Les récentes déclarations du vice-président de l'Association des concessionnaires automobiles et également P-DG de Sovac, représentant du groupe allemand Volkswagen en Algérie, faites mercredi 11 avril en cours sur la Chaîne III, n'en finissent pas de faire des remous dans le créneau tant convoité de la pièce de rechange. Cette sortie médiatique de l'ex-patron des concessionnaires est perçue par les agents exclusifs et autres importateurs des équipementiers automobiles comme une «déclaration de guerre». Les agents exclusifs des équipementiers automobiles ont d'ores et déjà mobilisé les troupes pour défendre, selon leurs propos, leurs intérêts menacés par les convoitises. Une «guerre de tranchées» entre de puissants lobbies s'annonce. Les démarches pour la création d'une association nationale qui sera en fait un syndicat professionnel pour la défense des intérêts des opérateurs économiques de ce secteur, sont en bonne voie. «Cette déclaration de guerre ne sera pas sans conséquences. Les concessionnaires réclament, en guise de dédommagement ou de compensation de la réduction des quotas d'importation des véhicules, un monopole sur l'importation des pièces de rechange automobiles. Il faut préciser que les pièces de rechange ne sont pas fabriquées par les constructeurs automobiles mais par des équipementiers mondiaux comme Valio, Monroe, Bosch et nous sommes leurs représentants exclusifs en Algérie. Il est inconcevable d'empêcher un équipementier de vendre ses produits en Algérie. Un tel scénario peut provoquer des réactions en chaîne non seulement ici mais aussi à l'étranger», avertit cet agent exclusif des équipementiers de pièces de rechange pour poids lourds. Il confie que ces fournisseurs soutenus par leurs gouvernements sont prêts à mettre la pression pour préserver leurs intérêts et leurs parts de marchés. «Nous importons la pièce de rechange de première monte, c'est-à-dire une pièce d'origine identique à celle qui équipait le véhicule à sa sortie d'usine. Les pièces de rechange importées sont conformes aux normes internationales TUV et ISO et nous travaillons en étroite collaboration avec les services de contrôle et de répression des fraudes des frontières pour lutter contre l'importation des pièces de rechange contrefaites. Il faut toutefois préciser que les défaillances techniques occasionnées aux véhicules ne sont pas uniquement causées par des pièces contrefaites, mais il y a d'autres facteurs et en particulier le manque de qualification des mécaniciens et techniciens de maintenance, l'état de dégradation de nos routes et la vétusté avancée des anciennes voitures qui circulent encore», précise notre interlocuteur. Il ajoute que le marché algérien de la pièce de rechange a ses «spécificités» et seuls les connaisseurs et les vrais professionnels peuvent maintenir l'approvisionnement de ce marché. «Certains agents exclusifs activent depuis trois générations dans ce créneau. Ils disposent d'une grande expérience pour satisfaire les besoins réels du marché. Il y a des anciennes voitures des années 80 et 90 qui roulent sur nos routes, ce qui nécessite l'importation de pièces adaptables. Si les vrais professionnels de ce secteur sont exclus, une bonne partie du parc automobile national sera immobilisée. Est-ce que vous pouvez trouver une pompe à essence ou des plaquettes de freins d'une Golf série 3 dans les show-rooms ? Bien sûr que non ! Nous sommes pour l'organisation de ce secteur pour lutter contre la fraude, mais cette lutte ne doit pas être un prétexte fallacieux pour imposer un monopole et s'accaparer le marché», soutient notre source. Concernant la réduction de la facture des importations des pièces de rechange, la tâche s'annonce ardue vu que les besoins en pièces détachées sont en constante hausse. L'Algérie a importé depuis début 2000 près de six millions de véhicules et dont une bonne partie à déjà plus de cinq ans. Et avec la réduction des quotas d'importation et la hausse soutenue des prix des véhicules neufs et d'occasion, la quasi-totalité des automobilistes ne pourront aucunement remplacer leurs anciennes voitures et se contenteront d'entretenir du mieux possible leurs véhicules. Les importations des pièces de rechange devront ainsi progresser dans les années à venir et atteindront des records de consommation. Cependant avec les restrictions imposées par le gouvernement qui veut coûte que coûte réduire la facture des importations, les automobilistes doivent désormais s'attendre à des pénuries et un renchérissement des prix des pièces de rechange.