Maigre. Le taux de hausse de la retraite en 2106 a été en deçà des espérances des plus de 2,8 millions de retraités, dont plus de la moitié ne perçoivent pas plus que le SNMG (18.000 DA). Pour 2017, dans le sillage de la nouvelle loi sur les retraites qui a chamboulé certains paramètres de jouissance dont l'âge légal de départ et provoqué la contestation des syndicats de l'Education nationale, le ministre du Travail Mohamed El-Ghazi a annoncé dimanche à Mostaganem une revalorisation des pensions. «Le gouvernement annoncera le 1er mai prochain une hausse des pensions de retraite». Il a rappelé une majoration annuelle des pensions de retraite. La déclaration du ministre du Travail, qui a ferraillé dur pour faire passer sa loi sur la retraite, intervient à moins de deux semaines des législatives du 4 mai prochain. Marketing politique pour inciter les retraités à aller voter, à un moment où la hausse du coût de la vie est mal vécue par les Algériens ? En fait, la hausse des pensions de retraite intervient chaque année et est négociée entre le gouvernement, le patronat et l'UGTA au sein de la tripartite. Cette année, avec la détérioration des finances publiques sur le sillage de la baisse des recettes pétrolières, la tripartite n'a pas vraiment discuté de ce dossier. En 2014, dernière année de l'embellie des prix pétroliers (100 dollars/baril), la hausse des pensions de retraite a été de 12%, puis de 2% en 2015 et 2,5% en 2016 et versée en retard, au mois de juillet. C'est dire les difficultés financières de la Caisse nationale de retraite (CNR) qui accuse de sérieux déficits. Actuellement, quelque 2.880.180 dossiers de retraite sont gérés par la CNR. A fin 2016, près de 200.000 nouveaux retraités ont été pris en charge par la Caisse, qui gère 2.016.817 retraites normales (âge 60 ans), 594.247 retraites proportionnelles, 261.717 retraites sans conditions d'âge, 507 retraites anticipées et 6.892 retraites servies à l'étranger. Les dépenses mensuelles de la CNR étaient en hausse de 18% en 2016, à 86 milliards de dinars. Pour 2017, la Caisse prévoit des dépenses de 1.000 milliards de dinars. La dépense mensuelle de la CNR est passée de 73 milliards de dinars en janvier 2015 à près de 85,7 milliards de dinars en mai 2016, selon une source proche de la CNR. Dès lors, l'annonce du ministre du Travail d'une autre hausse de la pension de retraite, revalorisée annuellement du reste, ne devrait avoir qu'un effet médiatique. Avec plus de 2,9 millions de retraités et la hausse des déficits de la CNR, le gouvernement devrait racler les fonds de caisse pour honorer cette promesse, même si dans les milieux spécialisés on estime que cette revalorisation ne devrait pas dépasser les 2 ou 2,5%, comme cela est appliqué depuis 2015, pour ne pas trop perturber les équilibres financiers de la CNR. Mais, sur le plan social, le gouvernement compte en fait engranger des dividendes qui devraient prendre la forme d'une participation 'honorable'' au prochain scrutin, car cette hausse de la pension de retraite est devenue mécanique, car chaque année elle est revue à la hausse. Reste à en déterminer le taux, selon l'état des finances de la CNR. Des syndicalistes et experts des Caisses de sécurité sociale ont indiqué au début du mois que la CNR devrait enregistrer en 2017 un déficit de 300 milliards de DA. C'est énorme ! Selon Nouredine Bouderba, un ancien membre du Conseil d'administration de la CNAS et ancien dirigeant syndical de la fédération des pétroliers (UGTA), «le déséquilibre du système de retraite n'est ni structurel ni lié à l'âge de départ, ni au niveau des pensions contrairement à ce qu'affirment les responsables de la Caisse ou le ministère du Travail». «Le déficit n'est pas dû non plus à la retraite proportionnelle et encore moins à la retraite sans condition d'âge. Les causes réelles se trouvent au niveau du faible emploi, du poids important de l'emploi informel, de l'évasion fiscale, des importantes exonérations et abattements accordés aux entreprises qui viennent se greffer aux sous-déclarations des salaires», a-t-il précisé dans des déclarations à la presse. Fin octobre dernier, c'est le Premier ministre en personne qui avait affirmé que «l'Etat ne comblera plus le déficit financier de la Caisse nationale des retraites (CNR). Désormais, la caisse devra compter sur les cotisations». Selon lui, «le projet de loi sur la retraire contribuera à rééquilibrer les finances de la CNR. Un retour la normale». La loi sur la retraite a été adoptée fin 2016 par les deux chambres du Parlement et publiée au Journal officiel N78 correspondant au 31 décembre 2016 et au 1er Rabi Ethani 1438. Elle met fin à certains régimes de retraite, comme la retraite proportionnelle et anticipée, défendues par les syndicats de l'Education nationale. La même loi revient à la retraite à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes et offre la possibilité pour les cadres de 'rempiler'' pour une durée maximum de cinq ans. L'article 48 bis de cette loi détermine, mais de manière vague, le financement de la CNR. Cet article stipule en effet que «le financement des dépenses de retraite prévu à l'article 48 ci-dessus, peut être augmenté par des sources additionnelles conformément à la législation en vigueur». D'ici au 1er mai prochain, fête des travailleurs, le gouvernement aura tranché sur le taux de la revalorisation, qui ne devrait pas dépasser les 3%, de la pension des plus de 2,8 millions de retraités.