Décrié par des citoyens, le système de santé en Algérie se transforme et effectue progressivement sa mue à travers des réformes en cours pour améliorer la prise en charge des malades, moderniser l'acte de soins et mettre fin aux nombreux dysfonctionnements. C'est en gros ce qu'a affirmé hier à la radio nationale M. Said Mekkaoui, directeur des études au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Il a expliqué que «la santé des citoyens est en tête des priorités du ministère». Pour autant, il reconnaît que sur le terrain, cela n'est pas «très visible» avec, selon plusieurs témoignages de malades et parents de malades, une très mauvaise prise en charge des malades dans les structures hospitalières, parfois débordées, souvent sans personnel médical au-delà de 17 heures, et même après 16 heures pour les polycliniques. 'Il y a des dérèglements, des dysfonctionnements dans les structures de la santé, et cela est en train d'être amélioré'', a relevé M. Mekkaoui qui a évoqué un plan de redressement du secteur sans le détailler. Le directeur des études au ministère de la Santé a par ailleurs souligné que 'la pression sur le secteur est aux urgences, et on est en train de corriger les choses au fur et à mesure, dont la prise en charge immédiate des patients, la présence des personnels, et l'amélioration des moyens thérapeutiques''. Sur la question de la démolition de l'hôpital Mustapha, il a catégoriquement nié cette éventualité, estimant qu' 'on ne rase pas l'hôpital Mustapha. C'est un grand hôpital, la question était en fait de savoir si on avait assez de moyens pour répondre à la demande''. En plus d'un certain nombre d'établissements, 'on a pensé qu'il fallait créer un autre CHU sur Alger'', a expliqué M. Mekkaoui, qui a par ailleurs parlé de la prochaine réorganisation du secteur en circonscriptions sanitaires pour répondre à la demande en soins, en constante progression. Mais, pour le moment, il n'y a pas encore de visibilité sur cette réforme des unités de soins, comme les polycliniques ou les établissements hospitaliers et de santé (EHS). Quant à la question de savoir pourquoi les polycliniques, des structures de santé de proximité, ferment à 16 heures, le directeur des études au ministère de la Santé est resté évasif, se contentant d'affirmer que «toutes les polycliniques ne fonctionnent pas 24/24». L'autre fléau des hôpitaux et structures de santé en Algérie, le manque d'hygiène dans plusieurs structures hospitalières, comme celles découvertes lors d'une récente visite du ministre de la Santé à Constantine, il a reconnu cette situation qui a été détaillée lors d'un audit demandé par le ministre. Mais, il impute 'la saleté'' dans les hôpitaux algériens également aux 'usagers de la santé, qui doivent nous aider. C'est une responsabilité de tous, l'hygiène des hôpitaux'', a-t-il dit. Pour lui, 'les CHU ne règlent pas les problèmes de santé à l'échelle nationale, mais les structures locales''. En outre, M. Mekkaoui reconnaît que le secteur a bénéficié 'd'enveloppes budgétaires conséquentes, et on a augmenté le nombre de structures hospitalières, qui ont été multipliées par 10 et 20''. Quid de leur efficacité? Enfin, M. Mekkaoui a été catégorique: il n'y aura pas 'de remise en cause de la gratuité des soins, pour tous les soins''. Mais, au Conseil de l'ordre des médecins, on estime que les citoyens 'n'ont plus confiance'' dans le système de santé actuel. Selon le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l'ordre des médecins, il faut assurer 'le retour de la confiance du citoyen dans le système de santé nationale publique''. Dans une déclaration à la radio nationale, il a relevé que « ce n'est pas de gaieté de cœur que les Algériens vont vers les structures publiques comme les CHU », reconnaît-il pour schématiser les nombreux dysfonctionnements constatés dans la prise en charge des malades dans les structures sanitaires publiques, dont les hôpitaux. « Il faut que le médecin soit à disposition du malade, et rétablir cette confiance qui nous manque beaucoup ; il faut faire beaucoup de chose à ce niveau, et redonner espoir aux malades », estime t-il. « Il faut trouver un système de santé qui réponde aux besoins des malades, des Algériens », avait-il préconisé dans un entretien à la radio nationale.