Les factures de consommation de l'énergie électrique et du gaz font parler d'elles au sud du pays. Jugées excessives, consécutivement aux hausses consacrées par la loi de finances 2016, nombreux sont les citoyens des villes et patelins du Grand-Sud qui commencent à manifester leur désapprobation. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Et si jusqu'ici ces manifestations sont circonscrites à quelques villes et relativement pacifiques, comme ce fut le cas la semaine dernière à Adrar et à Béchar et lundi à El-Oued, le risque de voir ces protestations faire tache d'huile et s'étendre à d'autres wilayas du pays, surtout que ces manifestations se départent de leur caractère pacifique, est grand. Les mesures d'austérité que prévoit le projet de loi de finances 2017 constituent davantage d'ingrédients d'un mécontentement populaire qui n'est pas à écarter et sur lequel beaucoup d'acteurs politiques, syndicaux et sociaux ne cessent d'avertir ces derniers temps. Recourant à leurs traditionnels leviers de protestation, sit-in, rassemblements ou carrément des marches populaires, et optant parfois pour les solutions extrêmes comme le blocage de plusieurs axes routiers usant, pour ce faire, de pierres et de pneus brûlés, de banderoles et de pancartes, les manifestants exigent la «révision à la baisse des factures d'électricité», jugées «excessives». Eux qui font face à de très fortes chaleurs presque tout au long de l'année, soutiennent s'attendre, au contraire, à des baisses de la tarification de consommation de l'énergie électrique et du gaz pour s'adapter à cette donne propre à la région. Ces manifestants soutiennent ne pas comprendre les toutes dernières quittances de l'électricité et du gaz qui ont doublé, triplé, voire même quadruplé pour certains alors que, affirment-ils, leur consommation n'a pas changé ou a légèrement augmenté. Ils expriment leur refus de subir à eux seuls les mesures d'austérité, invitant les ministres, les députés et les sénateurs notamment à montrer la voie et à donner l'exemple en réduisant leurs salaires. Pour ce faire, ils menacent de boycotter le paiement de ces factures d'électricité et de gaz. Alors que la Société de distribution du centre et la cellule de communication au niveau de la direction générale de Sonelgaz étaient injoignables, hier, le directeur de la Société de distribution de l'électricité et du gaz au niveau de la wilaya d'El-Oued, Abdelwahed Hammaz, a indiqué à l'APS que ces factures «représentent le volume de consommation de l'énergie électrique des citoyens» et que la société doit appliquer les nouvelles mesures relatives à l'augmentation des tarifs de l'électricité annoncées en janvier 2016 et prenant effet à partir d'avril dernier». Et d'informer avoir «transmis un rapport à la direction générale sur les préoccupations des citoyens». Pour rappel, la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg) a publié, au début de l'année en cours, la nouvelle tarification applicable à partir du 1er janvier pour se conformer aux dispositions de la loi de finances 2016. Pour les clients alimentés en électricité basse tension et en basse pression de gaz, destinées aux faibles consommateurs dont les ménages, une tarification progressive a été introduite sur les quatre tranches de consommation. Pour l'électricité basse tension, aucune augmentation de prix n'est appliquée pour les consommations comprises entre 0 et 125 kWh/trimestre (tranche 1) et entre 125 et 250 kWh/trimestre (tranche 2). Ceci dit, des augmentations de 15,15% et 31,13% par rapport au prix actuel de la tranche 2 seront appliquées respectivement à la tranche 3 (entre 250 et 1 000 kWh/trimestre) et la tranche 4 (supérieure à 1 000 kWh/trimestre). La même augmentation progressive est appliquée à la consommation de gaz à basse pression puisque les deux premières tranches ne subissent aucun changement de tarifs qui, pour ceux des deux autres, sont augmentés de 24,04% par rapport au prix actuel de la tranche 2. Pour la tranche 3 (entre 2500 et 7500th/trimestre) et de 41,74 % pour la tranche 4 (supérieurs à 7 500 th/trimestre). Ce qui fait que 24% des consommateurs d'électricité basse tension et 43% des consommateurs de gaz basse pression ne sont pas concernés par ces augmentations de tarifs, selon les calculs de la Creg qui souligne, par ailleurs, que près de 54% des petits consommateurs d'électricité et 43% des petits consommateurs de gaz sont concernés par les augmentations de la tranche 3, tandis que 22% des petits consommateurs d'électricité et 14% des petits consommateurs de gaz sont touchés par les relèvements de tarifs de la tranche 4. La Creg explique, par ailleurs, que la première tranche dite «sociale» a été préservée pour les deux énergies, elle a été élargie à la 2e tranche dont les tarifs actuels restent inchangés. Elle explique que ce réajustement vise, d'une part, la préservation des consommateurs à faible consommation (tranches 1 et 2) et, d'autre part, l'incitation des gros consommateurs (tranche 4) à maîtriser leur consommation et à éviter le gaspillage de l'énergie. La Creg fait remarquer, enfin, que ce réajustement tarifaire «permettra juste de réduire le déficit des sociétés de transport et de distribution de l'électricité et du gaz en 2016 sans pour autant rétablir leur équilibre financier durant le même exercice.