Visite programmée ou simple sortie sur le terrain pour apporter un démenti officiel à ces rumeurs devenues insistantes sur la décision du gouvernement d'instaurer des cartes de rationnement de carburant, pour parer à la crise née de la baisse des cours du brut ? On ne le sait. Ce qui est sûr, pourtant, c'est qu'hier le nouveau ministre de l'Energie Salah Khebri a démenti du bout des lèvres l'orientation du gouvernement d'instaurer une carte de rationnement de carburant subventionné. Il a ainsi affirmé que le gouvernement travaille sur un projet visant à lutter contre le gaspillage et la contrebande des carburants. Il tient cependant à préciser qu'il ne s'agit pas, dans ce cas, de rationner la consommation de carburants pour les Algériens. »Nous sommes en train de réfléchir sur les meilleurs moyens à mettre en place pour limiter le gaspillage et pour lutter contre la contrebande des carburants», a-t-il souligné pour réajuster les informations rapportées ces derniers jours par la presse nationale, qui s'est basée sur le projet de loi de finances complémentaire pour 2015 (LFC2015). «Il s'agit d'une rationalisation et non d'un rationnement de la consommation de carburants'', a-t-il ainsi tenu à préciser. Il rassure par ailleurs en ajoutant que 'nous n'allons pas toucher à l'utilisation rationnelle des carburants par les citoyens». Les premières projections de lutte contre le gaspillage de carburants esquissées par le gouvernement ont porté sur le système de rationnement par carte avec des quotas pour le prix subventionné. Au-delà du quota, l'automobiliste doit payer son essence au juste prix, ce qui, en l'espèce, oblige le gouvernement à décider d'une hausse des prix à la pompe. La mouture de cette disposition est dans le projet de loi de finances complémentaire 2015 et a été examinée mercredi en conseil de gouvernement. Pour autant, les précisions du ministre de l'Energie hier au dépôt de carburant Naftal d'Alger laissent penser que l'exécutif semble hésitant sur ce 'rationnement'' de l'essence, une première pour un pays producteur de brut. Et il explique que la mise en œuvre de ce dispositif interviendra à l'achèvement de l'étude de ce dossier et l'obtention des approbations nécessaires à sa faisabilité. 'Ces mesures qui sont en cours d'étude, ont été rendues nécessaires par le besoin de mettre fin au gaspillage dans la consommation des carburants en Algérie'', a relevé M. Khebri, selon lequel la consommation de carburants a explosé depuis quelques années, obligeant l'Etat à recourir, depuis 2010, à des importations massives d'essence et de gasoil. Pour lui, comme pour le gouvernement, 'il y a beaucoup de gaspillage interne» aggravé par le trafic des carburants au niveau des frontières. Pour autant, le ministre de l'Energie ne détaille pas, ni n'explique les mesures que compte mettre en œuvre le gouvernement Sellal pour lutter contre le gaspillage de carburants, encore moins s'il va réellement instaurer des cartes ou non. Car la distance n'est pas tellement longue entre 'rationalisation'' et 'rationnement''. A moins qu'il ne soit éliminé, l'article 61 du projet de LFC2015 stipule qu'il est institué une carte carburant ouvrant droit aux titulaires de tous les véhicules la possibilité de bénéficier d'un plafond de consommation des carburants au prix soutenu par l'Etat, et les quantités de carburant dépassant le plafond des carburants soutenus seront écoulées à la pompe à un prix substantiellement soutenu''. Le même texte prévoit la mise en œuvre de cette mesure 'par une instruction interministérielle Energie/Finances à compter du 1er janvier 2016''.