Un projet d'accord mondial sur le climat "juste" et "durable" a été présenté hier samedi à Paris par le président de la conférence Laurent Fabius, qui a appelé les 195 pays à adopter "un accord historique", lors d'un discours empreint d'émotion et ponctué d'applaudissements. "Nous sommes presque au bout du chemin et sans doute au début d'un autre", a déclaré Laurent Fabius, au bord des larmes en évoquant "les ministres, négociateurs, et militants" qui "ont agi" pour le climat "sans pouvoir connaître ce jour". Le projet d'accord est "juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant" et "s'il est adopté, ce texte sera un tournant historique", a poursuivi le ministre français des Affaires étrangères, à la tribune, au côté du président français François Hollande et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Après d'intenses tractations pour conclure un accord devant donner une ampleur inédite à la lutte contre le réchauffement climatique, les délégations qui ont négocié jour et nuit sur la fin de la COP, doivent se retrouver à 15H45 en vue une adoption formelle du texte. Le texte ne fera pas l'objet d'un vote formel, le consensus étant requis dans le cadre de la Convention climat de l'Onu. Ban Ki-moon a appelé l'ensemble des pays à "finir le travail", en adoptant un pacte climatique contre un réchauffement qui aggrave les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations. François Hollande, qui avait décidé en 2013 de proposer la France comme pays hôte de la COP21, a lui exhorté la communauté internationale à faire "un pas décisif"."Ca devrait être bon mais on verra, a lâché John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, présent dans la salle. Le texte entérine l'objectif de contenir le réchauffement "bien en deçà de 2°" et "s'efforce de le limiter à 1,5°", a déclaré Laurent Fabius, un but plus ambitieux que la barre des 2°C, visée jusqu'à présent. L'accord de Paris doit préciser les moyens pour y parvenir. Selon Laurent Fabius, l'aide aux pays en développement pour faire face au réchauffement, qui doit atteindre 100 milliards de dollars annuels en 2020, devra "être un plancher": une exigence de longue date des pays du Sud. L'objectif de parvenir en 2015 à un accord universel et contraignant a été fixé en 2011 à Durban, en Afrique du Sud, et a été au cœur des conférences annuelles de l'ONU sur le climat depuis. Les discussions engagées ont culminé pendant deux semaines au Bourget, au nord de Paris. Lors du coup d'envoi de la COP21, 150 chefs d'Etat et de gouvernement étaient venus exprimer l'urgence à agir face à un phénomène qui touche tous les pays et au premier chef les plus pauvres, disposant de moins de moyens pour y faire face. L'emballement du mercure menace la production agricole, les ressources marines, les réserves en eau de nombreuses régions. Quant à la montée des océans, elle met en danger des Etats insulaires, comme les îles Kiribati, et des communautés côtières, au Bangladesh par exemple. Ce pacte, qui entrera en vigueur en 2020, doit permettre de réorienter l'économie mondiale vers un modèle à bas carbone. Une telle révolution implique un abandon progressif des ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz), qui dominent largement la production énergétique mondiale, un essor des énergies renouvelables, des économies d'énergies ou encore une protection accrue des forêts. Des engagements, notamment financiers, concernant la période avant 2020 devront aussi être formellement adoptés lors de la séance plénière. Les objectifs des pays, établis en vue de la COP, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mettent à ce stade la planète sur une trajectoire de +3°C par rapport à l'ère pré-industrielle. L'accord doit mettre sur pied un mécanisme permettant de les réviser régulièrement à la hausse. Jusqu'au dernier moment, des divergences ont porté notamment sur le respect du principe de la "différenciation", voulant que les pays développés s'impliquent davantage, au nom de leur responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre. L'autre grand point épineux était la question des financements et de l'ambition de l'accord. Dans Paris, des militants écologistes ont prévu samedi de multiplier les actions (chaîne humaine, rassemblement devant la Tour Eiffel) pour afficher la mobilisation des citoyens sur le climat et rendre hommage "aux victimes du réchauffement climatique", alors que 2015 promet d'être l'année la plus chaude jamais enregistrée.