Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) va adresser, dans une quinzaine de jours, au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, un document contenant des propositions pour « relancer » un certain nombre de secteurs et du coup, contribuer à l'apparition d'une « économie émergente ». C'est du moins ce qu'affirme le président du FCE, Ali Haddad, dans une conférence de presse organisée hier à l'hôtel El Aurassi, à l'issue des travaux de la réunion conjointe du conseil exécutif et du Conseil d'orientation stratégique élargie à l'ensemble des membres du FCE. Peu prolixe, austère, parfois donnant l'impression d'être à mille lieues du sujet évoqué, Ali Haddad a énuméré lors d'une brève intervention certaines revendications, notamment la suppression de certaines taxes, la taxe sur l'activité professionnelle (TAP), la réduction de l'IBS (impôt sur les bénéfices des sociétés) ou encore le lancement par le gouvernement d'une opération d'assainissement fiscale pour permettre, estime-t-il, à l'entreprise algérienne de sortir la tête de l'eau et créer de la richesse et de l'emploi. L'implantation de banques algériennes dans des pays africains, le développement des missions économiques dans les ambassades, l'ouverture de bureaux de liaison à l'étranger pour les exportateurs algériens, la création de plateformes portuaires destinées aux industries exportatrices, l'installation de zones franches dédiées à l'export ainsi que la « défiscalisation » sont également quelques propositions que préconise le FCE dans le document dont des « retouches » ont été apportées par quelque 250 membres qui ont assisté à la réunion d'hier. Ali Haddad, qui a refusé de distribuer à la presse le document contenant les propositions du FCE, appelle en outre le gouvernement à récupérer une partie des 3.700 milliards de DA qui circulent dans le circuit informel pour être injectés dans le circuit formel avec une moindre taxation de l'ordre de 10%. Les détenteurs de cette manne financière astronomique, qui échappe complètement à tout contrôle, seraient, de l'avis d'Ali Haddad, de simples commerçants qui n'auraient pas déclaré leurs chiffres d'affaires et leurs revenus. Interrogé si son groupe prendrait part à l'appel de Sonatrach, qui avait pris la décision le mois passé de s'ouvrir au privé, le patron du FCE n'y voit pas d'inconvénients, précisant au passage que son groupe détient, depuis l'année 2088, un agrément d'exploration. Par ailleurs, s'exprimant lors de la conférence de presse, Brahim Benabdeslam, l'un des vice-présidents du FCE, affirme que ces mesures énumérées plus haut, qu'il qualifie de « simples » vont impacter directement la compétitivité des entreprises en Algérie. Le vice-président, qui préconise la création d'un fonds d'investissement privé, soutient qu'il est temps de basculer de l'informel au formel, en conseillant à son tour un « assainissement fiscal» qui a donné, selon lui, des fruits dans de nombreux pays, citant nommément l'Italie. « On ne peut pas imaginer un secteur économique sans le privé », a encore ajouté le vice-président du FCE qui appelle à la mise en application de la loi et en soulignant qu'il est tout de même édifiant de demander une « autorisation d'investir » dans un pays qui veut développer une économie hors hydrocarbures.