L'intervention du Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique (CRAAG) est devenue presque un rituel à chaque fois que l'inquiétude s'empare de la population au plus fort de l'activité sismique qui touche particulièrement le nord de l'Algérie. Et pour ne pas déroger à la règle, Chaouch Abdelkrim Yelles, le DG du CRAAG, a tenu à rassurer les citoyens vivant dans ces zones à forte sismicité et surtout à les mettre en garde contre les rumeurs qualifiées d'«infondées» sur la véracité d'informations relayées par des «charlatans» sur l'activité sismique en Algérie. Dans une conférence de presse donnée hier à Alger, M. Yelles a insisté sur l'importance de la sensibilisation sur la question annonçant à ce propos, l'organisation en avril prochain par le CRAAG d'une rencontre médiatique sur le sujet. Il fustigera ces personnes «méconnues de la communauté scientifique algérienne et internationale qui font des annonces spectaculaires infondées aux effets catastrophiques sur le mental des citoyens». Il fera à propos de cette question le parallèle avec le séisme de 2003 qui a touché Boumerdès et les déclarations apocalyptiques des uns et des autres qui avaient conduit, à l'époque, à des réactions «dramatiques» chez certains citoyens. Revenant un peu sur l'historique des séismes en Algérie, il rappellera son caractère «normal» et «ordinaire» qui fait du pays une zone à risque «modéré», sujet, par conséquent, à une activité régulière caractérisée, selon le recensement du CRAAG par une centaine de répliques sismiques par mois. Une sismicité due au choc frontal entre la plaque africaine et eurasienne et il s ́agit souvent de secousses superficielles qui sont en moyenne de 10 km de profondeur, donc moins violentes, atténuées par leur fréquence qui est très courte. Les géologues expliquent qu ́un séisme se traduit par la libération d ́une énergie emmagasinée dans les entrailles de la Terre. Si la périodicité ou la fréquence des séismes se fait longue il y aura donc une grande quantité d ́énergie qui sera emmagasinée, donc à libérer ; d ́où un séisme plus violent. Par contre, si les séismes se produisent à des intervalles très réduits, l ́énergie libérée sera petite et donc les séismes seront de faible intensité. Pourtant, les dernières secousses telluriques enregistrées principalement dans le nord du pays ont ravivé les souvenirs les plus noirs des tremblements de terre de Aïn Temouchent et de Boumerdès et, un peu plus loin dans la mémoire, de Chlef ex- El Asnam. Ainsi, et selon l'APS, la population de Hammam Melouane, à 35 km à l'est de Blida, qui vit au rythme des secousses telluriques et répliques répétées, a fini par vivre, depuis le séisme du 17 juillet 2013, dans la crainte de la moindre réplique. La dernière secousse tellurique d'une magnitude de 3,2 degrés sur l'échelle ouverte de Richter a été enregistrée ce lundi et dont l'épicentre a été localisé à 5 kilomètres au nord-ouest de Hammam Melouane. Les habitants espèrent l'expertise de géologues sur la nature géologique de leur région pour les rassurer. Revenant sur les récentes secousses localisées notamment dans la Mitidja, M. Yelles a expliqué qu'il s'agit d'une «chaîne montagneuse à forte pression tectonique», à l'image de nombreuses autres wilayas du pays. Le DG du CRAAG reprochera au passage l'alarmisme de la presse lorsqu'on enregistre un séisme de moindre magnitude créant vainement la «panique». Interrogé sur le respect des normes parasismiques dans les constructions, M. Yelles a rappelé qu'une réglementation dans ce sens a été mise en place par les pouvoirs publics au lendemain du séisme de Boumerdès, mais «ce qui pose le plus de problème, ce sont les constructions des particuliers qui ne se conforment pas aux règles parasismiques », a-t-il précisé. Malgré toutes ces assurances, il n'est pas exclu que l'Algérie soit à l'abri d'une catastrophe naturelle non pas à cause de l'activité sismique mais par la vulnérabilité des constructions, la densité de la population et la quasi-absence de sensibilisation aux risques naturels. Selon une déclaration à la presse du professeur en génie parasismique, Abdelkrim Chelghoum, une secousse de magnitude 7 à Alger détruirait près de 100.000 bâtiments et environ 67.320 personnes périraient. Rappelons que le réseau de surveillance sismique algérien est composé de 35 stations du réseau télémétré et de 45 stations digitales. Ce réseau couvre la plus grande partie de la région nord du pays, mais aussi la région de Tamanrasset où une station est installée à l'Observatoire de Tamanrasset.