A l'heure qu'il est, Christian Gourcuff, en entraîneur expérimenté, doit se poser bien des questions. La première, c'est de tenter de trouver une réponse à la faible prestation de ses poulains face à un adversaire d'un niveau inférieur, qui a failli les tenir en échec sans le flair de Soudani, décidément plus percutant que jamais et fort désireux de mettre les choses à leur place. En effet, nul n'ignore que ses relations avec le coach national ne sont pas au beau fixe. On ne le répètera jamais assez, à savoir qu'une victoire arrachée plutôt que conquise ne doit pas masquer les nombreuses lacunes relevées dimanche après-midi. C'est simple, l'organisation a laissé beaucoup à désirer, et l'absence du duo Bentaleb-Feghouli ne saurait constituer une excuse. Cela d'autant que Gourcuff a toujours accordé une grande importance à ce volet essentiel. Or, on a vu un milieu de terrain surpeuplé, puisque, outre les quatre joueurs désignés dans cette zone, se sont incrustés les latéraux Zeffane et Ghoulam. Cette manière d'opérer est allée à l'encontre des consignes du coach national, un adepte convaincu de l'occupation rationnelle du terrain, et notamment sur sa largeur. Les Algériens se sont mêlés les pinceaux en croyant assurer une supériorité numérique. La seconde remarque a sauté aux yeux même des profanes. Encore une fois et tout comme sous l'ère Halilhodzic, Slimani se bat trop souvent sur le front de l'attaque et, s'il lui arrive de ne pas trouver le chemin des filets comme ce fut le cas face au Lesotho, aucune critique ne doit lui être adressée. Faute de soutien ou d'appui, le goléador du Sporting Lisbonne ne peut faire la décision tout seul. Sous prétexte que Brahimi avait les clés de l'animation offensive, Slimani s'est retrouvé en difficulté face à des adversaires en surnombre. A vingt minutes de la fin du match, Gourcuff a incorporé Bounedjah à sa place. Un joueur évoluant sur un autre registre et qu'il faudra revoir dans un autre contexte. L'autre observation a trait à la défense. Glissant dans l'axe après de nombreuses années sur le flan droit, Mandi n'a pas encore les réflexes spécifiques d'un libéro et sa complémentarité avec Medjani est loin d'être un modèle du genre, du moins au cours de ce match. Le joueur du Stade de Reims n'est pas exempt de reproches sur le but du Lesotho, le premier que l'équipe nationale encaisse dans ces éliminatoires. Paradoxalement, ce but est intervenu au cours de la moins mauvaise période des Fennecs, lesquels, même si leur taux de possession de balle était supérieur à celui de leurs adversaires du jour, ont failli dans le démarquage et le placement. Brahimi a touché beaucoup de ballons, mais à notre avis, il est plus efficace sur le flanc gauche. D'ailleurs, c'est à partir de cette zone qu'il a «créé» le second but de Soudani. L'attaquant s'est «éparpillé» sur tout le front sous prétexte qu'il était «l'électron libre» de ce match. Avec les conséquences que l'on sait. En principe, l'équipe nationale devrait terminer en tête de son groupe après ces deux précieuses victoires et le calendrier (réception de l'Ethiopie) lui est favorable. Aussi, Gourcuff a tout le temps de revoir sa copie et d'essayer d'autres joueurs qui frappent à la porte de l'EN. Quelques uns faisaient partie de l'effectif à Maseru. Mais on ne saurait oublier que Belaïli aurait dû se trouver avec eux. Car, enfin, il y a des évidences qui sautent aux yeux et que Gourcuff ne peut ignorer.