Depuis plus d'une année, le marché de véhicules d'occasion d'El-Kerma est déserté car ne pouvant résister à la concurrence rude des marchés informels des quartiers «Les Castors», St-Eugène et Gambetta qui ont la peau dure. Impossible de délocaliser ce commerce fleurissant qui s'est imposé de lui-même en squattant des quartiers entiers sans tenir compte des désagréments que peut causer cette activité sur la vie de tous les jours des habitants. Il est 10h du matin, au quartier Les Castors. Les véhicules de toutes marques occupent déjà les lieux. Ce quartier qui était autrefois paisible et calme est devenu brouillant de toute la clientèle qu'il attire à longueur de journée. Encore, nous dit-on, à 10h du matin, l'activité est timide. Il faut se pointer entre 17h et 20h pour voir le vrai visage de ce marché, nous diront les habitants. Un brouhaha insupportable. Des va-et-vient incessants en plus des agressions, disputes engendrés par ce commerce informel. Difficile de vivre dans ces conditions et plus difficile encore de délocaliser ce marché, devenu une véritable plaie dans le quartier. Même situation à St-Eugène. Les voitures sont garées sur les trottoirs. En attendant la clientèle, courtiers et propriétaires de véhicules s'installent dans le café d'en face guettant toute personne qui s'approche de leur « marchandise ». Aucun moment de répit durant la journée. Les nuisances sonores et autres désagréments ont poussé même des habitants à déménager ailleurs. Le marché d'El-Kerma perd le nord Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le marché d'El-Kerma a perdu toute sa clientèle depuis plus d'une année. Envahi par l'informel, il est devenu un espace vide, déserté sans aucune âme. Bien que flambant neuf, il n'attire plus les clients. Pourquoi ? Pour les courtiers et habitués, cet espace est devenu inadéquat pour un tel commerce. L'entrée n'est pas gratuite comme c'est le cas aux Castors, St-Eugène et Benfréha. Il n'ouvre pas tous les jours et le plus contraignant est le stationnement à l'intérieur. «Une fois rentré à l'intérieur, tu es condamné et tu ne peux quitter les lieux qu'à la clôture du marché », nous dira un habitué du marché de véhicules d'occasion. Pour avoir des explications sur cette situation, nous nous sommes rendus au marché d'El-Kerma et discuté avec un responsable de l'Epic gérant de la place. On nous dit sur place que jadis, ce marché était très dynamique avec une clientèle à longueur de journée. Mais depuis plus d'une année, c'est le désert. Personne ne vient vendre sa voiture ici. Chose qui a été confirmée par le responsable de l'Epic. Ce dernier nous a expliqué qu'effectivement durant une année après son ouverture le 2 janvier 2013, le marché a fonctionné à plein régime. Mais ces dernières années, l'activité a beaucoup baissé pour ne pas dire devenue nulle à cause de la concurrence des autres marchés dont celui de Benfréha, situé à 70 km d'El-Kerma et les trois autres marchés informels des Castors, St Eugène et Gambetta. Faut-il revoir toute la politique de gestion du marché? Le même responsable incombe cette situation à la concurrence déloyales des autres marchés avec les avantages qu'ils offrent aux clients. Evoquant le marché de Benfréha, notre interlocuteur souligne que « ce marché s'étale sur une surface de 10 ha, tandis que celui d'El-Kerma a une superficie de 3 ha. Aussi à Benfréha, le commerce est diversifié. On y trouve de tout. De la pièce détachée à la brocante. A El-Kerma, l'activité est limitée à la vente de véhicules seulement ». Sur la tarification, le représentant de l'EPIC gérant du marché a indiqué qu'au « début, les prix étaient fixés à 400 DA le vendredi et samedi de 4h du matin à 12h. Puis nous les avons baissés à 200 DA puis à 100 DA pour les jours de semaine et cela n'a pas aidé à redresser la situation pour la simple raison que l'entrée ailleurs est gratuite. Au marché de Benfréha, l'entrée est gratuite à partir de 9h ». L'autre problème évoqué est celui du stationnement des véhicules. Le même responsable fera remarquer que le marché d'El-Kerma ne dispose pas d'une issue de secours. Une fois à l'intérieur, le véhicule est condamné. Cela pose un problème pour les gens qui vendent et veulent quitter les lieux avant la fermeture. Pour améliorer les prestations de services, l'EPIC a aménagé des sanitaires et ouvert un café, mais sans résultat. La clientèle est toujours désintéressée. Malgré les campagnes de publicité, le chiffre d'affaires de l'EPIC est en baisse. Faut-il revoir donc toute la politique de gestion avec la consultation de tous les acteurs de cette activité ? Une solution à étudier, selon ce responsable, pour redonner à ce marché sa vocation première et lutter contre l'informel.