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Intérêts et limites du fondamentalisme islamique dans un monde en construction : L'Algérie protégée par son étoile
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 31 - 05 - 2015


Suite et fin
Ni les monarchies arabes ni les pays du Maghreb ne pourront compter sur l'«artificialité d'un pétrole cher pour acheter la paix sociale».
Ils feront face à des revendications qui entraîneront des réformes tellement sévères qu'elles bouleverseront leur gouvernance (régime politique soit féodal, soit autoritaire et démocratique que de nom). L'ouverture à un régime démocratique et une ouverture économique sera alors une «nécessité» pour calmer les revendications des peuples. De grandes probabilités pour que les pays du Golfe et le Maroc deviennent soit des «républiques démocratiques, soit des monarchies constitutionnelles, avec une démocratie parlementaire où le monarque n'aura qu'un pouvoir symbolique dans l'exécutif», comme au Royaume-Uni et aux autres monarchies modernes d'Europe. L'Iran comme d'ailleurs tous les pays qui utilisent l'islam pour museler leurs peuples ne pourront plus se prévaloir de la religion pour une raison bien simple. La religion appartient à tout le peuple et non à un régime politique qui en fait sa propriété privée et cherche à perdurer au pouvoir grâce à la religion. Ce qui est anhistorique. Le premier objectif d'un régime politique est avant tout le développement économique, donc d'assurer une économie viable sans soubresauts politiques, sans crises économiques, à la nation. Or, c'est vers les crises économiques que le monde musulman s'achemine. Il n'a pas de poids sur le plan économique mondial et dépend uniquement des richesses pétrolières. Le deuxième paramètre, les Etats-Unis, avec le changement de paradigme du monde -ils ne pourront plus manipuler artificiellement les prix pétroliers, le pétrole devenant une matière fossile comme les autres- se désintéresseront du monde arabo-musulman.
Les conséquences avec la baisse des prix pétroliers seront dramatiques pour ces pays. Les crises économiques qui vont suivre obligeront les gouvernements à laisser le pouvoir aux dirigeants les plus compétents pour les sortir de la crise. Comme ce qui se passe aujourd'hui en Grèce, et ce qui s'est passé en Amérique du Sud, dans les années 1980, avec le renversement des dictatures. Les mouvements islamistes, perdant leurs parrains, c'est-à-dire l'Occident, les monarchies arabes et l'Iran, «perdront forcément leur fond de commerce, la politisation de l'Islam». L'Islam reviendra à sa mission originelle, la quête de spiritualité des musulmans en Dieu.
Le coup le plus dur sera pour Israël. Il perdra son parrain, et le soutien militaire et surtout financier américain. Comme d'ailleurs l'Egypte. N'ayant plus d'appui occidental, il sera obligé de recomposer avec les Palestiniens et les pays arabes pour sortir du marasme économique.
Compte tenu des bouleversements qui seront opérés dans le monde, il y a de grandes chances que les régimes politiques démocratiques arabes qui sortiront de cette dynamique mondiale, et surtout de la crise qui va les toucher d'autant plus qu'ils ne représentent pas un pôle politique homogène et de surcroît dépendant économiquement de l'Occident et de l'Asie, leurs seules ressources étant le pétrole et le gaz, «chercheront par la force des choses à s'intégrer dans les grands ensembles les plus proches de leurs frontières». Surtout que la compétition internationale sera rude sur le plan économique mondial. Le marché de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis qui sera certainement fonctionnel ne sera que grandi par ce rendez-vous historique s'il viendrait à se réaliser. Le problème ne sera ni l'islam ni la chrétienté mais l'économie, et c'est elle qui dictera la marche de l'histoire dans cette région centrale du monde constituée de l'Europe et du monde arabo-musulman.
UN NOUVEAU MONDE EN CONSTRUCTION
Une «vraie politique gagnant-gagnant» aura à relier les deux aires géographiques proches qui n'a rien à voir avec la «politique mercantile gagnant-gagnant de la Chine». Evidemment, ces transformations ne seront pas pour demain. Le processus est long, mais c'est globalement vers cette perspective que l'humanité se dirige. Certes, elle n'est pas encore visible, mais les conflits de tout ordre qui se déroulent dans le monde la laissent entrevoir. Conflits armés et confessionnels dans le monde arabe et en Afrique, les protagonistes sont les pays pauvres de la mondialisation. Conflits économiques larvés entre l'Occident et les pays émergents, ce sont les pays riches de la mondialisation. Et tous ces pans de la mondialisation doivent changer pour s'adapter aux nouvelles donnes du monde.
La crise financière de 2008, à l'instar des crises passées, ne trouvera sa solution que dans la nouvelle architecture mondiale. On comprend la crainte des monarchies du Golfe qui sont les premières visées.
Les unions économiques qui surgiront dans les années ou décennies à venir n'auront rien à voir avec celles qui sont constituées aujourd'hui. Ni les religions ni les ethnies ne constitueront le socle des unions. Une union en Asie, économique et monétaire, ne sera ni indienne ni chinoise, et encore moins hindouiste ou bouddhiste. En Occident, le même principe va opérer. Une union économique ne sera ni musulmane ni chrétienne, mais sera selon ce que chaque aire géographique apportera à l'autre. Comme cela s'est passé pour les pays d'Europe centrale et orientale et leur union à l'Europe occidentale.
Il est évident que ce n'est pas la chrétienté ni l'européanité qui a uni les PECO à l'Union européenne, mais bien des intérêts géostratégiques et économiques. Sinon comment expliquer pourquoi la Suisse et la Norvège ne veulent pas rejoindre l'Union européenne ? Le problème est avant l'intérêt mutuel qu'apporte réciproquement une union entre un Etat et un grand ensemble politique et économique.
La Russie, par exemple, en tant que grande puissance nucléaire, n'est pas prête à renoncer à sa politique extérieure au profit de l'Union européenne. Elle doit donc chercher à moduler sa relation avec les aires géographiques qui l'entourent.
Evidement, cette configuration architecturale du monde à venir peut paraître utopique ou invraisemblable. Mais on peut opposer aux contradicteurs cette question. «La guerre 39-45 était-elle annoncée en 1919 ? Avec la fin des empires coloniaux dès la fin des années 1940.» De même, «L'Union soviétique, dans les années 1960, annonçait-elle sa disparition en 1991 ?» Personne ne pouvait prévoir tels événements. Ils étaient inscrits dans l'histoire. L'homme est régi par des lois supranaturelles. De la même manière que la mort est inscrite dans l'existence humaine, les régimes politiques qui ne peuvent plus être viables ne peuvent que disparaître pour laisser place à d'autres systèmes pour corriger les erreurs des précédents. Dans les années 1980, «la crise de l'endettement n'a-t-elle pas emporté les dictatures sud-américaines ?» Et plus récemment, «les présidents tunisien, égyptien, libyen, yéménite n'ont-ils pas été emportés en quelques mois par la vague du printemps arabe, en 2011 ?» Qui aurait pensé, en décembre 2010, au moment de l'immolation du jeune ambulant tunisien, que le sort des quatre présidents, bien assis sur leur trône, était déjà scellé ? Les pays arabes ne cessent de s'entredéchirer aujourd'hui. C'est simplement qu'un processus inexorable est en cours, et il ne cessera que lorsque tous les effets seront épuisés pour les buts déjà assignés par l'Histoire. Le monde d'aujourd'hui a dépassé de loin le temps immédiatement post-colonisation. D'autres enjeux, d'autres mutations.
INTERETS ET LIMITES DU FONDAMENTALISME ISLAMIQUE
L'humanité est écartelée par cette technologie même qui a permis l'explosion démographique dans le monde. D'autre part, le repli dans la religion d'une bonne partie du monde musulman ne doit pas nous faire oublier qu'il obéit à plusieurs causes qui relèvent toutes de phénomènes nouveaux n'ayant rien à voir avec les siècles passés. S'il a été instrumentalisé par l'Occident et les monarchies arabes du Golfe depuis les années 1960 pour lutter contre le communisme soviétique et chinois, c'est que la configuration géopolitique mondiale le commandait. Le monde, il faut le dire, était déjà en crise à la sortie même du Deuxième Conflit mondial. Deux blocs vainqueurs du nazisme sortaient, les anciens empires coloniaux disparurent par le puissant mouvement de la décolonisation. Les chaînes de l'impérialisme tombèrent et furent vite remplacées par de nouvelles chaînes d'un type nouveau. L'impérialisme capitaliste et l'impérialisme communiste, et tout deux totalitaires.
C'est ainsi que l'affrontement de ces deux totalitarismes s'est trouvé conforté par un autre totalitarisme, le «fondamentalisme islamique». L'Occident, cherchant à faire pièce à l'URSS et ses alliés, les systèmes socialistes arabes, a instrumentalisé l'«Islam» contre eux. Evidemment, dans le but de refouler le socialisme de cette aire géographique intermédiaire, le monde arabo-musulman, qui sépare l'Occident de l'Orient. Si jusqu'à la fin des années 1970, l'équilibre était préservé entre les deux blocs, la situation va complètement changer avec la révolution islamique en Iran. Révolution qui ne doit son avènement qu'aux Américains. Ces derniers «ne pouvaient accepter que le Shah dépasse les lignes rouges non dites qui lui étaient assignées». Dans l'ignorance, et rêvant de transformer son pays en puissance régionale, le souverain «signa la fin de son règne en cherchant à développer la technologie nucléaire dans son pays».
En réalité, les phénomènes historiques étaient complexes. Et aujourd'hui encore, ils le sont plus. La complexité va en augmentant. La révolution islamique en Iran n'a été qu'une impulsion séquentielle historique nécessaire. Le fondamentalisme islamique est par essence un totalitarisme qui utilise l'Islam à des fins de domination politique. Et l'Islam est libre d'être interprété comme le veulent les acteurs du moment. Occident, monarchies arabes, frères musulmans ou autres factions islamiques partisanes. Ce n'est pas le message religieux qui est en question mais les acteurs qui en font l'interprétation et bien entendu le plan supra-humain qui utilise toutes ces potentialités intrinsèques dans l'homme pour faire avancer l'humanité. Que d'ailleurs Hegel a trouvé en énonçant «l'Esprit qui gouverne le monde».
Donc le fondamentalisme, en réalité, ne dérive pas de l'Islam mais est pris de l'Islam par l'homme pour des fins non spirituelles mais spirituellement matérielles puisqu'il vise à prendre le pouvoir. Et le pouvoir par la religion cherche à commander, à dominer l'homme dans son essence divine, dans le sens le plus absolu, le plus total qui soit. Et qui n'accorde de droit de penser que ce que le pouvoir islamiste ordonne. Et c'est aller contre la lettre de l'Islam qui est penser par sa conscience libre.
Et les masses s'engouffrent, ce qui est naturel parce que le message de l'Islam qu'il véhicule donne l'espoir. Alors que le pouvoir islamiste cherche à envahir la société pour pérenniser le pouvoir religieux.
Et tout système a une limite. Le communisme, la doctrine marxiste, promettait l'égalité entre les hommes. Et c'est une dictature qui a été construite au nom même de cette égalité promise. Qui s'est traduite par une privation de libertés, par une obligation de soumission au pouvoir communiste sans contrepouvoir, sans possibilité de répression de l'abus. Au final, des nomenklaturas se sont retrouvées inamovibles au sommet de ces Etats.
Nonobstant ces carences dans le totalitarisme religieux, le courant islamiste s'est avéré une séquence nécessaire dans le développement de l'Histoire de l'humanité, comme d'ailleurs du communisme qui a joué de contrepouvoir à l'impérialisme occidental. Et rien ne vient du néant s'il n'a pas de causes. S'il n'était pas nécessaire. L'«islamisme» a donc été une «nécessité» pour avancer l'Histoire de l'humanité. Précisément, il aura à départager les deux grands courants totalitaires dans le monde. Le courant capitaliste et le courant communiste. C'est grâce à la stratégie de la «Ceinture verte ou islamique» que l'Union soviétique s'est retrouvée dans ses derniers retranchements. Sur tous les plans : militaire (débâcle militaire en Afghanistan), financier (paupérisation par le recyclage des pétrodollars islamiques), politique (mouvements islamistes dans les républiques soviétiques), social (perte de foi dans la doctrine communiste). Donc tous ces faisceaux de forces ont concouru à détruire à la base l'Union soviétique et le bloc Est, et permis le renouvellement de l'architecture géopolitique mondiale.
L'ALGERIE PROTEGEE PAR SON ETOILE
En Algérie, par exemple, l'islamisme a été, dans certain sens, un «mal préventif même positif» parce qu'il a évité le pire à l'Algérie. Il a permis de réveiller le peuple algérien et la classe politique qui n'enviait en rien la nomenklatura soviétique, mais, en provoquant la déflagration dès le début des années 1990, a protégé la nation de ce qui aurait pu être pire si l'islamisme politique avait trouvé libre cours au printemps arabe, en 2011. On s'imagine ce que serait l'Algérie quand on voit ce qui se passe en Syrie, en Libye, au Yémen et ailleurs. Où ce n'est plus le terrorisme mais des guerres civiles atroces, chars contre chars, forces alignées contre forces alignées, deux gouvernements se disputent le pouvoir sont en train de sévir et ont pratiquement brisé la nation. Des millions de nationaux sont déplacés et se trouvent sous les tentes dans les pays voisins. Des milliers de familles naguère heureuses dans leurs logis se trouvent errantes, éclatées, dispersées. Où mêlées à des harraga et périssent en mer pour rejoindre leurs familles, leurs enfants qui ont trouvé refuge en Europe.
Des guerres civiles qui se sont internationalisées. Ces pays courent un risque d'éclatement en plusieurs nations.
L'Algérie a échappé à l'islamisme politique, contrairement à la Syrie, la Libye…, simplement par ce que «le régime politique était auréolé par son histoire de grande nation qui a combattu longtemps l'impérialisme occidental». On disait de l'Algérie, «La Mecque des révolutionnaires». Et c'était une vérité. Toutes les révolutions du monde ont été aidées par l'Algérie. Alger était la plaque tournante des révolutionnaires dans les années 1970, sous Boumediene. D'autre part, le peuple algérien est très proche géographiquement de la civilisation occidentale, éloigné géographiquement de la subversion iranienne et saoudienne «et surtout solidaire malgré les différences ethniques par la guerre de libération». Donc trois atouts que n'ont pas les autres pays arabes. Et enfin, l'atout principal que n'avaient pas les autres pays arabes. «La Puissance absolue du monde, créatrice de toutes choses dans l'univers qui lui appartient, a eu pitié pour le peuple algérien. Elle ne lui a pas voulu un grand mal.» Evidemment, il ne faut pas tenter le diable. Il reste que la stabilité de l'Algérie est toujours dépendante de sa situation économique et du choix des hommes. «En clair, l'Algérie n'est pas immunisée des crises arabes.»
L'IMPOSSIBLE PRISE DE CONSCIENCE DE L'OCCIDENT. UN AVEUGLEMENT «NECESSAIRE»
Retour de manivelle contre l'Occident. Après la disparition du bloc de l'Est, l'islamisme politique s'en est pris à l'Occident. Peut-il en être autrement ? Les générations d'aujourd'hui ont changé. Un demi-siècle nous sépare des années 1960. La décolonisation a été non seulement assimilée mais dépassée. Avec Internet dans les années 1990, les réseaux sociaux, les peuples aujourd'hui ont dépassé le stade de l'alphabétisation des années post-indépendance. De plus, il y a eu une réflexion islamique partout dans le monde. Et une remise en cause de l'ordre occidental des années 1950 et 1960 dans le monde arabo-musulman.
En cessant d'exister, l'Union soviétique qui cachait le conflit monde arabe-Occident, a révélé en plein jour les contradictions de cette volonté occidentale de poursuivre sa mainmise sur le monde musulman. Parce qu'il est détenteur des plus grandes réserves pétrolières du monde. Justement, le monde musulman se cabre à cette hégémonie. «Et les deux poids deux mesures flagrants entre Israël et la Palestine». Enfin «le déclin de l'Occident est criant sur tous les plans».
Précisément, ce faisceau de contradictions qui font qu'Américains et Européens n'arrivent pas à prendre conscience de leurs déboires dans le monde musulman. Et cet Islam mystérieux qui attire de plus en plus d'adeptes chrétiens à embrasser la religion musulmane. Et il n'y a que l'Islam et l'islamisme qui tiennent le haut du pavé sur la scène internationale. Partout se pose la question de l'Islam, aux Etats-Unis, en Europe, en Chine, en Russie, en Amérique du Sud, en Australie, en Afrique… Partout l'Islam et cette incompréhension jusque dans le monde musulman qui l'a vu générer.
Evidemment, la montée de l'Islam grâce précisément à l'islamisme est en train de participer à un changement de paradigme du monde. L'Islam est appelé non seulement à être une religion centrale du monde, complétant les autres religions monothéistes, bouddhiste, hindouiste et autres, mais «à cimenter le monde aujourd'hui en construction». Il y a réellement une perte de repères pour l'humanité avec une civilisation qui ne cesse de s'accélérer et de s'universaliser. Et toujours les apports de la science qui révolutionnent l'existence de l'homme et provoquent l'incompréhension. L'homme aujourd'hui n'est pas heureux, il fait face à une angoisse existentielle prenante tant dans les pays riches que les pays pauvres.
Le rejet, par exemple, de l'Islam en Europe ne doit pas être appréhendé comme un rejet, mais comme un accouchement dans la douleur d'une mutation. On ne peut haïr quelque chose qu'on ne comprend pas, on ne hait que quelque chose que des êtres véhiculent et font croire qu'elle pourrait nous porter atteinte, à notre mode de vie, à nos habitudes. Et précisément, ce quelque chose est entre autres l'islamisme qui n'est pas l'Islam dans son message originel. Il devient un bouc émissaire du déclin économique de l'Occident. D'autre part, ceux qui véhiculent l'islamisme croient qu'ils sont dans le vrai, et s'y replient, et en s'y repliant et en le diffusant, ils touchent forcément les autres. Et les Européens qui n'ont rien à opposer, déjà touchés par une vie sociale difficile, génèrent une défense, qui va jusqu'à la violence. Ainsi, on a de la violence de part et d'autre. Violence verbale, violence physique, etc. Et même le repli dans l'islamisme n'est pas dû uniquement à l'instrumentalisation occidentale et des monarchies et autres pays musulmans, il est aussi justifié par le mal-vivre des peuples musulmans dans et en dehors de leurs pays. Le chômage, la perte de confiance dans leurs gouvernements, la marginalisation, la corruption, les détournements de richesses, l'impossibilité d'exprimer leur ras-le-bol, le traumatisme de régimes policiers, font que la religion devient un refuge, ce qui n'est pas mauvais en soi puisqu'il évite la drogue, le cannabis, et autres occupations négatives. Sauf qu'il entraîne souvent le rejet de l'autre, ou fait du prosélytisme un acte de foi. Donc repli et violence deviennent des solutions de sortie aux crises politiques et morales. Evidemment, on ne peut épuiser un sujet aussi complexe que l'islamisme, en quelques lignes. Il reste que l'intérêt de l'Islamisme est multiple et concourt au «nouveau monde en construction».
En conclusion, «le fondamentalisme islamiste apporte un intérêt inestimable dans le mouvement de l'histoire, mais en tant que doctrine totalitaire, il est appelé à atteindre des limites.» Des forces naturelles le feront forcément disparaître parce que l'islamisme est d'essence humaine non d'essence divine. De plus il n'a jamais existé. Quatorze siècles sont passés depuis l'avènement de l'Islam. L'irruption de l'islamisme est spécifiquement lié à une conjoncture internationale du moment de l'Histoire et qui est appelé à être dépassée inéluctablement comme d'ailleurs l'islamophobie qui n'a jamais existé après l'apaisement des esprits dans le monde.
L'humanité vit une période difficile. Et cette complexité du moment est en relation avec les formidables avancées politiques, économiques -bouleversement de l'ordre économique mondial- culturelles et scientifiques. Et pour ne citer que les révolutions scientifiques qui sont données à l'homme depuis un siècle, et la part de l'Islam qui en appelle à la science, à la concorde entre les peuples et non à la fitna (division des peuples et guerres communautaires) et à l'aveuglement théologique. Et c'est cela même qui est paradoxal, incroyable doit-on dire, l'aveuglement théologique est «nécessaire». Que l'on accepte ou non, cet aveuglement existe, il est dans les faits de l'Histoire. Et il n'existe pas uniquement dans les consciences musulmanes, mais aussi dans les consciences occidentales qui l'ont attisé depuis un demi-siècle au nom d'intérêts bassement géostratégiques et géo-économiques, et il continuera à participer au développement du monde jusqu'à ce que cesse son intérêt historique, comme toute création idéologique de l'homme.
* Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective
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