Soupçonnant un revirement total de la position des autorités locales à leur égard, des commerçants victimes de l'incendie qui a ravagé vendredi dernier le souterrain de la Brêche menacent d'organier des sit-in permanents sur les lieux en faisant venir leurs femmes et leurs enfants, de procéder à une escalade dans leur mouvement de revendication qui pourrait aller jusqu'à perturber la cérémonie d'ouverture de l'évènement «Constantine capitale de la culture arabe 2015», prévue le 16 avril prochain dans le centre de la ville des ponts. Rencontrés, hier matin, à l'entrée du souterrain qu'ils ont terminé de nettoyer, ces commerçants nous ont déclaré, par ailleurs, qu'ils sont maintenant convaincus que l'incendie dont ils ont été victimes ne relève pas d'un simple accident, comme cela fut le cas pour celui de 2012. «C'est un acte de sabotage délibéré et l'enquête qui a été menée sur les lieux va le démontrer. Nous disons cela sans chercher à exagérer car au cours de l'opération de nettoyage que nous avons effectué samedi et dimanche avec la collaboration des agents de la commune, nous avons découvert des traces d'essence », ont affirmé les commerçants. Interrogés sur leur situation, ils nous ont déclaré qu'ils attendent toujours la concrétisation de la promesse faite par le chef de cabinet du wali qui les avait reçus vendredi, tout de suite après l'incendie, en leur promettant qu'une entreprise allait être désignée pour réparer les dégâts causés par l'incendie et leur permettre de reprendre rapidement leurs emplacements habituels. Accouru, un autre groupe de commerçants est intervenu pour nous révéler que cette position des autorités locales à leur égard est en train de prendre un virage à 180 degrés. «Ce qui est assez probable puisque le chef de cabinet lui-même nous a indiqué auparavant qu'il y a des locaux à Massinissa, à la nouvelle ville Ali Mendjeli et à Aïn Smara qui pourraient être prêts à nous recevoir. Qu'est-ce que cela veut dire ? On veut tout simplement nous chasser, mais nous refusons catégoriquement de partir d'ici. Et si on veut nous obliger à partir, nous allons faire venir femmes et enfants pour tenir en permanence des sit-in en plein centre de la Brèche. Et advienne que pourra ! ». Peu après notre passage, les commerçants ont organisé un sit-in devant l'une des portes du souterrain faisant face au bâtiment de la cour de Constantine en brandissant des pancartes portant leurs revendications et ce tout en menaçant de durcir leur mouvement s'ils n'obtiennent pas satisfaction. Les autorités au niveau de la wilaya et de l'APC demeurant injoignables, nous avons interrogé hier les responsables du bureau de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui ont laissé entendre que ces commerçants demeurent hors de leur contrôle. «Ils ne veulent pas s'organiser et sont en train d'agir par groupe auprès des autorités », nous dira M. Ayad, le coordinateur régional du syndicat des commerçants, ajoutant que les intéressés ne les ont pas sollicités en tant qu'organisation. «Ceci dit, a poursuivi notre interlocuteur, nous sommes quand même intervenus en leur faveur auprès des autorités les premiers jours qui ont suivi l'incendie, et ce pour les assister, les orienter et les conseiller pour la prise en charge de leur problème. Mais, apparemment, ils veulent agir en solo, en groupes sans aucune coordination et organisent des actions sporadiques, isolées et sans impact. Et nous ne voulons pas être mêlés à ces actions irréfléchies. Toutefois, nous demeurons disposés à les recevoir pour les assister dans un cadre légal », a souligné le représentant de l'UGCAA. Par ailleurs, des sources de la protection civile nous ont indiqué hier que l'incendie du 10 avril dernier dans ce souterrain a provoqué la destruction totale d'un local de vente de téléphonie mobile, de 16 autres locaux de vente d'habillement et d'articles ménagers, 108 tables servant d'étals pour la vente des articles d'habillement, d'articles ménagers, de téléphones portables, de produits cosmétiques et parfums. 6 autres étals de vente de téléphones portables et leurs marchandises ont été par ailleurs sauvés des flammes par les sapeurs-pompiers qui ont veillé à circonscrire le feu pour l'empêcher de se répandre aux bâtiments publics entourant la place, comme celui de la poste centrale, le bâtiment de la cour de justice, le théâtre régional et le grand marché Boumezzou. Enfin, le gardien du tunnel qui avait été surpris par les flammes fut évacué à temps par la protection civile vers le Chu de Constantine, souffrant uniquement d'asphyxie occasionnée, affirment nos sources.