Un pari émis par les pouvoirs publics : éradiquer le marché informel et permettre aux villes et cités de recouvrer leur aspect initial. Pour ce faire, les tutelles en charge du dossier ont réalisé plusieurs marchés de proximité au profit des commerçants ambulants répertoriés. À vue d'œil, les quais, les trottoirs et les cités sont toujours envahis au quotidien par des négociants dissimulés sous la courbe alarmante du chômage. S'en dégage une passivité détrônant des décisions. Le commerce informel sévit à ciel ouvert. Cartons, plastique, planches, des étals improvisés qui concourent à la pérennisation des ventes informelles, dites à la sauvette, ce qui ne l'est plus. Ni les marchés de proximité encore moins les souks hebdomadaires n'ont pu mettre un terme à une situation des plus enlaidissantes qui a cours dans les cités et les avenues. Tout est permis sans gêne pour étaler la marchandise hétéroclite. Une virée à la rue du 19 Juin (ex-rue de France) illustre le décor de cette anarchie. Malgré les opérations de délocalisation des marchands ambulants, après leur recensement par les services compétents des communes et la direction du commerce, les habitudes de l'illicite ont vraiment la peau dure et précisément en cette rue piétonnière fourmillante à longueur de journée. Incompétence ou largesse ? En dépit des sentences et avertissements des autorités locales à travers les services de la sûreté, les espaces sont toujours occupés par des négociants rendant le quotidien dur pour les propriétaires des magasins, les piétons et les habitants, qui, impuissants, voient souvent leur espace réduit et leurs cages d'escalier se transformer en étalage de textile. «On a respiré un tout petit peu lorsque les tutelles se sont attaquées au commerce informel. Depuis, une baisse de la garde aura permis la récidive comme si de rien n'était», déplore une habitante, qui est contrainte chaque jour à enjamber les trottoirs débordants de marchandises pour rejoindre son domicile. De leur côté, les commerçants exerçant de manière légale dénoncent à longueur de journée ce marasme, qui sanctionne leur exercice. En vain. C'est une concurrence qui ne dit pas son nom et la balle de l'irresponsabilité s'échange entre collectivités locales et tutelle. Les saisies effectuées par la police n'ont pas dissuadé les exploitants à quitter ce lieu qui a «pignon sur rue». En fin de journée, ce sont des amoncellements de déchets de toute nature qui jonchent le sol, laissant la rue et ses ramifications pour le moins insalubres. «On se demande ce que font les responsables locaux pour venir à bout de ce phénomène qui dénature la cité. Constantine est plongée dans une ambiance de saleté et d'anarchie en plein centre-ville. Comment peut-on dire d'elle que c'est la capitale de l'Est et se targuer de fantaisies démesurées ?», s'insurge un habitant qui se dit assommé par cette atmosphère intolérable, interpellant par la même occasion les gestionnaires à sillonner la rue du 19 Juin et ses coins pour en avoir une idée : l'informel bat son plein, impénitent. L'Etat aura déboursé beaucoup d'argent pour offrir un climat sain à l'activité commerciale loin de toute concurrence déloyale et surtout pour assainir les cités et quartiers souffrant de la présence quotidienne des détaillants squattant le moindre mètre carré pour en tirer profit. Et voilà que le phénomène perdure et altère cette volonté d'éradiquer cette activité informelle qui cause beaucoup de désagréments vis-à-vis du cadre de vie du citoyen lambda. L'alibi de la courbe de chômage en hausse sous laquelle se dissimule l'informel, faute d'une stratégie fiable pour mettre fin à ce fléau persistera tant que les pouvoirs publics ferment l'œil au lieu de maintenir le cap, comme consigné il y a deux ans par la tutelle, de lutter sans relâche contre le phénomène. À vrai dire, la responsabilité semble être partagée. Certains vendeurs recensés et transférés en des espaces dits plus appropriés (locaux des polygones à titre d'exemple) ont été surpris par l'absence d'un aménagement aux normes, ce qui les a dissuadés d'y rester et incités à revenir à leur vieille habitude. C'est à dire l'informel. Les travaux d'aménagements des marchés de proximité ne répondent pas aux normes. C'est un constat unanime qui met en cause les entreprises ayant eu en charge les divers projets. La rue du 19 Juin n'est qu'un exemple parmi d'autres cités : Daksi, Emir Abdelkader, les entrées de tunnel au centre de la ville... Le malaise s'est élargi à Belouizdad (ex- Saint Jean) et Ben M'hidi, sous les arcades. Des étalages emplissent le paysage d'une ville en quête de son image de marque. En parallèle, une autre catégorie de commerces, formels ceux-là, situés notamment au niveau des nouvelles cités, mais poussant les limites de leur espace, occupent illégalement les trottoirs. Les installations en porte-à-faux enfreignent la réglementation. Pour exposer la marchandise à la vue des passants, tout est permis ! Plus éloquent encore, il existe des boutiques qui se sont agrandies en accaparant en partie les cages d'escalier, les caves et les aires de sécurité dans quelques édifices. Ceci en l'absence des responsables qui semblent laisser faire. Actuellement, Constantine vit au rythme de ses chantiers, nombreux au centre-ville, en perspective du 15 avril 2015. Les échafaudages s'entremêlent avec le commerce informel, alors que les pouvoirs publics gèrent délicatement ce phénomène. Mais, de l'avis de quelques cadres, cette situation est appelée à disparaître dans peu de temps. La wilaya qui a tant dépensé aura un nouveau visage dès 2015, et l'anarchie de l'informel ne devra pas entacher une vitrine flambant neuf à ce moment-là. Selon la maquette de la réhabilitation de la cité du 19 Juin, des bancs publics seront installés sur certains espaces. Ces derniers pourront-ils refouler la furia commerciale déstructurée en refoulant les vendeurs ? N. H.