Les derniers chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) font peur et inquiètent. Autant par une hausse continue de l'inflation que par la poursuite de la détérioration du niveau de vie des Algériens, dont le pouvoir d'achat est frappé de plein fouet par les augmentations successives des produits de base. L'inflation en novembre s'est établie à 6,2% en variation annuelle contre 5,2 % en octobre 2016. Les hausses de produits de large consommation, des services dont le transport ou l'habillement et la restauration en 2016 ne sont, cependant, qu'un avant-goût de ce qui attend les Algériens dès le 1er janvier 2017, c'est-à-dire dimanche prochain. La surchauffe des prix au mois de décembre laisse ainsi présager que les augmentations prévues de différentes taxes dès le 1er janvier va en réalité faire exploser les prix des principaux produits alimentaires, qu'ils soient frais ou industriels. Mais, ce n'est pas tout, puisque les hausses de taxes, dont la TVA dans certains segments, vont se répercuter comme une formidable onde de choc à l'ensemble des produits de consommation, de la voiture aux carburants, en passant par les produits électroménagers, l'immobilier ou les pneumatiques. En fait, la loi de finances 2017, votée à la majorité à l'APN et au Conseil de la Nation, est un capharnaüm de taxes, décidées par le ministère des Finances pour équilibrer le budget de l'Etat et éviter un trop grand déficit. Ainsi, le gouvernement a décidé d'augmenter de 2% la TVA qui passera dès le 1er janvier de 17% à 19% pour le taux normal et de 7% à 9% pour le taux réduit. Sur ce nouveau taux vont alors se greffer des hausses en cascades des produits de consommation, les services et les demi-produits industriels. Mais, ce n'est que la face cachée de l'iceberg, puisque le gouvernement a décidé de procéder à une seconde augmentation de la taxe sur les produits pétroliers pour la seconde année consécutive. La taxe sur les produits pétroliers (TPP) va se traduire par une hausse de 1 à 3 DA/litre respectivement pour le gasoil et les trois types d'essences. Ce relèvement de la TPP, en plus de la TVA (19%) va permettre au Trésor d'encaisser une plus-value de 42,49 mds de DA dont 30,36 mds de DA pour la seule TPP et 12,13 mds de DA pour la TVA. Cette hausse sera ajoutée à celle du nouveau barème de la TVA (19%). Dès le 1er janvier, le prix de l'essence normale sera de 33,11 DA/L, l'essence super 36,19 DA/L, l'essence sans plomb 35,78 DA/L et le gasole à 20,63 DA/L. Les prix sont actuellement de 28,45 DA/L pour la normale, 31,42 DA/L pour le super, 31,02 DA/L pour le sans plomb et 18,76 pour le gasole. L'impact fiscal attendu de la TPP est estimé à 30,36 milliards de dinars Dans tous les cas de figure, tous les segments économiques liés à la consommation de carburants vont fatalement augmenter, dont les produits agricoles frais, les viandes et les poissons, les produits industriels. Par ailleurs, deux autres hausses de taxes vont provoquer une surchauffe des prix des produits électroménagers et les pneumatiques, mais également les prix des pièces détachées automobiles. Car la nouvelle Taxe d'efficacité énergétique (TEE), applicable aux produits importés ou fabriqués localement fonctionnant à l'électricité, aux gaz et aux produits pétroliers, va pratiquement chauffer les prix de ces produits. 'Nous ne recevons plus de marchandises'', a déclaré au Quotidien d'Oran un commerçant de la filière des produits électroménagers. 'Il y a cette annonce de la hausse de taxes, et depuis quelques temps, tous nos fournisseurs nous disent qu'ils n'ont pas de marchandises'', ajoute t-il. Pour les initiés, tout le monde attend le 1er janvier pour procéder aux hausses des taxes prévues par la LF2017, dont celle sur les produits électroménagers énergivores. Le drame est que les commerçants et grossistes de cette filière vont appliquer indéfiniment la hausse de cette taxe sur tous leurs produits. Cette taxe permettra au Trésor public d'encaisser pas moins de 10,7 mds DA (9,2 mds DA en TEE et 1,5 mds DA en TVA) sur les produits électroménagers. Et puis, il y a cette nouvelle taxe sur les pneumatiques, qui va encore renchérir autant l'entretien des véhicules que leurs prix. Au show-room d'un concessionnaire de voitures à Blida, une 'commerciale'' a répondu ainsi à notre étonnement de ne pas voir affichés les prix des voitures exposées: 'ils (les prix) sont choquants''. La hausse des prix des voitures varie de 500.000 DA à plus d'un million de DA pour le même modèle entre 2015 et 2016. L'année 2017 sera encore plus effrayante avec le nouveau tour de vis donné aux importations de voitures. Enfin, dans le lot sans fin des hausses des taxes pour l'année prochaine, il y aura les taxes sur l'immobilier et les transactions immobilières, la hausse de la taxe d'habitation, sur les produits tabagiques,... Bref, la loi de finances 2017 aura des effets sévères sur les citoyens. Et contribuera à provoquer une inflation à deux chiffres.