Le marché pétrolier a les yeux rivés sur Vienne et les oreilles à l'affût de la moindre information susceptible de donner des indications sur l'issue de la conférence ministérielle de l'Opep qui se tiendra demain à Vienne. Depuis la réunion informelle d'Alger en septembre dernier et l'accord ramenant la production des pays de l'Opep entre 32,5 et 33 millions de barils par jour et d'y associer d'autres grands producteurs non membres du cartel, les prix du baril n'ont cessé de fluctuer au gré des déclarations des uns et des autres mais gardant relativement une certaine stabilité autour d'une cinquantaine de dollars en moyenne. Si à Alger la décision était purement théorique, la rencontre de Vienne devra sceller l'accord pour essayer de booster les cours, mais les dernières heures risquent d'être déterminantes pour l'avenir des prix du pétrole au vu des nombreuses incertitudes qui pèsent sur ces négociations qualifiées d'extrêmement complexes. Depuis Alger, beaucoup de choses ont circulé autour des intentions des pays de l'Opep à respecter ces diminutions et surtout de l'attitude des gros producteurs non affiliés à l'Organisation, la Russie en tête. La décision de Moscou devra jouer un grand rôle dans la stabilisation des prix et résorber la production de brut pour peu qu'elle accepte de réduire sa production de 600.000 barils par jour, mission dont se sont chargés le ministre algérien de l'Energie, Noureddine Boutarfa, et son homologue vénézuélien Eulogio del Pinose attendus hier dans la capitale russe. Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, avait fait savoir auparavant que l'Opep avait proposé à Moscou de réduire sa production de 500.000 barils par jour. Le ministre vénézuélien qui a d'abord fait un crochet par Alger s'est montré optimiste quant à la réussite de la réunion de Vienne. «Il faut que les pays de l'Opep agissent ainsi que les pays non Opep», a-t-il indiqué «pour l'avenir des cours de pétrole mais aussi pour l'économie mondiale». Après Moscou, M. Boutarfa se rendra à Vienne où il aura d'autres entretiens, en particulier avec ses homologues irakien, saoudien et qatari avant la tenue de la conférence. Mais la rencontre de Vienne est également frappée du sceau de l'incertitude à la lumière des dernières déclarations saoudiennes par la voix de son ministre de l'Energie, Khalid Al-Falih, qui a laissé entendre que «les prix vont se stabiliser sans intervention de l'Opep» grâce au retour de la demande en 2017. Les observateurs ont vite fait de faire le lien avec un éventuel échec de la rencontre de Vienne. «Un moyen évident de préparer les marchés à un éventuel échec des négociations», a prédit Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. L'autre inconnue vient de l'Iran qui, à en croire le Financial Times de lundi, aurait reçu de Riyad la proposition de geler sa production à 3,8 millions de barils par jour en échange d'une baisse de 4,5% de sa propre production, d'environ 10,5 millions de barils. Comme ttendu, Téhéran aurait refusé catégoriquement cette offre. D'autres paramètres rentrent aussi en ligne de mire comme le pétrole de schiste américain et la production record de l'Opep en octobre ainsi que celle de la Russie et de la réelle bonne volonté des pays du cartel à se soumettre aux réductions imposées à Vienne qui seraient de l'ordre de 4% à 4,5%, à l'exclusion de la Libye et du Nigeria.