L'enseignement de l'arabe dialectal continue toujours de faire polémique et la dernière trouvaille de Benghebrit de ne l'enseigner qu'aux élèves des deux premières années du primaire sonne comme un test de laboratoire. Deux ans c'est déjà ça de pris sur la levée de boucliers des gardiens du temple. Deux ans c'est mieux que rien et la ministre, et derrière elle le gouvernement, n'aura pas l'air d'avoir fait marche arrière. Deux ans pour expérimenter une nouvelle approche dans l'Education nationale et comme ça tout le monde sera content, la tutelle, les islamo-conservateurs et le partenaire social. Mais dans tout cela, dans ces expérimentations dans l'école algérienne qu'en est-il du sort de l'élève ? Cette idée d'enseigner le dialecte pendant deux ans puis demander à l'élève de ne plus le parler dans l'école a quelque chose de schizophrénique. Obliger l'élève à commencer son parcours éducatif par le dialecte puis interrompre le processus au bout de deux ans comme si de rien n'était est une aberration difficile à comprendre. Pourquoi cette mesure maintenant si ce n'est pour affirmer son mandat et les Algériens veulent comprendre cette obsession coûte que coûte à prendre les élèves pour des rats de laboratoire. La ministre a également cédé du terrain avec sa décision de ne pas toucher aux matières inscrites au baccalauréat. Alors qu'on attendait un signal fort de Benghebrit pour réformer au moins, dans un premier temps, un bac à polémiques en décidant de zapper des matières aussi inutiles que handicapantes pour les candidats, rien ne sera fait. La ministre aura compris qu'il y a des lignes rouges à ne pas franchir et c'est cette impuissance qui l'aurait poussée à marquer son territoire par une décision aussi polémique qu'incompréhensive. Nos élèves ne sont ni des Scandinaves ni ne parlent chinois dans la rue. Tous les enfants algériens fonctionnent au quotidien avec le dialecte d'où cette incompréhension devant l'entêtement de la tutelle alors que les priorités ne manquent pas. La première réforme de l'école doit impérativement passer par le nivellement par le haut du niveau de l'enseignant. Un chantier connu et reconnu par tous et qui handicape fortement le développement intellectuel de l'apprenant. Au lieu de consacrer une tout autre énergie à essayer d'améliorer le niveau pédagogique des enseignants, on s'étonne encore de la futilité de certaines décisions en marge de tout bon sens. Refonder la teneur des programmes, les alléger, se délester des huit heures par jour imposées par on ne sait quelle logique contre tout entendement et prendre exemple sur l'école scandinave ou américaine pour essayer de sauver ce qui peut l'être encore.