De Hangzhou en Chine, les dirigeants des 20 pays les plus puissants de la planète avaient réitéré leur opposition au protectionnisme, s'engageant à reculer sur leurs mesures en ce sens jusqu'à la fin de 2018 et à faire la promotion du commerce et de l'ouverture des marchés au sein de leur population. A l'issue d'un sommet du G20 avec au menu, et entre autres, les craintes d'un regain mondial de protectionnisme, les pays membres avaient clairement annoncé la couleur en dénonçant une attitude alimentée par la peur des classes moyennes qui voient dans les mouvements protectionnistes un rempart contre la mondialisation. Face à la chute drastique des recettes des hydrocarbures induite par la dégringolade des prix du baril de pétrole, l'Algérie n'a pas trouvé d'autres solutions que de blacklister entre 1.700 à 2.000 produits interdits d'importation pour lutter contre l'érosion de ses réserves de change. Si les chiffres concernant ce matelas financier sont devenus un véritable enjeu politique entre prévisions alarmistes de la Banque mondiale et projections optimistes et rassurantes de Sellal, promettant que ces réserves ne passeraient pas sous la barre des 100 milliards d'ici à 2019, il n'en demeure pas moins que le gouvernement se voit dans l'obligation d'arrêter l'hémorragie des dépenses en actionnant sur l'interrupteur le plus près, celui des importations. La décision du ministère du Commerce de suspendre toutes les importations des produits finis fera certainement réagir les partenaires économiques. La preuve est cette précision du département de Tebboune, distribuant les assurances pour le respect des engagements contractuels de l'Algérie, à commencer par ses accords avec l'Union européenne. Où s'inscrit l'Algérie de ces mises en garde du G20 ? Avant tout, il faut savoir que le protectionnisme, et selon la définition la plus en vogue, est une politique économique interventionniste menée par un Etat ou un groupe d'Etats, consistant à protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs étrangers. Son but premier est donc le rétablissement d'une balance commerciale à l'équilibre comme ses objectifs peuvent être la diminution du déficit commercial, le maintien de l'emploi dans certains secteurs d'activité ou la défense du niveau de vie. Ses mesures consistent essentiellement à freiner les importations (barrières douanières, normes contraignantes, difficultés bureaucratiques...), encourager les exportations (subventions diverses, incitations fiscales, dévaluation, dumping), privilégier les entreprises nationales dans les projets structurants ou empêcher les investisseurs étrangers de prendre le contrôle d'entreprises nationales. A partir de cette définition, on convient que les mesures prises par l'Algérie sont loin de répondre à cet état d'esprit d'un protectionnisme pur et dur. Est-ce la bonne solution pour autant ? L'insistance du gouvernement à rassurer les Algériens sur la disponibilité des produits de première nécessité et surtout l'absence de pénurie devra connaître sa première vérité fin mai avec le début du Ramadhan.