Comme chaque grande manifestation ou fête fait des mécontents, celle de « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 » (CCCA 2015) n'échappe pas à la règle. Aussi, après le lancement de la grande fête, ces derniers viennent de se manifester en criant à la marginalisation et à la hogra, en promettant qu'ils ne vont pas se taire, qu'ils préparent des initiatives pour dénoncer ces comportements des autorités concernées. Ces « altermondialistes » de la culture, comme on les a déjà qualifiés, avaient commencé, depuis quelques semaines, à dénoncer individuellement leur mise à l'écart au fur et à mesure que le programme de la manifestation s'élaborait. Mais maintenant que la manifestation vient d'être lancée, que le programme est rendu public et qu'ils ont vu que leur exclusion est consommée, ils viennent de monter collectivement au créneau. Avant-hier, en marge de la cérémonie de lancement officiel des semaines culturelles des wilayas qui s'est faite au niveau du palais de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa, nous avons été contactés par un groupe d'artistes et de représentants des associations se proclamant de la société civile qui se sont plaints d'avoir été « marginalisés par les organisateurs » de la manifestation CCCA 2015. « On ne comprend pas pourquoi lorsqu'il s'agit de représenter la culture constantinoise authentique dans les manifestations nationales, on fait bien volontiers appel à nous, mais quand il s'agit d'évènement de l'envergure de celui qui vient de s'ouvrir dans nos murs, on nous ignore superbement », s'est exclamée S. Aouiche, présidente d'une association culturelle versée dans les arts traditionnels, qui affirme avoir un programme qui peut représenter dignement la ville de Constantine dans la manifestation et qui a été, hélas, ignoré. « C'est le comble, s'est-elle écriée, la fête se déroule dans notre maison et nous ne sommes même pas invités ! ». Et de brandir, non sans colère, le programme qui vient d'être diffusé par le commissariat en pointant du doigt les organisateurs qui, selon eux, ont tout bonnement fait appel à des « étrangers » au monde de la culture, des arts et de l'artisanat. Prenant le dernier mot au vol, Amine K., un dinandier connu sur la place constantinoise s'est répandu en critiques sur l'exposition ouverte le premier jour à la maison de la culture Malek Haddad dans laquelle les artisans locaux sont totalement absents. Et chacun y est allé de son indignation. Et c'est un organisateur de spectacles, Samir B., dont la « boîte » n'a été associée à aucune activité prévue dans le programme, qui a annoncé être en train de mener une large concertation auprès des concernés pour organiser sa propre exposition, qui réunira les œuvres et les travaux réalisés par tous ceux qui ont été exclus de CCCA 2015. Nos interlocuteurs nous apprendront qu'ils sont en train de « préparer » une pétition qu'ils feront signer par le plus grand nombre de leurs collègues et qu'ils adresseront au président de la République, au Premier ministre, à la ministre de la Culture et à qui de droit, pour demander à être intégrés dans les activités de la manifestation arabe que leur cité a l'honneur d'abriter. Par ailleurs, venant à contrario de ces positions, M. Belkacem Benabdelaaziz, le SG du bureau de wilaya des artistes affiliés au syndicat Ugta, a organisé une conférence de presse, hier, pour dire que les artistes locaux ont été bel et bien impliqués dans la manifestation. « Nous avons participé avec cinq groupes à l'ouverture populaire de la manifestation, les Aïssaoua, 2 troupes folkloriques, une troupe de 'bédoui'', une autre de tabla et ghaïta'' et une cinquième troupe de baroud'' », soutient M. B. Benabdelaaziz. En matière de spectacles, on relèvera que le TRC est présent avec une production « Salah Bey » en l'occurrence, ainsi que la coopérative Masrah Ellil, avec un spectacle qui a pour titre « El Khayat ».