L'augmentation de certains impôts prévus par le projet de loi de finances 2016 ne toucheront pas les couches défavorisées, a affirmé lundi le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa. Intervenant au Forum de la Radio nationale, le ministre a indiqué que ces nouvelles mesures fiscales et taxes visaient à rationaliser la consommation des produits dont le subventionnement pèse lourdement sur le budget de l'Etat. Le projet de loi de finances 2016 (PLF 2016) propose de relever le taux de la TVA pour passer de 7% actuellement à 17% sur la vente de gasoil, sur le gaz naturel lorsque la consommation dépasse 2.500 thermie/trimestre et sur l'électricité lorsque la consommation dépasse les 250 kilowatt-heure/trimestre. Avec ces augmentations, les prix des carburants vont passer à 19 DA/litre pour le gasoil et à 25 DA/litre pour l'essence super. Pour M. Benkhalfa, l'Etat continuera à subventionner les prix de ces produits tant que la consommation est «raisonnable», mais dès que celle-ci dépasse un certain niveau, le citoyen doit payer ces nouvelles taxes. «Mais malgré cette augmentation, le prix de vente de ces produits (gasoil, électricité et gaz) ne couvrira toujours pas son prix de revient», selon lui, ajoutant que ces nouvelles dispositions fiscales visent aussi à réduire les flux de contrebande aux frontières qui ciblent en particulier les carburants. Par ailleurs, il a rappelé que le PLF 2016 propose de réduire les dépenses budgétaires de 9% par rapport à 2015, une baisse qui concerne les dépenses de fonctionnement. Cependant, M. Benkhalfa a assuré qu'»il n'est pas question de réduire les salaires ni de réduire le niveau d'investissement public puisque nous maintiendrons le même niveau du budget d'équipement» lequel se chiffre à 3.176,8 milliards DA. Interrogé par l'APS sur l'éventuel recours de l'Algérie à un emprunt extérieur pour financer ses grands projets structurants, M. Benkhalfa a indiqué que ce type de financement visait à diversifier les ressources de financement extra-budgétaires, écartant toute possibilité de recourir à un endettement extérieur pour financer le budget de l'Etat. «Ces financements extérieurs seront des partenariats public-privé entre des acteurs économiques nationaux et internationaux et non entre Etat et Etat», a précisé le ministre, en précisant que ces emprunts devraient être approuvés, au cas par cas, par le gouvernement. Il a également expliqué que ce type de financement, très répandu à travers le monde, permettrait à l'entreprise, chargée de réaliser un projet, de partager le risque avec son partenaire étranger puisque ce dernier participe dans son financement. A rappeler que le ministre du Commerce, Bakhti Belaib, avait évoqué récemment la possibilité de l'Algérie de recourir à un emprunt bancaire auprès de la Chine pour financer les grands projets nécessitant d'importants financements. A une question sur l'opération de bancarisation des fonds informels contre le paiement d'une taxe forfaitaire de 7%, lancée en août dernier dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2015, M. Benkhalfa a indiqué que celle-ci se déroulait dans de «bonnes conditions», mais s'est gardé de préciser le montant collecté jusqu'à maintenant. «Peut-être, d'ici la fin de l'année, nous pourrons établir un bilan», s'est-il contenté de répondre. En outre, il a réaffirmé qu'en dépit de la baisse drastique des revenus pétroliers, l'Algérie dispose encore d'une marge de manoeuvre: «Nous sommes dans une tourmente internationale. Toute l'économie mondiale est affectée, y compris les grandes puissances. Mais pour nous, l'Algérie, nous avons une marge de manoeuvre». Toutefois, a-t-il admis, «cette marge ne suffit pas. C'est le travail qui va nous protéger (de la crise)», appelant les Algériens à faire preuve du «patriotisme économique» en veillant à ne pas gaspiller les ressources de la nation.