Même le mot bonjour, sorti de sa bouche, prend les couleurs de l'insulte. C'est que la voix habituée au petit-déjeuner, n'est pas bien lubrifiée. «Bonjour toi-même», aurait été la bonne réponse, mais bon c'est son supérieur, il évite la confrontation. Il ne répond donc pas, à peine si de la tête, il esquisse un geste en guise de salut. C'est ce qu'il ne fallait pas faire. - Kount bayette avec toi on dirait ya sssiii... Il ne répond pas et continue sa course vers son bureau. - C'est un kouri, ce n'est plus une administration. D'abord il est quelle heure... Comment se fait-il que c'est maintenant que tu arrives... Non ne me dis pas que c'est le transport, je sais que tu habites juste à côté. - Cela fait une bonne demi-heure que je suis là, monsieur. - Ah bon! trente minutes, tu veux insinuer par-là que c'est moi qui suis en retard, alors que je devrais donner l'exemple. Ghaya c'est la dernière. Dorénavant je vous appellerais Monsieur le directeur, puisque dans ce kouri les valeurs en changé, c'est l'employé qui fait des reproches à son directeur. Kheïra, Kheïra... (il appelle sa secrétaire qui n'arrive pas) à partir d'aujourd'hui, tu donneras le parapheur à monsieur pour signer le courrier. Mettant tout sur le dos du premier jour de carême, l'agent s'enferme dans son bureau sans rien dire. Le téléphone sonne, il est convoqué au bureau du directeur. Il frappe à la porte. Le patron lui présente un document. Il est mis à pied pour sept jours. Sans mot dire, il sort. Le patron appelle sa secrétaire. - Tu diras au comptable de me ramener les états des salaires, les travailleurs doivent encaisser avant terme. Fi sidna ramdane. -Mais monsieur, vous venez de le suspendre pour sept jours...