Durant plus d'une heure, en fin d'après-midi du mardi dernier, le carrefour de la gare de chemin de fer, situé sur la route nationale n°3 communiquant avec le nord et le sud de la wilaya et avec le centre-ville et le faubourg Emir Abdelkader, a été fermé à la circulation automobile par des manifestants demandeurs de logement venus du quartier de Bab-El-Kantara. Leur nombre a été évalué à environ 300 et ils étaient venus à 18h pour se mettre en travers de la voie, au niveau de l'ancienne gare routière de Bab-El-Kantara, afin d'empêcher toute circulation et réclamer leur droit au logement, tout en clamant des slogans justifiant leur «coup de force». Au début du mouvement, les protestataires ont essayé de se montrer inflexibles et ont affirmé qu'ils ne bougeraient pas des lieux qu'ils venaient d'occuper et ils ont exigé la venue du wali en personne. Les membres du service de sécurité et des officiers commandant le poste de police de la gare de chemin de fer sont intervenus immédiatement pour discuter avec les manifestants et essayer de les convaincre de libérer la voie à la circulation automobile débouchant de toutes les directions alors que les files de voitures ne cessaient de s'allonger. «Nous avons agi ainsi pour montrer notre colère. Nous demandons à voir le wali en personne. Et nous ne décrocherons que lorsqu'on aura obtenu gain de cause !» ont clamé les manifestants en ébullition lorsque nous les avons approchés. Et lorsque nous leur avons demandé la raison qui les a poussés à entreprendre le mouvement de protestation, ils ont répondu en expliquant que tous les demandeurs de tous les autres quartiers de la ville ont bénéficié de logements, sauf eux. «Même des «arrivistes» venus de partout ont obtenu des logements», ont-ils lancé en chœur et avec colère. Selon eux, le secteur de Bab-El-Kantara constitue pourtant une grande partie de la ville des ponts. «Nous constituons un nombre de 356 demandeurs qui ont obtenu, il y a deux ans de cela, des décisions de pré-affectation de la daïra. Beaucoup d'autres étaient promus pour avoir leurs logements en 2013. Mais nous sommes en 2016 et ils n'ont encore rien eu. Hier seulement, jure un manifestant, j'étais avec des camarades au bureau du chef de daïra et nous n'avons obtenu aucune satisfaction auprès de lui, ne serait-ce qu'une date au bout de laquelle nous serions appelés à exécuter les ordres de paiement». «Je suis revenu sur le champ pour informer mes camarades et nous avons décidé de manifester notre colère sur la voie publique. Voilà l'explication de notre action d'aujourd'hui», dira-t-il. «C'est une action réellement collective et nous n'avons pas parmi nous ce qu'on appelle des meneurs», ont-ils rétorqué. Mais un peu plus tard, après de longues palabres avec les services de sécurité, les manifestants ont consenti à libérer la voie vers 19h30, non sans avoir reçu la promesse de l'officier de police qu'ils seront reçus le lendemain au cabinet du wali pour exposer leurs doléances et obtenir, éventuellement, des assurances sur l'aboutissement de leur dossier de logement. Hier mercredi, dans la matinée, un des manifestants du quartier de Bab-El-Kantara, que nous avons réussi à contacter par téléphone, nous a répondu que les contestataires attendent les résultats de l'entrevue qu'a eue la délégation qu'ils ont formée et qui s'est déplacée ce matin au cabinet du wali pour discuter avec les autorités de la wilaya. «Ensuite, tout le monde sera informé ce soir des résultats de cette entrevue et de la position à prendre», a ajouté notre correspondant en indiquant que dans le cas où ces résultats sont négatifs ou peu satisfaisants, les demandeurs de logement ont promis de reprendre la contestation sur la voie publique.