Au cours de la journée du jeudi, les habitants du quartier « Douadiche » dans la commue d'Oued-Sly et ceux de Chorfa à la périphérie de la ville de Chlef ont mené simultanément des actions qui ont entravé la libre circulation des automobilistes. Pour les premiers c'est au niveau de la RN 4 à proximité de la cimenterie de Chef que les protestataires ont bloqué la circulation sur ce tronçon de route. Ils réclament des projets de développement qui leur permettront de se soustraire au chômage dans lequel ils vivent depuis très longtemps. Après l'intervention des forces de sécurité anti-émeutes, la voie fut rouverte mais celle de l'autoroute fut immédiatement investie par les protestataires. Là ce sont les gendarmes qui sont intervenus pour rouvrir l'autoroute à la circulation. Quant aux habitants du quartier de Chorfa (Chlef), les protestataires ont bloqué la route menant au marché en revendiquant, entre autres, le bitumage des rues et ruelles du quartier, la réhabilitation de l'école primaire. Après quelques heures, les protestataires se sont dispersés dans la calme tout en promettant de réinvestir les lieux publics si « les élus locaux ne prennent pas en considération leurs doléances ». Il faut dire que l'émeute est devenue par excellence et au fil du temps l'ultime moyen d'expression populaire. Qu'il s'agisse de contester une liste de bénéficiaires de logement sociaux, de la survenue d'un accident mortel (immédiatement les riverains bloquent la route et exigent la pose de ralentisseurs), la création de postes d'emploi, d'absence d'électrification, de gaz de ville ou butane etc., tout est bon pour se faire entendre par des moyens violents. Et à chaque fois les protestataires réclament la présence physique du wali pour lui soumettre leurs revendications considérant que les élus locaux sont incapables de les satisfaire. Les observateurs notent que « l'émeute c'est lorsque quelqu'un est dans l'impasse, qu'il n'est pas entendu, qu'il n'a pas à sa disposition les mécanismes de régulation, des mécanismes d'intercession, il explose et devient violent ». D'où la nécessité pour les pouvoirs publics, diront-ils, « qu'il faut des programmes beaucoup plus énergiques et qui s'attaquent aux causes structurelles de nos difficultés ». Par ailleurs, si aujourd'hui les citoyens privilégient l'occupation des places publiques ou les routes pour se faire entendre, par contre, il y a ceux qui ont recours aux actions extrêmes, à savoir le suicide par immolation. La fin tragique d'un jeune homme qui s'est immolé par le feu à l'intérieur de la direction des affaires sociales (DAS) de Chlef est encore vivace dans la mémoire des citoyens. Le défunt avait simplement demandé « la reconduction de son contrat de travail à travers le dispositif d'emploi initié par la DAS ». D'autres exemples peuvent être cités et qui reflètent l'état des mentalités des citoyens devant des situations données. On prend un exemple très, très simple : il y a un conflit dans le monde du travail. Soit on le règle en utilisant la confrontation, en déclenchant la grève, en occupant les lieux et en cassant, soit on le règle avec un partenaire. Mais c'est justement ce partenaire qui brille par son absence lors des conflits à l'origine des débordements. D'où l'impérative nécessité de mettre en place des mécanismes de médiation qui permettent justement à une société de fonctionner de façon régulée et de bannir à jamais la violence.