Squattant petit à petit les espaces libres, le commerce informel a fini par réinvestir le centre-ville, d'où il a été complètement chassé il y a quelques mois. Maintenant, les vendeurs informels restent discrets, évitant d'exposer leurs marchandises dans des espaces trop ouverts, pour éviter de se faire prendre facilement, mais aucune partie de la ville, offrant une certaine facilité de prendre la poudre d'escampette lorsqu'il y a descente de police, n'est laissée vide. A l'exemple de la rue du 19-Juin (ex-rue de France), où les marchands informels se sont multipliés d'une façon ahurissante, surtout si l'on tient en considération l'éradication presque totale de ce phénomène il y a quelques mois et l'installation de policiers en permanence dans cette rue commerçante du centre-ville, dissuadant quiconque parmi les marchands informels de s'y installer. D'ailleurs, ce retour en force des commerçants informels a fini par inquiéter les commerçants réguliers, qui ont renoué avec les dépôts de plaintes auprès des autorités locales pour dénoncer le squat des espaces publics par les nombreux vendeurs qui fourmillent à longueur de journée dans la rue, gênant et les déplacements des citoyens et l'activité des commerces installés de part et d'autre de la rue du 19-Juin. Une lettre a été adressée au wali pour solliciter son intervention afin de remédier à ce mal qu'on n'arrive pas à guérir complètement. «Lorsqu'il y a des policiers qui font des rondes permanentes dans la rue, les vendeurs s'éclipsent à travers les nombreux dédales des ruelles de la vieille ville (haute et basse partie) qui donnent accès à cette rue commerçante, mais ils reviennent dès que les policiers ne sont plus là pour les empêcher d'étaler leur marchandise à même le sol, souvent au beau milieu de la rue piétonne», nous dira un commerçant de tissus, qui ne manquera pas d'avouer que si cette situation perdure, les commerçants formels seront dans l'obligation de recourir à la méthode des vendeurs informels, et étaler leur marchandise dans la rue, c'est le seul moyen de survie commerciale. Il y a quelques mois, lorsque les vendeurs informels avaient pignon sur rue, les commerçants réguliers ont été contraints de recruter des jeunes pour aller concurrencer l'informel dans ses carrés de prédilection et vendre, eux aussi, leur marchandise sur le trottoir. C'était un décor de pagaille indescriptible. Retour, donc, à la case départ ? Tout dépendra de l'attitude circonstancielle des autorités.