Seul en effet un consensus le plus large possible entre ces acteurs permettrait à la Libye de surmonter et dépasser la crise qui la secoue et a déjà dramatiquement affecté sa cohésion nationale. Ils doivent se faire à cette raison car le chaos que provoquent leurs différends et affrontements a ouvert la voie à une perspective pour la Libye qui signerait sa fin en tant que nation et Etat. Celle qui se profile avec l'implantation dans le pays de l'organisation terroriste de l'Etat islamique et d'autres du même acabit partageant son sinistre projet d'instauration du « khalifat islamique » dont nous assistons en Irak et en Syrie aux barbares implications pour les populations et pour la civilisation humaine.