Beaucoup de similitudes sont à relever entre les trois «affaires» du procès de Sonatarch 1 qui se poursuit toujours au tribunal d'Alger. Les instructions d'en haut, plutôt de l'ex- ministre Chakib Khellil et de l'ex- PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, l'option de l'urgence, et le recours contre vents et marrées au gré à gré avec des prix de réalisation de projet jugés exorbitants par rapport aux prix pratiqués sur le marché. Hier encore, le premier prévenu supposé impliqué dans le marché relatif à la réhabilitation du siège de Sonatrach à Ghermoul, à Alger, Abdelwahab Abdelaziz, directeur exécutif, a précisé devant le juge qu'il a reçu des instructions de la part du PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane, pour entamer «tout de suite» les travaux de démolition et le choix de l'entreprise pour la réhabilitation. «Il m'a signifié que c'était urgent et qu'il fallait descendre tout de suite pour dégager les surfaces et entamer les opérations de démolitions (arrachage des portes, des installations électriques et de gaz...)» Pourtant, dit-il, «un avis d'appel d'offres national et international ouvert a été lancé pour réaliser une étude sur ce projet de réhabilitation». Il précise que c'était un avis d'appels d'offres «pour diagnostic, étude et suivi du projet de réhabilitation du siège de Ghermoul». Il poursuit en disant que «8 soumissionnaires ont retiré le cahier des charges». Mais changement de cap à la dernière minute, selon l'auditionné qui a été convoqué par son supérieur Mohamed Senhadji et le PDG de Sonatrach en lui donnant des ordres d'entamer la démolition «en urgence». L'appel d'offres national et international a été enterré ; l'étude a été confiée au bureau d'études CAD de Melliani sur la base de marché gré à gré. En quoi consiste l'urgence cette fois ? demande le juge Mohamed Reggad qui a fait souligner que la notion de l'urgence est très prisée par le groupe Sonatrach. Pas de justificatif convaincant. «Les hauts responsables ont même exigé que l'entreprise qui devait entreprendre les travaux devait être une entreprise ayant du poids, pour des travaux exceptionnels, car le siège devait être attribué à la direction de la commercialisation» et que «la direction de commercialisation est la vitrine de Sonatrach ; elle doit être au Top». Abdelwahab Abdelaziz a affirmé devant le juge que le gré à gré est une pratique courante à Sonatrach. «Tout marché qui n'est pas quantifiable, est accordé au gré à gré». Le juge intervient en lui rappelant pourtant que le gré à gré est surtout adopté dans des marchés de produits périssables et de la pièce détachée utilisé dans la production. L'auditionné lui répond : «Non, c'est une pratique courante, 90% des marchés sont accordés par Sonatrach au gré à gré». Abdelwahab Abdelaziz a enfoncé davantage l'ex-PDG de Sonatrach qui avait demandé, après le déclenchement de l'enquête par la police judiciaire, de revenir à l'appel d'offres national et de supprimer l'exigence des produits luxueux, dans les cahiers des charges pour la partie réalisation. Contrairement à ce qui était demandé auparavant, une consultation restreinte et un cahier des charges favorable à des entreprises connues au niveau mondial, avec des moyens et utilisant les produits luxueux. A noter que c'est exactement ce qui s'est passé pour l'affaire du gazoduc GK3. Justement, lors de l'audition hier encore de Ben Amar Zenasni, responsable du transport par canalisations à la Sonatrach, il a évoqué les instructions encore et toujours de l'ex-ministre de l'Energie.