Si la journée du vendredi a été moins agitée, plusieurs émeutes avaient éclaté jeudi en fin de journée à travers plusieurs localités de la wilaya. C'est l'effet boule de neige. La contestation s'est propagée en moins d'une heure au niveau des différentes régions de la wilaya. Un seul mot d'ordre ”lamaïcha ghelat “, la vie est chère. Des jeunes sont descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Vers 15h, les premières manifestations avaient éclaté au niveau de la commune d'Ahl-El-Ksar (25 km sud-est de la ville de Bouira). Après avoir barricadé les issues menant vers le chef-lieu de la wilaya, le lycée et le CEM ont été pris pour cible. Ils ont été saccagés par une foule déchaînée. Pour faire entendre leur voix, les protestataires se sont déplacés à près de huit kilomètres pour bloquer l'autoroute Est-Ouest au niveau du carrefour de Bechloul-Ahl-El-Ksar. Les usagers ont été contraints de faire demi-tour et circuler en sens inverse de l'autoroute. Il a fallu l'intervention des éléments des groupes d'intervention rapide (GIR) de la gendarmerie pour libérer la circulation vers 18h et déloger les contestataires qui avaient répondu par des jets de pierres et de bouteilles. Au niveau d'Ahnif (40 km à l'est du chef-lieu), le même scénario s'est répété. La RN5 avait été barricadée à l'aide de pneus allumés et de troncs d'arbres. À Chorfa (50 km environ), toutes les routes nationales, de wilaya ou communales ont été coupées à la circulation. Des jeunes chauffés à blanc ont barricadé toutes les accès. Les élèves des lycées et collèges des villages voisins ont été contraints de passer leur nuit à Chorfa. Heureusement, un élan de solidarité s'est déclenché et les familles avaient hébergé ceux qui ne pouvaient pas se rendre chez-eux. Aux environs de 19h, la ville de Bouira s'est embrasée. Tous les quartiers ont connu un soulèvement populaire. Les jeunes sont sortis exprimer leur colère face à la cherté de la vie, le chômage, le logement. Pour plusieurs d'entre eux, ce soulèvement était prévisible. Les dernières augmentations ayant touché le sucre, l'huile et la semoule ne sont que la goutte ayant fait déborder le vase. “Il fallait un jour que ces jeunes hittistes réclament leurs droits”, nous confia un jeune protestataire. “Si les grossistes sont des suceurs du sang des consommateurs, c'est parce qu'ils ont trouvé des complicités au niveau des rouages des décideurs qui ne les inquiètent guère”, ajoute un autre. Durant plus d'une heure, les jeunes ont joué au chat et à la souris avec les éléments antiémeutes. Les quartiers Oued Edhous, Château d'eau, Draâ-El-Bordj, les 140-Logements et l'Ecotec ont connu des manifestations durant lesquelles les artères principales ont été bloquées par des pneus enflammés.