Alors que l'inquiétude provoquée par le virus Zika se propage à travers le monde, l'instruction du ministère de la Santé adressée au personnel du secteur au sujet du «dispositif organisationnel de préparation d'alerte face au virus Zika», prend la forme d'une réaction mécanique, tant ses termes adoptent un ton des plus rassurants. Le dispositif devait être mis en place, seulement, parce que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié le virus Zika d'«urgence de santé publique de portée mondiale», doit-on croire. Même si elle recommande aux walis et aux responsables d'établissements de santé à différents niveaux de «rapporter les principales données relatives à cette maladie et l'évaluation du risque dans notre pays qui doivent faire l'objet d'une large diffusion auprès du personnel de la santé», l'instruction du ministère de la Santé garde un ton modéré, atténuant dans ses propos les risques de propagation du virus actuellement dans notre pays, en relevant que «les conditions pour une transmission autochtone du virus Zika ne sont pas actuellement réunies», compte tenu de «l'absence de densité vectorielle à même de créer les conditions d'éclosion d'une épidémie». Il est expliqué également que «l'épidémie actuelle est circonscrite au niveau des pays de l'Amérique latine et des Caraïbes avec lesquels il n'y pas de liaisons aériennes directes avec notre pays» et que les conditions d'une transmission autochtone du virus Zika en Algérie «ne sont pas actuellement réunies». Pourtant, la propagation «explosive» du virus, selon les estimations des spécialistes, menacerait tous les pays de la planète, sans exception. Et, pour ainsi dire, le virus Zika est revenu dans son berceau, l'Afrique, là où il a été identifié pour la première fois, en 1947, dans une forêt en Ouganda, sur un singe macaque. Samedi dernier (20 février), en effet, l'Afrique du Sud a déclaré son premier cas de virus Zika, détecté sur un homme d'affaires colombien en visite à Johannesburg. D'autres cas «importés» sont signalés en Europe, en France et en Espagne notamment. C'est que les déplacements des personnes ayant séjourné dans des zones touchées par le virus Zika peuvent atterrir, un jour, en Algérie, même s'il n'y a pas de liaisons aériennes directes avec ces zones en question. Toujours est-il, l'instruction du ministère de la Santé souligne que le dispositif recommandé a, aussi, pour objet de «préciser les modalités organisationnelles de prise en charge d'un cas suspect de maladie à virus Zika depuis sa détection jusqu'au lieu de sa prise en charge», précisant que «la propagation peut être rapide si les mesures adéquates de préventions ne sont pas prises». En matière de directives organisationnelles, les directeurs de la santé au niveau des wilayas sont appelés à «assurer une large communication sur la maladie et sur les risques (...) à assurer le cas échéant une détection précoce et une prise en charge rapide du cas suspect». Il est aussi demandé aux directeurs d'établissements de «développer des actions de formation du personnel de santé (...), de désigner un point focal chargé de la maladie du virus Zika au niveau de la DSP pour diffuser les informations et les directives, coordonner, le cas échéant, la prise en charge du cas suspect de son lieu de détection jusqu'à son arrivée à l'hôpital préalablement identifié». Les centres de contrôle sanitaire aux frontières (CSF) sont tenus, entre autres, selon l'instruction, d'»informer et sensibiliser le personnel au sol du point d'entrée tous corps confondus (...), vérifier la disponibilité des moyens de protection, des thermomètres frontaux ou à distance, des solutions hydro-alcooliques». La même instruction recommande également «un renforcement des actions de lutte antivectorielle» conformément aux dispositions de l'instruction interministérielle du 18 novembre relative à la lutte antivectorielle». En conclusion, le ministère de la Santé tient encore à rassurer sur les risques de propagation du virus actuellement dans notre pays, estimant que «les conditions pour une transmission autochtone du virus Zika ne sont pas actuellement réunies», compte tenu de «l'absence de densité vectorielle à même de créer les conditions d'éclosion d'une épidémie». Rappelons que l'infection au virus Zika, contre laquelle il n'existe aucun traitement, ni vaccin, est asymptomatique dans les trois-quarts des cas, et que les symptômes, quand ils existent, apparaissent trois à douze jours après la piqûre, sous forme d'éruption cutanée avec ou sans fièvre, fatigue, maux de tête et courbatures, laissant penser à un syndrome grippal, selon des précisions de l'OMS. Le virus est d'autant dangereux qu'il peut, ainsi, voyager «incognito».