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Cacophonie à la FAF: Vers la mise en place d'un comité provisoire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 03 - 2017

A la FAF, on se dirige vers la mise en place d'un comité provisoire compte tenu de l'impasse dans laquelle elle a été engagée suite à la cacophonie qui a marqué l'opération de dépôt de candidatures. Une situation qui rappelle la période des années 1990 lorsque cette structure était gérée par des commissions ou comités provisoires. Ce qui se passe actuellement à la FAF, avec les injonctions du ministère de la Jeunesse et des Sports, est de mauvais augure pour la fédération et le football algériens, dans la mesure où les différentes parties qui interviennent dans cette cacophonie sont motivés par leurs propres et étroits intérêts ne se souciant nullement de l'intérêt suprême du football national. Certaines parties ont menacé de recourir à la FIFA, ce qui complique davantage la situation de la FAF.
La candidature de Zetchi refusée par les présidents de clubs
C'est la candidature du président du Paradou AC, Kheiredine Zetchi, qui a provoqué tous ces remous. Plusieurs présidents de club avaient qualifié Zetchi de «candidat du Pouvoir», d'où la levée de boucliers de la part de certains présidents de clubs et des Ligues. La commission de candidature de la FAF que préside Ali Baâmeur a fait le reste en chamboulant le calendrier du processus électoral, précédemment arrêté et approuvé par les membres de l'AG ordinaire de la FAF. Dans les coulisses de la préparation des élections de la FAF, le jeu malsain de plusieurs parties influentes aura fini par éclabousser le processus électoral devant aboutir à l'élection du futur président de la fédération. Les calculs des uns et des autres étaient basés sur des intérêts purement personnels. Le retrait inexpliqué de la candidature de Yacine Benhamza pour permettre à Zetchi d'être candidat unique à la présidence de la FAF a déclenché cette crise. Selon des présidents de club, Benhamza était le candidat de Raouraoua, alors que Zetchi représentait les pouvoirs publics, c'est-à-dire le ministère de la Jeunesse et des Sports. C'est Raouraoua en personne qui aurait demandé à Benhamza de retirer sa candidature sans lui donner d'autres explications, ont révélé plusieurs présidents de clubs. Ces derniers ont estimé qu'il y avait «trahison», se considérant qu'ils ont été pris au dépourvu et n'ont pas eu assez de temps de présenter leur propre candidat. C'est à partir de là qu'ont commencé les pressions exercées sur la commission de candidature dont les membres sont beaucoup plus proches de Raouraoua et des présidents de clubs et des Ligues que de Zetchi et du ministère de la Jeunesse et des Sports. Afin d'empêcher Zetchi d'être candidat unique, la commission de candidature avait décidé, dans la journée de lundi, de reporter l'AG élective de la FAF au 27 avril alors qu'elle était initialement prévue pour le 20 mars. La commission a agi sous la pression des présidents de club et des proches de Raouraoua qui voyaient d'un mauvais œil la candidature de Zetchi. En tant que candidat unique, ce dernier allait être élu même avec les 13 voix de son propre bureau, la majorité n'étant pas exigée. C'est ainsi que la commission de candidature a décidé de reporter l'AGE avant que le ministère de la Jeunesse et des Sports ne s'ingère pour exiger, lundi après-midi, le maintien de la date initiale, à savoir le 20 mars. Une cacophonie s'en est suivie et dans la foulée, on annonce la démission du secrétaire général de la FAF, ainsi que la menace proférée par des membres de la commission de candidature de démissionner. Le MJS s'est alors mis à s'occuper de la FAF puisque Zetchi puis les membres de la commission de candidatures ont été reçus par le ministre en personne, El Hadi Ould Ali. Pendant ce temps, le président de la commission de candidatures, Ali Baâmeur est resté injoignable et n'a pas daigné répondre aux appels téléphoniques du MJS. Alors que le MJS persiste pour maintenir l'AGE de la FAF le 20 mars avec un candidat unique, des présidents de clubs et des Ligues ainsi que la commission des candidatures plaident pour le report de la AG.
Des présidents de clubs ont annoncé leurs candidatures, à l'exemple de Abdelkrim Medouar de l'ASO Chlef, ou encore Mohamed Laib de l'USM El Harrach voire Abdelhakim Serrar qui a été mandaté à la dernière minute par le président de l'ES Sétif, Hacene Hammar qui est… membre de la commission de candidatures et président de la commission de recours !
De son côté, Mahfoud Kerbadj qui est le directeur général de l'imprimerie officielle, attend le feu vert des autorités pour se porter candidat. Il espère être le candidat du consensus, proche du clan Raouraoua, des présidents de clubs et du Pouvoir.
Un seul enjeu : l'argent de la FAF
En ce sens, un front contre le MJS et le candidat Zetchi a été constitué par des présidents de clubs qui s'oppose à tout changement à la FAF et à l'ordre établi depuis plusieurs années par le président sortant, Mohamed Raouraoua.
Ce dernier a tissé une sorte de toile d'araignée de manière à mettre en place un réseau de relations basées sur des intérêts matériels entre tous les membres de l'AG de la FAF. Cela explique leur entêtement à ne rien lâcher !
Il faut reconnaître aussi que Zetchi est allé vite en besogne. Dans ses déclarations, il se comportait déjà comme président et avait annoncé des mesures ayant provoqué un véritable séisme chez les présidents de club. Quand Zetchi parle de la réactivation de la Direction national de contrôle et de gestion des clubs (DNCG), il aura directement menacé les présidents de club de les soumettre à des audits. Or, l'ancien président de la LNF, Mohamed Mecherara qui est un expert comptable, a été contraint de déguerpir de la FAF car il avait osé parler de l'installation de la DNCG pour contrôler la gestion des clubs. Zetchi, qui représente la nouvelle génération de dirigeants, c'est-à-dire des managers qui comptent sur leurs propres fonds et compétences, ne se limite pas aux aides financières de l'Etat. En ce sens, le Paradou AC, créé par les frères Zetchi en 1994, est un club qui demeure un exemple en matière de professionnalisme et de gestion saine qui se passe des subventions de l'Etat.
En ce sens, ces présidents de club sont prêts à brûler la FAF, pour ainsi dire, afin de préserver leurs intérêts et surtout maintenir la situation de flou qui marque actuellement la gestion des clubs et de la fédération. Il faut préciser que la FAF c'est 240 milliards de centimes du sponsor majeur Mobilis, sans compter l'argent qui provient des autres sponsors et de la FIFA.
La FAF a déposé 400 milliards de centimes dans l'opération de l'emprunt obligataire, ce qui devrait lui rapporter des intérêts à hauteur de 30 milliards par an. C'est dire qu'il sera difficile pour ceux qui ont bénéficié de cet argent durant plusieurs années, de lâcher aussi facilement qu'on le pense. Ils sont prêts à tout pour préserver leurs intérêts, maintenir une gestion opaque et surtout éviter les audits. Le perdant demeure le football national.


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