Le gouvernement semble jouer sur un terrain social sensible, celui de la retraite. La confirmation de l'âge légal au départ à la retraite des assurés sociaux affiliés à la CASNOS, c'est-à-dire les non-salariés, au mois de novembre dernier, dans la foulée des déclarations du Premier ministre sur la retraite anticipée, ont alimenté ces derniers jours de folles rumeurs sur une révision du régime de retraite en Algérie. Des rumeurs suffisamment insistantes et bien 'enroulées'', rapportées par certains médias, avaient fait état d'une rallonge de l'âge légal de départ à la retraite, qui passe de 60 ans à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes. La polémique a fait descendre dans l'arène le gouvernement pour démentir toute révision ou changement du régime actuel de la retraite en Algérie. C'est, bien sûr, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, qui a été chargé de cette tâche pour démentir ces 'rumeurs''. «Je démens catégoriquement, au nom du gouvernement, les rumeurs sur la renonciation aux acquis des travailleurs dans le cadre du système actuel des retraites», a-t-il affirmé en marge de la cérémonie de remise des clefs de logements au titre du programme du Fonds national de péréquation des œuvres sociales (FNPOS) à la cité 668 logements dans la commune des Eucalyptus (Alger). Il ajoute que 'de telles décisions importantes concernant les travailleurs ne sauraient être prises sans y associer les partenaires sociaux''. A côté de lui, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a également démenti ces rumeurs, pour qui «bien qu'infondées, ces allégations ont suscité une grande inquiétude auprès des travailleurs». Pour lui, seul le ministère du Travail est «responsable de l'application des règlements et lois relatifs au monde du travail». L'''information qui n'est pas appuyée par une déclaration officielle ne peut être prise en compte», a-t-il dit, soulignant que ce «genre de décisions socioéconomiques qui concernent les travailleurs ont leur propre cadre qu'est la tripartite». Quant au directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), Slimane Mellouka, il a expliqué qu'il n'y avait «aucune instruction» au sujet de la révision de l'âge légal de la retraite''. En fait, tout ce remue-ménage sur le régime de retraite aurait été provoqué par la publication du régime de retraite pour les non-salariés. 'Le nouveau décret exécutif relatif à la sécurité sociale des non-salariés qui exercent une fonction libérale ne prévoit aucune modification de l'âge de la retraite de cette catégorie de travailleurs'', relève M. Mellouka, qui a souligné que l'article 9 du décret exécutif 15-289 du 14 novembre 2015 relatif à la sécurité sociale des personnes non-salariées exerçant une activité pour leur propre compte, stipule que «sans préjudice des dispositions des articles 8 et 21 de la loi 12-83 du 2 juillet 1983 relative à la retraite, l'âge donnant droit à la pension de retraite est de 65 ans pour les personnes de sexe masculin et 60 ans pour les personnes de sexe féminin». Sur une éventuelle révision de l'âge de départ à la retraite, qui est de 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes, il a dit qu'il n'existait «aucune instruction» dans ce sens. Le nombre des cotisants actifs est de 7 millions, alors que le taux de cotisations à la retraite est passé de 17 à 18%, celui de la cotisation à la sécurité sociale étant de 34%. En outre, 'les retraites anticipées ne coûtent pas beaucoup à la Caisse de retraite'', a-t-il affirmé. Pourtant, au mois d'octobre dernier à Biskra, le Premier ministre avait dénoncé le régime de départ à la retraite dit 'anticipé''. Pour les observateurs, le gouvernement, avec le rétrécissement des recettes pétrolières et le poids des charges sociales, songe sérieusement à supprimer, dans la foulée de l'abrogation du 87 bis, la retraite anticipée. A Biskra, lors de la dernière tripartite, Abdelmalek Sellal avait alors estimé qu'il est 'inconcevable que des travailleurs partent à la retraite à 50 ans ou moins car ils ont accompli 32 ans de service, alors que la Caisse nationale des retraites prend en charge leurs pensions''. Le gouvernement compte réviser le système actuel de la retraite anticipée, a-t-il ajouté. Pour rappel, la retraite anticipée avait été introduite dans la foulée des accords d'ajustement structurels, signés par l'Algérie en 1994 et 1996 avec le Fonds monétaire international (FMI), à un moment où l'Algérie était pratiquement en cessation de paiement avec une dette extérieure globale de 32 milliards de dollars. Et dans la foulée, le Premier ministre de l'époque, Ahmed Ouyahia, avait commencé le démantèlement des entreprises publiques, et fatalement le départ à la retraite anticipée, une recommandation du FMI, de centaines de milliers de travailleurs, alors que d'autres avaient tout simplement perdu leur travail.