La sécurité aux frontières est au centre de la réunion qu'anime aujourd'hui, jeudi, à Bamako le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, aux côtés de son homologue malien, le ministre de l'Administration territoriale. Nouredine Bedoui et Abdoulaye Idrissa Maïga se rencontrent aujourd'hui dans la capitale malienne, pour présider la 12ème réunion du Comité bilatéral frontalier algéro-malien (CBF). «Un comité où siègent, également, les walis d'Adrar, Illizi et Tamanrasset, ainsi que les gouverneurs de Tombouctou, Gao et de Kidal, en plus, les experts des deux pays (DGSN, DGPC, CGN, Douanes),» précise le ministère de l'Intérieur. Le CBF fera en premier, un point de la situation aux frontières que les deux pays partagent sur une longueur de 1.376 km et dont le tracé se trouve au milieu du désert comme établi par un découpage de la France coloniale. Pour rappel, ce tracé a été ratifié par l'Algérie en 1983 conformément à la Convention de bornage établie la même année entre les deux pays. C'était donc au temps du président Chadli Bendjedid et du Malien Moussa Traoré, que les frontières entre l'Algérie et le Mali ont été bornées, à travers 17 points. Mais avant, leur démarcation a été faite dans les années 70 sur instructions de Houari Boumediene et son homologue Moussa Traoré. Créé par le protocole d'accord, signé à Alger, le 16 février 1995, le Comité bilatéral a pour missions essentielles de «renforcer la coopération dans la bande frontalière, à travers la promotion des actions collectives en matière de coopération économique, de développement des zones frontalières, de sécurité et de la circulation des personnes, de la coopération sociale et culturelle ainsi que la coopération décentralisée,» fait savoir le MICL. Il est clair que les membres du CBF ont été contraints d'adapter ces missions, en fonction de l'évolution des situations qui prévalent, ces dernières années, au niveau de ces immenses frontières et ce, en considérant comme prioritaires les plus importantes. Situations fortement marquées, alors, par la détérioration de la sécurité, en raison du lourd conflit malien et de l'instabilité de la bande sahélo-sahélienne. L'intervention militaire française au Mali a beaucoup plus fait dégénérer des conflits ethniques dont certains s'étaient développés en mouvements terroristes provoquant une grande déstabilisation dans la région, qu'elle ne les a réglés. La déflagration de la Libye où, encore une fois, la France a joué le mauvais rôle, en exerçant de fortes pressions sur les membres de l'OTAN pour intervenir, militairement, contre Maâmar Kadhafi et ses troupes, en a alourdi davantage les problèmes et les conséquences. D'ailleurs, bien qu'il ait été institué en 1995, le CBF ne pouvait tenir ses réunions régulièrement, en raison de la propagation du terrorisme en Algérie, à cette période. Jusque-là, ce comité a tenu onze (11) sessions, dont la dernière, à Alger, du 11 au 13 juillet 2011. «Cette session a constitué la première étape dans la relance des mécanismes de coopération qui ne sont pas réunis depuis 2007,» affirme le ministère de Bedoui. «C'était l'occasion de procéder à une évaluation exhaustive des actions de coopérations, réalisées dans la bande frontalière,» est-il indiqué. Pour l'heure, et dans le cadre du CBF, l'Algérie et le Mali entretiennent une coopération policière et sécuritaire ainsi que dans la Protection civile. Les deux pays coopèrent, en parallèle, en matière de développement local, au niveau des frontières, de l'entretien des bornes frontalières et de la circulation des personnes. Désigné par le gouvernement pour initier, suivre et accompagner le développement local, à travers l'ensemble du territoire national, Nouredine Bedoui est d'autant appelé à le dynamiser dans les régions frontalières, en vue de créer des zones urbaines à même de stabiliser les populations et les associer à la surveillance et à la protection de toutes les frontières. L'idée de l'urbanisation de ces régions a bien germé, dès le lancement du projet d'alimentation en eau potable qui a été réalisé, entre In Salah et Tamanrasset, sur un tracé de 700 km. Mais il semble qu'elle n'avance pas au rythme voulu en raison, toujours, des problèmes sécuritaires qui obligent l'Algérie à exercer des contrôles minutieux à ses frontières, voire jusqu'à les fermer pour certaines d'entre elles. La circulation des personnes par voies terrestres, entre ses territoires et les pays voisins en a pris un sérieux coup et le commerce et le troc de marchandises dans lesquels excellent les populations, à ce niveau, ont été carrément interdits. Les ministres algérien et malien qui président le CBF signeront, aujourd'hui, un procès-verbal de leur réunion qui devra en principe, comporter ce qui devra être entrepris dans les tout prochains mois, au niveau des frontières des deux pays.