Depuis le début de l'été, la wilaya de Tlemcen est frappée par un désolant enchaînement d'incendies de forêts ravageurs. Les immenses massifs forestiers de Ziaten (Ghazaouet), Fillaoucène, Zarifet, Asfour, Trara et Tizi (Amieur), s'embrasent tour à tour. Selon des sources concordantes, environ 500 hectares de végétation et de forêts (dont plus de 200 hectares de pins d'Alep) ont été ravagés jusqu'à ce jour par les flammes d'une centaine d'incendies. Les spécialistes de l'environnement s'attendent à ce qu'un éventuel record d'incendies pourrait même être atteint cette année, si la canicule persistait. La semaine dernière, des dizaines d'hectares de la superbe forêt de Zarifet (sur la commune de Mansourah), ont été dévorés par les flammes. Un autre feu, le plus important survenu cette année, avait eu lieu mi-juillet entre Ghazaouet et Honaïne, à environ 60 kilomètres de Tlemcen, avec des dizaines d'hectares brûlés. « Nous enregistrons avec désolation les ravages provoqués par ces incendies répétitifs dans la wilaya. Face à l'ampleur des dégâts subis à ce patrimoine forestier, l'on devrait décréter un état d'urgence dans la wilaya de Tlemcen. C'est vrai que le risque de feux de forêts est très présent durant cette saison estivale où règne une canicule permanente. Le climat chaud et la sécheresse qui sévissent dans la région ont leur part de responsabilité dans les gigantesques incendies qui ont ravagé ces belles forêts. Mais les causes réelles de ces incendies sont-elles bien connues ? Pourquoi les incendies sont-ils devenus si nombreux et si fréquents ? Les moyens mis à la disposition des éléments de la Protection civile sont-ils suffisants ? La conservation des forêts assure-t-elle une protection suffisante de ces espaces naturels ? Le dispositif préventif et actif contre les incendies de forêts est-t-il défaillant ? Le mouvement associatif et les associations sensibilisent-ils les citoyens sur ces destructions écologiques ? L'éducation et les médias jouent-ils leurs rôles dans la sensibilisation des riverains à proximité des forêts ? », s'est interrogé le président de l'Association de sauvegarde et de protection de l'environnement de Tlemcen (ASPEWIT), Morsli Bouayed, très chagriné par ces feux ravageurs. Selon des informations nous parvenant, la plupart des incendies de forêts sont d'origine criminelle, provoqués par des personnes qui brûlent et déboisent volontairement d'immenses superficies à cause de la forte spéculation foncière. A Honaïne, chaque année, des énergumènes défrichent et préparent de vastes superficies pour les vendre en lots de terrain ou les construire. Ils y mettent le feu notamment sur la périphérie de la forêt qui domine la mer. Aujourd'hui, l'idée de reboiser les espaces dévastés par le feu prend déjà son chemin chez quelques associations de l'environnement. « Nous devons tous se mobiliser pour éviter une répétition de ces catastrophes environnementales à l'avenir. Il faut mener des opérations de reboisement pour redonner vie à toutes les zones forestières dévastées par les terribles incendies survenus cet été », a indiqué Abdelhafid Sahnoune, président actif de l'association de l'environnement à Hennaya. Et d'ajouter : « Le mouvement associatif et les associations doivent réagir vite, si l'on veut protéger cette couverture végétale, à laquelle vient s'ajouter l'importante diversité des zones forestières de la wilaya constituées de dizaines d'essences d'arbres différentes et de multiples faunes ». Un avocat nous a, pour sa part, indiqué qu'il faut durcir la loi de protection de l'environnement. « Il faut promulguer une loi dissuasive qui condamne sévèrement la destruction des forêts et l'incendie criminel des forêts qui ne semble jamais prendre fin. Cette loi doit prévoir des peines de prison à l'encontre des criminels », a-t-il proposé. Investir dans l'information et la formation en matière de lutte contre les incendies de forêts réduira aussi bien le nombre de ces incendies ainsi que les coûts de leur extinction. Aussi longtemps que les populations ne réaliseront pas le danger qu'il y a à allumer un feu en pleine forêt sans prendre de précautions, surtout en saison estivale, les feux vont continuer à ravager chaque année des grands espaces forestiers de notre wilaya. A noter que la wilaya de Tlemcen couvre une superficie forestière de 225.000 ha composée de forêts, maquis et broussailles. Elle occupe le premier rang dans l'ouest du pays du point de vue de la superficie forestière et la troisième place au niveau national. Le taux de boisement est de 24%. Les principaux peuplements forestiers sont de 83.000 ha de pin d'Alep, 82.000 ha de chêne vert, 16.500 ha de thuya, 13.000 ha de genévrier, 4.800 ha de chêne liège et 25.700 ha autres (broussailles, lentisques, doum, oléastre).