Dans les villes du M'Zab, le calme semble s'installer progressivement, après les violents affrontements de ces derniers jours, marqués par le décès de 22 personnes issues des deux communautés, Mozabites et Chaambas. L'enterrement des victimes de ces violences inexplicables a été suivi, à Guerrara et Berriane notamment, par des milliers de personnes, toutes en blanc vêtues. Une tristesse et beaucoup d'incompréhension se lisaient sur les visages des présents. Les trois villes qui ont connu des moments de pure folie avec une violence inouïe, dont l'incendie de maisons sans égards à leurs occupants, Ghardaïa, Guerrara et Berriane renouent cependant progressivement avec la vie de tous les jours, même si beaucoup de familles des deux communautés pansent encore leurs blessures, et pleurent leurs morts. Mais, les services de sécurité, policiers et gendarmes, restent massivement présents dans les zones tampons pour sépare les deux communautés, alors que des informations non confirmées font état d'une soixantaine d'arrestations et la découverte dans des caches, de fusils de chasse, probablement ayant servi lors des affrontements du week-end dernier. D'autre part, policiers et gendarmes, déployés en nombre impressionnant dans la vallée, ont rouvert, hier dimanche, deux tronçons routiers, fermés depuis longtemps à la circulation routière par les mozabites et interdits aux chaambas, à savoir la route Belghennem-Touzouz-Daia Ben Dahoua, ainsi que celui de Theniet El Mekhzen, interdit lui aux mozabites, qui y ont leurs commerces, également fermés par les belligérants. La réouverture de ces deux axes est une des priorités des autorités locales, qui veulent rétablir la sécurité et la confiance des habitants de la vallée le plus vite possible durant ces derniers jours du mois de ramadhan. Plusieurs boutiques et commerces avaient rouvert samedi avec la fin des affrontements et l'intervention des forces de sécurité. Il faut dire également, selon des habitants de la région, que l'intervention du président Bouteflika dans le conflit avec la convocation d'un conseil d'urgence et le déplacement jeudi du Premier ministre, ainsi que le placement de la région sous l'autorité directe de l'ANP, a calmé les ardeurs des uns et des autres. Sellal avait tenu un discours ferme en rappelant que l'état est décidé à frapper fort, très fort s'il le faut pour rétablir l'ordre et la sécurité des biens et des personnes. Quant à certains chefs de partis politiques, dont Ahmed Ouyahia, revenant aux commandes du RND, il n'a pas hésité samedi à pointer du doigt 'la main étrangère'' dans les événements douloureux qu'a connue la wilaya de Ghardaia. Ayant participé à la réunion d'urgence mercredi sur la situation au M'zab, Ahmed Ouyahia a d'abord réfuté l'existence d'un conflit 'intercommunautaire'', mais a par contre suggéré deux pistes, ' le complot'' et 'la main étrangère''. Et Ouyahia n'est pas loin de penser que ce qui se passe en Algérie n'est pas étranger aux complots menés contre 'la Syrie, l'Egypte, le Yémen et la Libye''. Une mozabite originaire de Beni Izguen a confié de son côté au Quotidien d'Oran que les raisons de ces conflits récurrents entre Mozabites et Chaambas, 'remontent à très longtemps, même s'ils étaient jusque là contenus. Il y a un tas de raisons, l'argent, le foncier, les transactions financières, le commerce, ...'', explique-t-elle, avouant cependant son désarroi devant un tel 'déchaînement de violence'', de part et d'autre. A Guerrara, Berriane et Ghardaïa, la vie reprend petit à petit, mais les stigmates d'une violence qui a fait 22 morts et des dizaines de blessés, sont encore là. Comme ces maisons incendiées, ces palmeraies à Guerrara brûlées, ces familles devenues du jour au lendemain SDF, parce que leurs demeures ont été saccagées, incendiées aux cocktails Molotov. Difficile dans ces conditions d'envisager un retour rapide à la 'normalité''.