Cinq mois après l'entrée en vigueur d'une hausse des tarifs de l'électricité et du gaz, conformément à la loi de Finances 2016 (LNF2016), le P-DG du groupe Sonelgaz, Nouredine Bouterfa réclame de nouveau une autre augmentation de la tarification. La raison ? Les comptes du groupe ne sont pas équilibrés, les investissements très lourds, les financements presque à sec et des créances détenues sur les clients de près de 39 milliards de dinars. Le P-DG de Sonelgaz a expliqué, hier dimanche, à la radio «Chaîne 3» qu « une hausse des tarifs (de l'électricité Ndlr) devrait desserrer la pression sur Sonelgaz. Il a souligné que « nous ne sommes pas encore à l'équilibre, la hausse des tarifs (décidée par la LF2016) va rattraper 15-20% sur les plus de 70% d'écart. Je pense qu'il y aura d'autres hausses de tarifs, car il y aura 30 a 40% de nouvelles charges à rattraper. « En clair, seule une seconde hausse des tarifs de l'électricité et du gaz pourrait compenser les charges du groupe, occupé par ailleurs à chercher les financements nécessaires pour son programme 2026. « La demande nationale en électricité est en croissance, elle augmente depuis 10 ans, et elle le sera à l'avenir avec le programme de croissance industrielle » du gouvernement, estime-t-il. Bouterfa relève qu'il y a eu « de grands investissements durant ces 5 dernières années avec une croissance de 55%, en matière de capacité de production, avec 23 milliards (Mds) de dollars d'investissements, depuis 2011 et 12 Mds de dollars, investis durant les deux dernières années. » Il explique que « nous sommes toujours en train de courir derrière les moyens pour répondre à la demande d'électricité. Et, à l'orée 2026, on devra investir près de 41 milliards de dollars. Mais d'ici là, on espère qu'on sera dans une meilleure situation financière. » « Ce qui nous importe, c'est de boucler le programme que nous avons engagé et le terminer en 2019-2020, et donc on doit mobiliser 1,300 mds de dinars », qu'il faudrait récupérer, a-t-il affirmé. « Actuellement, nous ne pouvons faire autrement que d'aller chercher des financements extérieurs. Nous sommes en train de discuter avec certains partenaires pour refinancer une partie de ce que nous avions engagé. On n'a pas d'autres choix que de continuer. » Face au rétrécissement des financements propres ou de l'Etat, « on sera obligés d'aller, de manière directe ou indirecte, au financement externe, comme un appel à la Banque Africaine de Développement ou à la Banque mondiale, ou bien à travers le panel bancaire, nos banques vont chercher des crédits externes et nous les rétrocéder », détaille M. Bouterfa. « La BNA a déjà pris des engagements sur les encours à long terme. Nous, si on veut avoir un degré d'autonomie et ne pas pénaliser nos projets, nous irons au financement extérieur avec le soutien des banques », explique t-il encore, précisant qu' « il n'y a pas d'autres solutions aujourd'hui, la mobilisation des financements est difficile », et « les projets en cours doivent être re-financés, ou les banques assurent leurs engagements, ou bien on va aller à une demande de financement internationale. » Par ailleurs, M. Bouterfa a annoncé d'abord qu'il n'y aura pas de délestage cet été, et que les capacités installées actuellement, suffisent à couvrir une forte demande durant cette période. « Les capacités actuelles installées et celles qui sont venues qui sont de plus de 1300 MW (il y aura entre 400 à 500 MW supplémentaires, d'ici juillet), sont bonnes. Nous sommes dans une bonne dynamique », a-t-il expliqué, même si, ajoute-t-il, « il y aura des conditions climatiques particulières, on aura, globalement 1.600 MW pour couvrir une demande de 1.600 ou 1.800 MW s'il le faut.'' Créances de plus de 39 milliards de DA Mais ces capacités de production « seront dépassées en 2020-2021, avec reconstitution d'une réserve de moins de 20% de la demande de pointe. Si on veut fonctionner, en toute sécurité, il faut remplacer la réserve et réinvestir en 2020, c'est-à-dire engager de nouveaux projets, dès 2017 et trouver les financements et préparer le prochain programme d'ici 2022 », prévient le P-DG de Sonelgaz. Par contre, les créances du groupe sont très importantes, elles sont 39 Mds de dinars pour 2015, dont 55% détenues par des clients privés (domestiques et professionnels), et 45% par les administrations. « Il s'agit de créances revolving, l'Etat nous paie avec du retard, c'est un crédit permanent différé », indique t-il, avant de préciser que « 30% des créances privées datent de 25-30 années. » Sur le renouvelable, M. Bouterfa a été direct: Sonelgaz n'est pas concernée par ce programme et s'en est dissociée après la décision de son assemblée générale. Sonelgaz a bien réalisé un programme de 343 MW, en photovoltaïque, mais « notre vision est de dire qu'il ne peut y avoir de renouvelable sans production locale. » « Le renouvelable dans le meilleur des cas c'est 30% de la demande, et donc il y a 70% qu'il faut satisfaire avec le classique, il faut, dès lors, développer localement l'industrie du renouvelable, qui ne sera pas la solution pour le moment », estime t-il. En outre, « Sonelgaz n'a pas été chargée de réaliser le programme du renouvelable. Nous avons fait, par anticipation et volontairement, des investissements pour les 343 MW, car le problème est de réaliser de gros investissements entre les producteurs et les acheteurs. Nous ne le ferons pas, sauf si on est chargé de cela », a-t-il dit, avant de rappeler que « l'AG du groupe a demandé de surseoir au renouvelable, nous le ferons. » Sur les compteurs électriques « intelligents » pour lutter contre la fraude, il a estimé que cela ne sert à rien si on ne met pas en place la technologie adaptée », admettant que « l'objectif est de mettre en place ce type de compteurs, à l'orée de 2018-2019 ».