A la veille de l'anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, le président de la République a tenu à rappeler que «le programme des énergies renouvelables doit être considéré comme une priorité nationale». C'était lundi dernier lors du conseil restreint qu'il a tenu en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, du ministre d'Etat, directeur de Cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, de son conseiller spécial, Youcef Yousfi, du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, ainsi que plusieurs membres du gouvernement. Si le rédacteur du communiqué de la présidence a qualifié ce conseil de restreint, il faut admettre qu'il a regroupé les responsables politiques et militaires placés à l'avant-garde de la gestion des affaires de l'Etat. Entre Youcef Yousfi et Gaïd Salah, il y a un écart que crée la nature des missions respectives mais que la dégradation de la sécurité aux frontières sud du pays remplit grandement. Si le premier travaille sur les hydrocarbures, le second agit auprès de ses troupes stationnées dans le sud sur l'impérieuse nécessité de faire de la vigilance la priorité des priorités en particulier depuis que la Libye et la bande sahélo-sahélienne connaissent de graves conflits. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a quelque peu pointé du doigt ces deux domaines qui, aujourd'hui, l'un rattrape l'autre pour en faire un objectif de ceux qui veulent les accaparer et redessiner la géographie de leurs territoires. «Ce qui est important à In Salah ( ), c'est ce qu'elle possède comme ressources renouvelables ( ), ne suivez pas le mirage que véhiculent les clients de la fitna », a déclaré Nourdine Bedoui aux habitants de la wilaya déléguée lors de la visite qu'il lui a consacrée la semaine dernière. «Le soleil d'In Salah est un trésor inépuisable ( )», a-t-il encore précisé. Il avait demandé au wali délégué d'In Salah de charger un de ses cadres du dossier des énergies renouvelables pour l'examiner avec la recherche scientifique à Alger. Exprimée dans le sud du pays, une telle demande ne ressemble pas au discours du gouvernement qui appelle sans cesse à «une économie diversifiée en remplacement de celle rentière» sans pour autant en situer la place des énergies renouvelables. Premier reproche au ministre de l'Intérieur, c'est de faire de ce dossier une priorité locale alors qu'elle doit être nationale et stratégique. (Voir le Quotidien d'Oran du jeudi 18 février 2016 P.5). L'encouragement de Bedoui à l'exploitation de ces énergies contraste drôlement avec le pessimisme du DG de la Sonelgaz qui a affirmé récemment que le programme du gouvernement en la matière est «une utopie». Plaidoyer «présidentiel» pour les énergies renouvelables Il faut croire que le conseil tenu lundi dernier par le président Bouteflika s'est voulu une mise au point claire et précise à cette affirmation. De prime abord, Bouteflika «a ordonné la poursuite et l'intensification de la prospection des ressources en gaz naturel, insistant également sur le respect des plannings d'amélioration des capacités de production des gisements déjà en cours d'exploitation», lit-on dans le communiqué de la présidence de la République. Mais il a en parallèle, lit-on encore, «donné des directives pour la poursuite et la dynamisation du programme de développement des énergies renouvelables adopté en Conseil des ministres en mai 2015, soulignant que ce programme doit être considéré comme une priorité nationale». Il a rappelé que le développement des énergies renouvelables est à même de prolonger durablement l'indépendance énergétique de notre pays et de générer aussi une dynamique de développement économique dans son sillage», est-il écrit. Le président de la République a également chargé le gouvernement d'accorder une importance particulière au développement de la pétrochimie. Enfin, le président Bouteflika a ordonné la poursuite des efforts de rationalisation de la consommation nationale d'énergie en général, dont le gaz naturel, y compris à travers la consommation de l'électricité. Nouredine Bouterfa aurait dû peut-être réviser sa copie avant de «déjuger» la décision du président à faire du programme des énergies renouvelables «une priorité nationale». La réponse que Bouteflika lui a donnée semble ainsi ferme et sans ambiguïté. Mais avant de faire une telle déclaration, le DG de la Sonelgaz a dû bien peser les capacités financières de son groupe qui ne lui permettent certainement pas de se conformer à la décision de Bouteflika, en raison de leur faiblesse. L'on dit que le groupe frôle la faillite. Le ministre avait même décidé d'annuler un accord nécessitant une petite enveloppe financière pour «remercier» les retraités du secteur. La fédération syndicale a failli lui déclarer une grève des travailleurs de la Sonelgaz s'il n'était pas revenu sur sa décision. C'est dire que le groupe compte ses sous et risque même des perturbations. Quand les lobbies des containers menacent La célébration grandiose aujourd'hui de la nationalisation des hydrocarbures par l'UGTA ne change rien à la donne de leurs prix qui volent bas depuis plus de deux ans. Le gouvernement est donc attendu pour mettre en avant les énergies renouvelables et leur consacrer le planning qu'il faut. In Salah n'est pas la seule région à constituer comme l'a dit Bedoui «un réservoir de l'énergie solaire». Ceci étant, depuis «l'histoire» de Desertec, ce fameux programme de production de cette énergie que l'Allemagne de Merkel avait proposé à l'Algérie, plus rien n'a filtré «officiellement» sur d'éventuels projets dans le domaine. Il y a eu par contre une petite insinuation sur l'exploitation du gaz de schiste qui avait tant perturbé la sérénité d'In Salah, de la part du président français lorsqu'il avait animé sa dernière conférence de presse à Alger. A une question sur d'éventuelles négociations entre l'Algérie et la France (Total) autour de l'exploitation du gaz de schiste, François Hollande avait lâché un simple «pas seulement sur le gaz de schiste » L'on s'interroge sur ce qui empêche le gouvernement de booster des partenariats pour le développement des énergies renouvelables depuis qu'il a mis en place les quotes-parts des 51/49 ou celles récentes des 66/34. A moins qu'il a mal fait ses comptes et qu'aujourd'hui, il se trouve coincé entre d'une part, des appels d'offres aux étrangers infructueux et d'autres aux nationaux qui, eux, continuent de préférer l'import-import à la production nationale. Le secrétaire général de l'UGTA avait «découvert» lors de ses visites à l'est du pays des entreprises nationales qui produisent des panneaux solaires prêts à l'emploi. Sidi Saïd devait continuer sa chevauchée à travers le pays pour répertorier, comme il l'avait dit, les producteurs nationaux, les recenser et «les encourager à se constituer en des pôles de production complémentaires les uns pour les autres». Au-delà d'une santé quelque peu fragile qu'il doit ménager, le SG de la centrale syndicale a reçu de véritables menaces des lobbies des containers qui ont vu en lui un perturbateur contre leurs affaires et leurs butins. «Une fois la célébration du 24 février passée, je me remets sur la route pour découvrir les producteurs nationaux. J'en fais un point d'honneur», nous a-t-il déclaré. Sidi Saïd recevra aujourd'hui du beau monde au Palais des nations du Club des Pins pour célébrer le 24 février 1956, date de la création de l'UGTA et le 24 février 1971, date de la nationalisation des hydrocarbures.