Sur la question du Sahara occidental le Conseil de sécurité de l'ONU est paralysé par la France qui menace systématiquement d'user de son droit de veto contre tout projet de résolution trop ferme ou franchement contraignant pour le Maroc dont elle soutient la prétention annexionniste sur ce territoire sans pour autant avoir officiellement reconnu la souveraineté qu'il exerce de facto depuis qu'il l'a occupé. Sans cet appui que Paris prodigue à Rabat, le roi et le Makhzen auraient cessé depuis longtemps de narguer la communauté internationale en s'entêtant dans le refus d'organiser comme préconisé par elle la consultation référendaire de la population sahraouie afin qu'elle se prononce sur le statut qu'elle veut pour elle et son territoire. Se sachant ainsi protégés, ils font montre d'arrogance voire de provocation envers quiconque conteste leur thèse de la marocanité du Sahara occidental. Le message que Mohammed VI a adressé au sommet de Kigali des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine a permis de mesurer à quel point ce monarque se pense en droit de tancer et faire la leçon à ses homologues africains dont les Etats ont eu l'« outrecuidance » de ne pas avoir admis le « bien-fondé » de l'occupation par le Maroc du Sahara occidental. Il faut reconnaître qu'il a été encouragé à se montrer « paternellement fouettard » à leur égard par l'adhésion d'un groupe d'Etats du continent à la thèse de la marocanité du Sahara occidental. La position de ces Etats n'émane pas de la conviction que l'histoire et la volonté du peuple sahraoui légitimeraient cette thèse à laquelle Rabat s'accroche. Elle découle de leur suivisme servile sur celle de leur ex-puissance colonisatrice la France qui ne leur ayant octroyé qu'une indépendance formelle continue à leur dicter leurs conduites. Il n'y a pas de doute que le message de Mohammed VI au sommet de Kigali de l'Union africaine est une séquence d'un plan arrêté en concertation par Rabat, Paris et les capitales de ces pays subsahariens encore sous tutelle française néocoloniale et visant à briser le consensus africain de reconnaissance de la RASD en tant qu'Etat indépendant. Il apparaît à première vue que Paris n'aurait rien à voir avec l'offensive diplomatique engagée de concert par le Maroc et ces Etats subsahariens. Mais de fait la diplomatie française en a été le véritable chef d'orchestre et si elle a joué ce rôle dans la discrétion absolue, c'est pour entretenir l'illusion que la France s'en tiendrait à sa position officielle de soutien à la solution onusienne de résolution du conflit du Sahara occidental. L'idée que le Maroc sollicite son adhésion à l'Union africaine pour permettre à ces mêmes Etats africains sous influence française de s'en prévaloir pour soutenir qu'elle doit automatiquement s'accompagner du retrait à la RASD d'Etat membre de l'organisation a été convenue entre Paris et Rabat. Il n'est pas fortuit que la perspective d'un changement de la position marocaine à l'égard de l'Union africaine a commencé à être évoquée par des « médias français » que l'on sait avoir leurs entrées au Palais royal et à l'Elysée dans le sillage des fréquentes visites officielles ou « privées » que le monarque marocain a effectuées à Paris fin 2015 et courant de cette année en cours. Toute l'Afrique et même tous les Etats que Paris considère comme faisant partie du « pré carré » français sur le continent ne sont assujettis à sa tutelle et n'accepteront pas en conséquence de se renier en opérant le revirement sur la question du Sahara occidental que les supplétifs subsahariens de la France ont voulu leur vendre.