Le procureur du Tribunal de la Cité Djamel-eddine, d'Oran a requis, hier, une peine de six mois de prison ferme, assortie d'une amende de 50.000 DA contre Abdelfattah Hamadache, chef du parti, non agréé, du « Front de la Sahwa islamique salafiste libre », pour le chef d'accusation de « menace de mort », à l'encontre de l'écrivain et journaliste Kamel Daoud. Le jugement a été mis en délibéré pour le mardi 8 mars prochain. L'affaire remonte, pour rappel, au mois de décembre 2014, lorsque le salafiste Abdelfatah Hamadache avait publié un post sur sa page Facebook, dans lequel il appelle le régime algérien à appliquer «hadd errida» (peine de mort pour apostasie), contre Kamel Daoud, le qualifiant «d'apostat» et de «sionisé» qui insulte « Allah» et le «Coran» et «qui combat l'Islam». Un appel qui a suscité une réaction immédiate du chroniqueur qui a déposé, en date du 14, du même mois, une plainte contre Hamadache pour «diffamation» et «menace de mort». Le juge de la 5ème Chambre d'instruction du Tribunal d'Oran, retiendra, finalement, le chef d'inculpation de «menace de mort» et rejettera celui de « diffamation». C'est, sans avocat, car préférant assurer lui-même sa propre défense, que Hamadache s'est présenté, hier, devant la présidente du Tribunal de la Cité Djamel-Eddine, d'Oran. Le plaignant, Kamel Daoud absent au procès «pour des raisons de santé», était représenté par son avocat Me Fodhil Abderrezak. Interrogé par la juge sur les propos, objet de la plainte, Hamdache assume pleinement. «Mes propos s'adressaient aux autorités algériennes et non à Kamel Daoud que je ne connais pas, personnellement. Je ne l'ai jamais rencontré, ne lui ai jamais parlé et je ne l'ai jamais menacé de mort», s'est-il défendu. Et d'ajouter: «mes propos sont à placer, dans le cadre de ma liberté d'expression, celle-là même revendiquée par Kamel Daoud, pour s'attaquer à l'Islam et aux constantes nationales». En réponse à une question posée par l'avocat de Daoud, Me Fodhil Abderrezak, en quelle qualité l'accusé a tenu ses propos, Hamdache répondra: «je me suis exprimé, en tant que citoyen algérien et en tant que membre de l'Association des «Ulemas Musulmans ». Dans son plaidoyer l'avocat de la partie plaignante mettra l'accent sur le caractère de «fetwa de mort' des propos de Hamadache et demandera au Tribunal de «réhabiliter son mandant» et «un dinar symbolique en guise de réparation du préjudice». Pour sa part, le représentant du ministère public soulignera que l'accusé «n'a pas respecté, les canaux légaux pour dénoncer, un prétendu acte de blasphème, lequel est puni selon la loi algérienne d'une peine qui peut aller jusqu'à trois ans de prison ferme». Au lieu de cela, a-t-il ajouté, dans son réquisitoire, «l'accusé a utilisé des médias suivis par des millions de personnes, pour demander l'application de la peine de mort, ce qui constitue, tous les éléments du crime de «menace», punis par l'article 284 du code pénal.