La lutte contre le phénomène des constructions illicites dépend de la célérité d'intervention. Plus le coup de riposte s'opère à temps, plus il s'avère efficace en termes d'éradication et d'effet dissuasif. Et plus il est en déphasage (par rapport à l'éclosion du baraquement), plus il perd en efficacité, et devient tout bonnement une vaine tentative après installation des ménages. Tout dépend, en définitive, du dispositif de veille et d'alerte. On a eu une petite démonstration de cette «règle» élémentaire hier, à l'occasion d'une opération de démolition menée à El-Hassi. D'un côté, la promptitude de l'action, qui a été déclenchée par les pouvoirs publics juste après la signalisation d'un début d'érection de constructions illicites, a permis d'étouffer dans l'œuf ce «projet» malveillant. Sur place, en effet, il n'y avait aucun «élément humanitaire» à prendre en considération et l'opération s'est résumée en une action sèche de «bulldozer vs béton». Bilan: 25 débuts d'habitations illicites rasées à terre en une poignée de minutes. Cela, sans nul doute, est à mettre au compte d'une alerte à temps de ce fait suspect - voire avéré du premier coup d'œil - qui avait pour cadre un site à flanc de monticule à un jet de pierre seulement de l'entrée du village d'El-Hassi, via la bifurcation de «Coca» menant vers la Corniche supérieure, à proximité d'une installation de stockage de Seor. Mais, de l'autre côté, une vingtaine d'habitations illicites, déjà occupées par des familles, n'ont pu être détruites. Dans ce cas-là, à l'évidence, ce n'était pas la résistance, quand bien même elle était farouche, de ces auto-constructeurs, faisant fi de toute loi, qui a mis à l'arrêt la machine de l'Etat, mais plutôt la délicatesse de la situation, sur les plans humanitaires et juridiques. Aussi, les autorités n'ont, elles, eu d'autre choix que de traiter ce cas d'espèce autrement et non par la démolition sur-le-champ. On croit savoir qu'il a été décidé, faute de pouvoir éradiquer sur le coup ces habitations qui abritent des ménages en leur sein, d'en recenser les familles en vue d'un éventuel relogement dans l'élan de la grande opération de relogement de 8.310 familles, d'ici à fin décembre. D'une manière ou d'une autre, ce début de bidonville sera rasé de bout en bout et aucune autre baraque ne verra le jour à cet endroit, insiste-t-on à la wilaya. D'autre part, 54 autres constructions illicites ont été démolies hier au niveau de la localité de Kharrouba à Hassi Bounif. Il s'agit de 50 constructions en cours de réalisation et 4 autres occupées par des familles. L'operation s'est déroulée sans incidents. DOMAINE FORESTIER : LE CONTRASTE BILAN-REALITE Lors de la plénière APW, juin dernier, au chapitre relatif à la lutte contre les constructions illicites érigées sur le domaine forestier public faisait état, au titre d'un point de situation pour le 1er semestre 2015, de 10 PV, 9 arrêtés de démolir proposés ciblant 77 constructions illicites, avec comme bilan: 16 habitations illicites rasées à la faveur de 4 arrêtés de démolir. C'est-à-dire, pour récapituler, au cours des premiers six mois de l'année en cours, 16 baraques nichées à l'orée des forêts de la wilaya d'Oran, soit une superficie de 41.302 ha, ont été éradiquées, selon un bilan officiel du secteur des Forêts. D'aucuns estiment que ce bilan est, sous quelque angle qu'on l'aborde, trop tendre, trompeur et à mille lieues de l'envergure de la bidonvilisation qui ne cesse de bouffer des pans étendus du massif forestier à hauteur des zones tampons «forêt-cité». Il suffit de faire des virées espacées dans le temps - par exemple, tous les deux mois - du côté de Haï Bouamama, au lieudit «Coca», ce conglomérat de maisons de fortune superposées les unes sur les autres, à flanc de montagne, point d'amorce de la Corniche supérieure (CW 45). Là, les taudis à base de parpaing et de tas de ferraille poussent comme des champignons dans le sens de la hauteur, c'est-à-dire vers la cime du monticule, et dans le sens du plan, c'est-à-dire tout au long de l'axe routier, de part et d'autre, en s'incrustant dans les profondeurs des bois. Evidemment, une vue aérienne permettrait de se faire une idée plus précise sur ce phénomène, puisqu'il s'agit en fait de quelque chose qui bouge, en perpétuel mouvement, et non d'une configuration statique. On ne dispose pas d'un indice de croissance via une démarche de recensement et de quantification réelle, mais il est clair, à vue d'œil, que chaque mois de nouvelles constructions de fortune viennent se greffer au déplorable décor de «Coca».