L'arrestation, il y a quatre jours, de six syndicalistes et militants des droits de l'Homme par les services de Sécurité, en réunion au siège du syndicat du Snapap, à Bab Ezzouar, sur ordre du wali d'Alger, a fait réagir la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Fédération internationale syndicale (PSI ). La Confédération syndicale internationale qui représente 180 millions travailleurs, à travers 162 pays, à travers le monde, a adressé une missive, en date du 8 février 2016, au ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, dénonçant «énergiquement» l'arrestation des syndicalistes et des militants des droits de l'Homme par la police. La Confédération internationale n'a pas exclu le recours au dépôt de plainte auprès des instances internationales, si jamais le gouvernement algérien ne répond pas, favorablement, aux demandes de la Confédération, en libérant les syndicalistes et en consacrant la liberté syndicale et le droit de se réunir et de débattre d'une façon pacifique. Cette confédération internationale a, également, protesté, à travers la lettre, contre la réquisition de la Maison des syndicats autonomes, à Bab Ezzouar, pour empêcher «une réunion pacifique et légitime de la société civile» La Confédération syndicale internationale s'est appuyée sur des informations qui leur ont été communiquées par la Confédération générale autonome des travailleurs, en Algérie (CGATA), en date du 6 février dernier. Des informations faisant état d'encerclement du siège du syndicat par une centaine de policiers, ayant agi sur ordre du wali d'Alger. Et ce, pour empêcher la tenue d'une réunion, dont l'objectif était de discuter la situation sociale du pays. Et de débattre la situation politique et économique et plus particulièrement, l'impact de l'amendement de la constitution et la loi de Finances 2016. Devant cet état de fait, la Confédération s'est dit consternée par les agissements des autorités algériennes. Elle a, dans ce sens, dénoncé la violation des liberté syndicales, en affirmant qu'une longue liste de cas de violations et de répressions, à l'égard de nombreux syndicalistes a été enregistrée, dernièrement, en Algérie . Pourtant, selon les rédacteurs de la lettre, l'Algérie avait ratifié la Convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection des droits syndicaux, en 1984. Pour la CSI, l'interpellation des syndicalistes ainsi que la réquisition de la Maison des syndicats, à Bab Ezzouar, «constituent une grave violation des obligations de l'Algérie de garantir le droit à la liberté d'association de ces citoyens». Et de rappeler que selon la commission sur la liberté syndicale au sein du BIT «toute perquisition au siège d'un syndicat ainsi qu'un domicile d'un syndicaliste, sans mandat judiciaire, constitue une grave violation de la liberté syndicale». La Confédération syndicale internationale durcit le ton, en appelant les autorités algériennes à l'évacuation des forces de l'ordre du siège du syndicat pour permettre l'exercice libre et indépendant des activités syndicales de la CGATA et de ses organisations affiliées. La Confédération s'est dite attentive à la suite que les autorités algériennes réserveront à cette situation. Mais, la confédération affirme qu'elle ne s'empêchera pas, si cela s'avère nécessaire, de porter plainte contre le gouvernement algérien, auprès des institutions internationales pour violation des droits et libertés syndicales. La Fédération internationale syndicale, l Internationale des services publics (PSI), a pour sa part, écrit au président de la République, en dénonçant la violation des droits syndicaux en Algérie. Cette fédération a, à son tour, exprimé sa préoccupation concernant la violation continue des droits fondamentaux du travail et des droits de l'Homme, en Algérie. Elle a dénoncé l'encerclement du siège, par la police, et l'interpellation des syndicalistes autonomes et des militant(e)s des droits de l'Homme qui préparaient une réunion en vue de lancer un appel à la mobilisation contre la loi des Finances 2016. La Fédération a évoqué l'arrestation des syndicalistes du SNAPAP et CGATA, le président du Syndicat national du transport SNATT, le président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, et un membre de l'association SOS Disparus'. La Fédération a appelé à l'arrêt des arrestations arbitraires de la répression et de l'utilisation de la force excessive ainsi que le harcèlement de militants syndicaux qui se mobilisent pour leurs droits à se réunir et leurs droits d'expression. La Fédération a, également, demandé de garantir le droit à la liberté de réunion, syndicale et d'expression, en conformité avec la Constitution algérienne et les prévisions du Pacte international relatif aux droits civils. Pour rappel, tous les syndicalistes et les militants de droits de l'Homme interpellés avaient été relâchés, quelques heures, après leur arrestation.