A moins d'une semaine de la déjà fatidique réunion informelle des pays producteurs de pétrole, membres et non membres de l'OPEP, le ministre algérien de l'Energie reste indéniablement optimiste. Une attitude positive qui peut rassurer les Algériens mais qui se heurte aux nombreux écueils qui entravent un accord historique à même de booster les prix du baril ou du moins stabiliser le marché. Si Alger se propose en conciliateur, l'influence qu'elle avait à l'international n'est plus qu'un bon souvenir pour les nostalgiques et la tournée de Bouterfa en Russie, au Qatar et en Iran risque de ne pas peser lourd au final. C'en est presque pathétique cette insistance de notre ministre appelant coûte que coûte à la réussite de cette réunion, «nous devons, dans tous les cas de figure, sortir avec une solution positive», réitérant un optimisme de circonstance qui tire sa légitimité de la participation de tous les pays membres du Cartel, ce qui «est déjà un signe positif» dans l'argumentaire de Bouterfa. Le ministre puise aussi cette confiance dans les relations qu'entretient l'Algérie avec les autres pays devant participer à cette rencontre, «nous ne sommes en conflit avec aucun de ces pays», a-t-il indiqué. Mais le problème du pétrole est ailleurs, il n'est pas à Alger ni dans ses relations avec les autres membres de l'Organisation, il réside dans la guerre idéologique, directe et par procuration, que se livrent l'Iran et l'Arabie Saoudite. Alors à défaut de rapprocher les points de vue entre ces deux puissances régionales, de composer avec les intérêts russes et américains, rien ne sert de développer des discours optimistes qui peuvent influer négativement sur les cours du pétrole pour peu que le rendez-vous d'Alger finisse en queue de poisson comme ce fut le cas pour la rencontre de Doha. Bouterfa sait aussi qu'un accord ne peut être viable qu'avec l'adhésion des autres producteurs en dehors de l'OPEP. Reprenant à son compte l'analyse de Goldman Sachs, notre ministre avait estimé que l'OPEP ne peut, à elle seule, supporter le fardeau d'un gel de la production en raison du risque, explique-t-il, de voir les pays non membres en tirer profit. En effet, les analystes de la banque américaine ont mis en garde contre cette démarche qui risque de se retourner contre l'Organisation. Ils estiment que si l'accord débouche sur la hausse ultérieure des prix du baril et qu'il entraîne une intensification des exportations depuis les pays non membres de l'OPEP, il risque d'être contre-productif pour le Cartel. En deux mots, s'il y a gel, les prix vont monter et les pays producteurs non membres du Cartel vont augmenter leur production pour profiter de cette embellie. C'est dire toute la complexité d'un dossier sur lequel l'Algérie joue sa survie financière.