Réalisés immédiatement après des évènements traumatisants, les 1ers sondages sont marqués par l'émotion des Français. Ces derniers placent naturellement l'exigence de sécurité au 1er plan. Dans un contexte particulièrement dramatique, faut-il aller sonder des populations particulièrement traumatisées et qui réagissent nécessairement avec plus d'émotion que de raison ? Faut-il au contraire que les politiques tiennent compte précisément de l'avis des citoyens qu'ils doivent connaître ? Vieux débat. Toujours est-il que les premiers sondages voient naturellement le jour. Mardi, un sondage Ifop réalisé pour le Figaro et RTL se proposait de dresser un 1er état des lieux sur ce que pensent les Français après les attentats de Paris. La situation actuelle pèse lourdement sur leur choix : plutôt moins de liberté contre plus de sécurité. Plus de huit Français sur dix (84%) se déclarent ainsi « prêts à accepter davantage de contrôle et une certaine limitation de leurs libertés ». Un autre sondage pour le Parisien Libéré paru hier confirme cette tendance générale à l'approbation de mesures fortes, voire très répressives, pour garantir la sécurité. Les mesures proposées par François Hollande aux parlementaires français à Versailles sont plébiscitées: selon Le Parisien, les sondés approuvent à 91% l'élargissement des possibilités de déchéance de la nationalité française, à 89% la création de 5.000 emplois supplémentaires de policiers et de gendarmes et à 84% le fait de faciliter les règles de la légitime défense pour les policiers. Pour le sondage RTL/Figaro de la veille, près de 9 personnes interrogées sur 10 (87%) ont confiance dans les forces de l'ordre (police, gendarmerie et renseignements), pour faire face et lutter contre le terrorisme. Les trois quarts des Français sont également «plutôt favorables à ce que toutes les personnes qui font l'objet d'une fiche «S» soient arrêtées et emprisonnées car l'Etat ne doit prendre aucun risque dans la période actuelle». Sur l'échiquier politique, ce sont naturellement les sympathisants du Front national (94%) à y être favorables, suivis pas les sympathisants des Républicains (87%) et du Parti socialiste (64%). Mais, à la gauche de la gauche, presque la moitié des sympathisants du Front de gauche (47%) sont également favorables à une mesure pour le moins oublieuse des droits individuels et qui d'ailleurs n'a pas été retenue par François Hollande lors de son discours. Sur le front extérieur, 81% des personnes interrogées (20% de plus par rapport à septembre) par Le Parisien approuvent les frappes aériennes contre Daech en Syrie (contre 18%) même si 63% jugent qu'elles vont «contribuer à davantage exposer» la France à des risques d'attentats. Les Français sont également majoritairement favorables (62% contre 38%) à ce que la France participe à une intervention militaire au sol en Syrie, ce qu'exclut aujourd'hui l'exécutif. Le sondage Le Figaro/RTL confirme cette tendance à la demande de durcissement des engagements militaires extérieurs de la France: une majorité des Français (59%) estiment que « la France a basculé dans une véritable situation de guerre » et sont favorables (85%) à la participation militaire de la France à l'intervention internationale en Syrie contre les djihadistes de Daech. HESITATIONS SUR «L'UNION NATIONALE» François Hollande se sort plutôt bien des 1res enquêtes d'opinion : ils n'étaient que 50% des sondés en début de semaine à faire confiance dans le président Hollande et son gouvernement dans le sondage RTL / Le Figaro pour faire face à la situation sécuritaire. Mercredi, les trois quarts des Français (73%) jugent que François Hollande a été « à la hauteur » des événements après les attentats et ils approuvent à une très large majorité les mesures proposées par le chef de l'Etat en riposte, selon le sondage Odoxa pour Le Parisien. 25% des Français jugent ainsi que le président de la République a été « tout à fait » et 48% « plutôt » à la hauteur. 26% pensent qu'il ne l'a pas été et 1% ne se prononce pas. Sans surprise, les jugements sont beaucoup plus positifs chez les sympathisants de gauche (90%) mais sa réaction est également majoritairement approuvée à droite (63%). Cette remontée de l'image et du crédit, très malmenés, de François Hollande depuis le début de son mandat doit conforter sa stratégie d'appel à « l'union nationale », approuvée par 76% des sondés du Parisien qui estiment que l'appel à l'union nationale « est une bonne réponse car cela montre que la démocratie est plus forte que le terrorisme ». Ce soutien populaire actuel à l'initiative présidentielle complique un peu plus l'attitude de l'opposition de droite qui avait refusé dans un premier temps cette stratégie d'union nationale, déstabilisée notamment après avoir vu la plupart de ses propositions de durcissement répressif, largement reprises par François Hollande dans son discours au Congrès. Notons enfin que la réforme constitutionnelle qu'il a proposée réclame un vote positif des 2/5 de la représentation parlementaire et donc un engagement positif de l'opposition. Côté vie quotidienne, interrogés sur les sentiments qu'ils éprouvent après les attentats de Paris - deux réponses possibles seulement -, 57% des Français répondent au Parisien, »la colère», 40% «la peine», 31% «la solidarité» et 13% «la peur». Ce dernier indicateur augmentera-t-il fortement dans les prochaines semaines, notamment dans l'hypothèse de nouveaux attentats ? Les deux tiers de personnes interrogées par RTL / Le Figaro estiment eux que la vie quotidienne des Français va changer dans les prochains mois, et un peu moins de la moitié (44%) estiment que ces changements affecteront leur propre vie quotidienne. Ce chiffre est partiellement contredit par un autre sondage réalisé dimanche par l'Union. A la question : allez-vous changer vos habitudes de vie ?, « vous avez été près de 80% à répondre « non » à la question. 16% avouent qu'ils changeront et ont répondu « oui », précise le quotidien régional.